FEMINISME / Olympe de Gouges

Olympe de Gouges

Née Marie Gouze en 1748 à Montauban, Olympe de Gouges fut romancière, dramaturge, essayiste et activiste politique. En pleine Révolution française, elle élève sa plume contre les injustices sociales, l'esclavage colonial et l'exclusion des femmes du contrat républicain. Sa pensée, d'une clarté saisissante, anticipe les grands combats féministes du XXe siècle en plaçant la citoyenneté au cœur de l’émancipation.

Avant même la Révolution, Olympe de Gouges se fait remarquer par ses pièces de théâtre et ses pamphlets. Elle dénonce l'esclavage des Noirs, notamment dans sa pièce Zamore et Mirza (1784), geste rare à l’époque. Elle s'élève contre les injustices sociales, notamment celles frappant les femmes, les enfants pauvres et les classes populaires. Elle affirme que la liberté, la justice et la dignité doivent s'étendre à tous, sans distinction de sexe ou de race. Son humanisme radical choque les élites conservatrices, mais ouvre un nouveau champ de réflexion politique.

Olympe de Gouges compose en 1791 son texte le plus célèbre la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle reprend la structure de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, en la corrigeant par inclusion féminine. Elle proclame : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. » Elle revendique l'égalité juridique, l'accès à la vie politique, et le suffrage universel pour les femmes. Elle critique les contradictions du républicanisme, qui se veut universel mais exclut la moitié de l’humanité. Ce manifeste marque l’acte fondateur du féminisme politique moderne en France.

Dans ses textes politiques et sociaux, Olympe de Gouges défie les institutions. Elle critique les mariages arrangés, les lois patriarcales et le rôle subalterne des femmes. Elle propose des réformes éducatives et juridiques pour favoriser l’autonomie des citoyennes. Elle se présente comme femme de lettres et femme politique, refusant toute soumission intellectuelle. Son audace lui vaut une mise à l'écart des cercles révolutionnaires, puis l’hostilité croissante des Montagnards.

En pleine Terreur, Olympe de Gouges est arrêtée pour avoir critiqué le gouvernement révolutionnaire : Elle est jugée et exécutée le 3 novembre 1793, guillotinée pour ses écrits et sa liberté de pensée. Son procès devient symbole de la répression politique contre les femmes qui pensent et contestent. Elle laisse derrière elle une œuvre marquée par la lucidité, la révolte, et une foi profonde dans la raison républicaine et l’égalité. Olympe de Gouges fut bien plus qu'une pionnière : elle fut une architecte de la liberté féminine. Sa parole, restée longtemps marginalisée, résonne aujourd'hui comme un cri de justice et de lucidité. Redécouvrir ses textes, c’est renouer avec les racines du féminisme démocratique.