POLEMIQUE SUR LA METAPHYSIQUE / Fantaisies militaires ou du mensonge idéaliste
Fantaisies militaires ou comment le mensonge idéaliste naît de la confusion entretenu entre vérité et idée
"Platon me semble avoir aimé cette forme de philosopher par dialogues à escient, pour loger décemment en diverses bouches la diversité
et variation de ses propres fantaisies"
Oser dire que Platon avait un double rapport à la vérité et que lorsqu'il prescrivait il se faisait menteur, sera de suite critiqué
comme argument sophiste (chez B. Cassin, chez J. Rancière, etc...). Pourtant "Platon traite ce mystère d'un jeu assez découvert. Car, où il écrit selon soi, il ne prescrit rien assurément. Quand
il fait le législateur, il emprunte un style régentant et affirmatif, et pourtant y mêle hardiment les plus fantastiques de ses inventions, autant utile à persuader le commun que ridicules à
persuader à soi-même, sachant combien nous sommes propres à recevoir toutes impressions et surtout les plus farouches et les plus énormes". Plus un mensonge pédagogique (pléonasme) est énorme
mieux il passe. "Il dit détroussément en sa République que, pour le profit des hommes, il est souvent besoin de les piper [tel un arracheur de dents]. Il est aisé distinguer l'une des sectes pour
avoir suivi la vérité et les autres l'utilité, par où celles-ci ont gagné en crédit." Rappelons que de Platon naquirent dix sectes diverses, dit-on. Aussi au gré de Montaigne jamais instruction
ne fut titubante et n'affirmant rien si la sienne ne l'est.
petite illustration de Montaigne pour finir : "Pythagore adombra la vérité de plus près, jugeant que la connaissance de cette cause
première et être des êtres devait être indéfinie, sans prescription, sans déclaration [ni forçage] ; que ce n'était que l'extrême effort de notre imagination vers la perfection, chacun en
amplifiant l'idée selon sa capacité."