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La Philosophie à Paris

FEMINISME / Paule Mink

Paule Mink
(1839–1901)

Paule Mink (1839–1901) fut une oratrice flamboyante, une activiste radicale et une intellectuelle engagée. Issue d’une famille aristocratique polonaise saint-simonienne, elle transforme ses origines en force politique, mobilisant son savoir et sa verve au service des ouvrières, des peuples colonisés et des femmes opprimées.

Elle élabore une organisation féministe mutualiste pour les ouvrières. Dès ses premières années militantes, Mink fonde la Société fraternelle de l’ouvrière, une organisation féministe et mutualiste visant à créer des solidarités économiques entre femmes travailleuses, défendre les droits civiques et politiques des femmes, en rupture avec le paternalisme dominant, promouvoir une pensée autonome du féminisme, articulée aux réalités ouvrières. Son féminisme est structurant car il veut organiser, fédérer, instruire et non simplement contester.

Elle fut une combattante physique et politique durant la Commune de Paris. Dès avant, en 1870, Paule Mink prend part à la lutte contre les Prussiens à Auxerre, montrant que son engagement dépasse les sphères intellectuelles. Durant la Commune de Paris de 1871, elle est une figure active du soulèvement, aux côtés des insurgés et anime des cercles de femmes, participe aux débats, soutient l’armement des citoyennes et l'organisation populaire. La Commune devient pour Mink un laboratoire d’émancipation féminine et de démocratie radicale où la parole s'échange.

Paule Mink poursuit son combat à travers le journalisme, notamment dans Le Coup de feu, où elle déploie un verbe incisif. Elle dénonce l’asservissement des femmes dans le mariage, qu’elle considère comme une forme légalisée d’exploitation et alerte sur l’oppression des Algériennes, critiquant les effets conjoints du colonialisme et du patriarcat.

Ses textes embrassent aussi une vision internationaliste et anticoloniale du féminisme, rare pour son époque. Politique jusqu’au bout des phrases, Mink formule des critiques mordantes sur les institutions et en octobre 1885, elle recommande aux femmes d’éviter “la boue plus ou moins gluante” du Parlement, considérée comme terrain de compromission. Elle préfère les luttes directes, les associations autonomes et les alliances avec les mouvements ouvriers. Son antiformalisme rappelle l’approche anarchiste de figures comme Louise Michel, bien qu'elle soit proche du blanquisme, plus insurrectionnel. Elle prône un féminisme de la rue, du peuple, du réel — loin des salons et des calculs électoraux.

Mink milite au sein du Parti ouvrier français, réaffirmant que le féminisme ne peut ignorer les luttes économiques : “Le peuple et la femme doivent être libres l’un par l’autre.” Cette formule cristallise sa pensée : il n'y aura pas de libération des femmes sans transformation sociale, et réciproquement. Elle appelle les femmes à soutenir les travailleurs, à organiser leur défense, à lutter ensemble contre la violence du capital et les barrières du genre. Paule Mink incarne un féminisme insurrectionnel, intellectuel et profondément humain. Elle nous rappelle que la liberté ne s’obtient pas par délégation, mais par engagement — que le verbe peut être aussi tranchant qu’une barricade. Une voix à faire revivre, pour penser ensemble un féminisme social et populaire.

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