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La Philosophie à Paris

FEMINISME / Désirée Gay

Désirée Gay
(1810–1891)

Désirée Gay (1810–1891), née Véret, est une des premières militantes féministes issues du monde ouvrier. Autodidacte, engagée, radicale dans sa pensée, elle incarne un féminisme populaire qui mêle critique sociale, internationalisme et lutte pour l’émancipation concrète des femmes par le travail et la parole publique.

Issue d’une famille ouvrière, Désirée Véret exerce les métiers de couturière puis d’éducatrice de jeunes enfants. Très tôt confrontée aux réalités de la précarité féminine, elle entre dans le mouvement saint-simonien, alors porteur d’un discours progressiste sur l’égalité entre les sexes.

En 1832, elle contribue au journal La Femme libre, premier journal féministe ouvrier intitulé « journal des prolétaires saint-simoniennes ». Elle y revendique l’autonomie des femmes dans la sphère économique et morale, dénonçant leur invisibilisation. Sa plume est l’une des premières à articuler une pensée féministe depuis la classe ouvrière, rompant avec les discours bourgeois de l’époque.

De saint-simonienne à fouriériste. Après ses débuts dans le saint-simonisme, Désirée devient fouriériste, séduite par la pensée d’un socialisme utopique fondé sur la liberté individuelle et la réorganisation du travail. Elle voyage en Angleterre, où elle rencontre Anna Wheeler, grande voix féministe irlandaise. 

Elle épouse Jules Gay, disciple de Robert Owen, un des fondateurs du socialisme coopératif, renforçant ainsi son ancrage dans les milieux utopistes européens. Cette période façonne son univers intellectuel : le féminisme de Désirée Gay sera internationaliste, pragmatique et anticapitaliste.

En 1848, année de révolutions sociales en Europe, elle s’affirme comme militante d’avant-garde. Elle réclame l’organisation du travail féminin, dénonçant la tutelle masculine qui régit et contrôle le travail des femmes. Elle dirige La Politique des femmes, journal dans lequel elle défend un point de vue spécifiquement féminin sous le « vaste étendard du socialisme ». Elle associe alors la question du suffrage à celle du travail, en affirmant que sans autonomie économique, il ne peut y avoir d’autonomie politique.

En 1866, elle est élue présidente de la section des femmes de la Première Internationale, rare reconnaissance formelle dans une structure largement dominée par les hommes. Elle milite pour un féminisme syndical et social, refusant les discours paternalistes qui minimisent les revendications féminines. À la fin de sa vie, elle correspond avec Victor Considérant, figure fouriériste, exprimant sa fidélité aux idéaux d’émancipation du peuple et des femmes.

Sa pensée reste fidèle à une vision égalitaire de la société, où la libération des femmes est inséparable de celle des classes populaires. Désirée Gay est une figure pionnière qui lie féminisme et socialisme dans une logique de transformation sociale globale. Elle démontre, bien avant les grands mouvements du XXe siècle, que la liberté des femmes ne peut se construire sans justice économique, reconnaissance politique et solidarité internationale. Une voix radicale et trop souvent oubliée.

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