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La Philosophie à Paris

FEMINISME / Eugénie Niboyet

Eugénie Niboyet (1796–1883) incarne l’une des premières figures d’un féminisme à la fois intellectuel, social et profondément engagé dans les révolutions du XIXe siècle. Écrivaine, journaliste, militante politique, elle fait entendre la voix des femmes dans un siècle marqué par les bouleversements démocratiques et les résistances conservatrices. Elle obtient en 1838 un brevet pour une encre indélébile, témoignage de sa curiosité scientifique et de son indépendance.

Née dans un milieu réformiste et républicain, Niboyet est influencée par les idéaux du saint-simonisme, puis du fouriérisme, deux courants socialistes utopiques qui prônent l’émancipation des individus et la transformation des structures sociales. Elle adopte très tôt une vision égalitaire des sexes, considérant que l’émancipation des femmes est une condition de la justice sociale et milite pour un féminisme républicain, tourné vers l’éducation, le travail, la parole publique et les droits civiques. Son parcours témoigne donc d’un engagement idéologique nourri par les utopies sociales les plus audacieuses de son temps.

Eugénie Niboyet est à l’origine ou collaboratrice de plus d’une dizaine de journaux, parmi lesquels La Voix des femmes (1848), véritable organe de presse des femmes révolutionnaires, où elle mobilise des plumes comme Jeanne Deroin ou Désirée Gay, mais aussi Le Journal pour toutes (1864), tourné vers un féminisme pédagogique et populaire, qui propose réflexions, récits et revendications accessibles. Son engagement journalistique vise à structurer une parole publique féminine, non cantonnée à la sphère privée de la domesticité.

Lors des événements de 1848, Eugénie Niboyet se révèle comme porte-parole des “femmes de 1848” et crée un club de femmes, la Société de la Voix des Femmes, où se discutent droits civils, réforme du mariage, éducation, droit au vote. Elle milite pour le suffrage universel intégral, contestant l’exclusion des femmes dans les projets démocratiques masculins. Elle revendique le droit des femmes à participer aux révolutions en citoyennes, et non en spectatrices ou victimes. Ce moment historique devient pour elle une tribune politique capitale.

Eugénie Niboyet ne limite jamais son militantisme à une seule cause et défend l’éducation féminine, convaincue que l’instruction est le socle de toute émancipation. Elle milite aussi pour le droit de vote, la réforme des lois pénales, l’abolition de la peine de mort et de l’esclavage. Eugénie Niboyet est une bâtisseuse de tribunes, une théoricienne du suffrage, et une militante des droits humains. En liant les combats des femmes à ceux des opprimés, elle fonde un féminisme de solidarité, lucide et puissant. Une figure à réhabiliter dans la mémoire des luttes citoyennes.

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