5 Juillet 2025
Eugénie Avril de Sainte-Croix (1855–1939) est une journalisme, abolitionnisme et féminisme universel, elle incarne une figure singulière du féminisme républicain français : journaliste polyglotte, militante inlassable, libre penseuse, elle a navigué entre les sphères intellectuelles et militantes avec une constance remarquable. Son combat, centré sur la justice sociale et l’émancipation féminine, embrasse les dimensions politiques, économiques et morales de la condition des femmes.
Dès ses débuts, Sainte-Croix, qui signe ses premiers articles sous le pseudonyme « Savioz », s’investit dans une approche résolument sociale du journalisme. Elle enquête sur les conditions de vie des prostituées, dénonçant leur marginalisation et les abus institutionnels. Elle s’intéresse aux réalités des femmes incarcérées et ouvrières, donnant voix à celles que la société préfère taire. Son slogan « À travail égal, salaire égal » fait d’elle une des premières à revendiquer l’égalité salariale en France. Son écriture est précise, engagée, et toujours portée par une volonté de réforme.
Féministe sans compromis, Eugénie de Sainte-Croix s’oppose fermement à la réglementation de la prostitution. Elle rejoint les rangs du mouvement abolitionniste qui prône la suppression des lois encadrant le travail sexuel, qu’elle considère comme discriminantes et moralement injustifiables. Libre penseuse et franc-maçonne, elle défend un féminisme universaliste, laïc et rationaliste. Elle milite pour l'autonomie morale des femmes face aux institutions religieuses et étatiques. Elle participe activement à la commission du travail féminin, puis à la section féminine du Musée social, espaces de réflexion sur les politiques publiques. Sa pensée combine rigueur intellectuelle et radicalité éthique.
En fondant le Conseil national des femmes françaises (CNFF), qu’elle dirigera plus tard en tant que présidente, Sainte-Croix donne une structure puissante et pérenne au féminisme organisé. Elle mobilise des réseaux de femmes issues de milieux variés, dans une dynamique collective et démocratique. Elle fait de la lutte pour le droit de vote un enjeu central, soulignant que la citoyenneté ne peut être divisée entre les sexes. En 1904, elle est mandatée par le gouvernement Combes pour enquêter sur la police des mœurs. C'est une reconnaissance officielle de ses compétences et de son intégrité. Son travail à la Société des Nations comme déléguée des associations féminines internationales marque son rayonnement au-delà des frontières françaises. Eugénie Avril de Sainte-Croix fut une pionnière du journalisme engagé, une bâtisseuse de réseaux féminins, et une voix forte pour les sans-voix. Sa trajectoire témoigne d’un féminisme concret, moral et politique, profondément lié aux enjeux sociaux de son temps. Une figure à redécouvrir pour comprendre l’histoire globale des droits des femmes.