REPONSE A SANCHO / La "fin" du sujet par Jean Tellez
Non cst intéressant ce renversement que tu opères mais tu n'as point été capable de maintenir ton post bruynat sur le je où finallement il apparaissait que c'était un nous qui pensait. Le solipsisme notamment chez Husserl vise à autre chose révéler le lien avec les choses même (les "bloße Sachen", les "bloße vorhanden.", mais mêem cette surface dépouillée je n'y crois pas). Il faut être plus affamé...
Vivement que tu réopères des délires et des enthousiasmes (même si je ne penses pas les faire naître mais les grèver davantages...)
Quant au "sujet", celui qui connaîtrait cette expérience (de l'aporie chez Derrida, de l'interminable chez Loraux, de l'inachevable chez Badiou, de l'innommable ou de l'intraitable chez Beckett, de l'intraduisible que l'on traduit sans fin chez B. Cassin, etc...) qu'il relate par les mots. cette expérience n'est pas la mienne ou je ne l'ai que de seconde main. C'est très différent de parler sous inspiration que de parler sous la chute.
Je mets la suite de mon commentaire pour te dire que nous sommes d'accord, mais tu as encore une lecture toute dialectique ou cartésiano-marxiste du paradoxe que tu ne fais que soulever.
Le paradoxe du sujet
"la philosophie ce n’est pas pour tout le monde."
Tu soulèves un paradoxe en fait car l'expérience brûlante et captivante d'un sujet c'est précisément le caractère élitiste e la philosophie par ailleurs. C'est précisément la question que soulevait par exemple Loraux la semaine dernière à son séminaire qui se tient à cette heure même. Lui réitérant le point de vue du Dedans, de l'homme qui énonce la vérité à son public qui serait son offrande et à qui il provoque des impressions.
La pensée capturée dans l'institution philosophie
Pour bien comprendre, la thématique que tu qualifies d'universitaire - même si le seul universitaire de manière rigoureuse (et non le seul penseur public) était Deleuze - il faut comprendre que tout part d'une réaction au régime fascistes et de cette expression de Primo Levi qui caractérise Pour ma part le sujet apparaît précisément comme un homme supérieur (qui sait se gouverner pour gouverner les autres) et e ce point e vu entre en concurrence avec le créateur qui lui tend davantage au sens de la Terre, aussi appelé surhomme - comme dépassement du paradigme homme. Un bon dialecticien, et Badiou le premier, fera en un tour de passe-passe se confondre surhomme et homme supérieur, le même tour de passe-passe qu'opérèrent Alain Minc ou bien les nazis par l'entremise de Elisabeth Forster.
La philosophie au sens de l'immanence qui se pratique au sein d'institutions ouvertes (sous le leitmotiv de la recherche et de l'expérimentation, je passe...) aucun philosophe dit de métier n'y échappent hormis ceux réfugiés comme toi dans l'édition (Caron et son exécration de l'humanité mais aussi de l'immanentisme, Audi et sa métaphysique de l'excédence après la vague "universitaire" de la différence, l'excédence étant aussi pratiquée par Nassim N. Taleb qui comme Audi a connu les déchirures de la guerre du Liban, ce qui n'est qu'une confirmation d'hypothèses émises auparavant).
Je ne développe pas sur la déception que causa parmi les intellectuels que tu cites la conférence "l'existentialisme est un humanisme" (dont le compte-rendu tronqué est inexact aux yeux de Sartre) ni sur le fait que comme l'avance Lacoue-Labarthe le nazisme est un humanisme en ce qu'il donne un définition rigoureuse de l'homme et par là du sous-homme et de l'homme supérieur. Mais tout ceci est un angle d'éclairage pour le passage de l'humanisme à l'inhumanisme de Foucault et Althusser par exemple...
Non ce qui suit me paraît davantage d'actualité : il m'apparaît de plus en plus que la philoosphie soit un camp disciplinaire, un espace concentrationnaire où s'affronte dexu logiques, deux visées avec chacune leur paradigme. Sans oute suis-je encore marqué par le visionnage e Shoah qui passait sur France 5 hier soir, mais on pouvait entendre Rudolf Vrba parler des logiques antagonistes qui régnaient au sein des camps. La resistance au sein du camp d'Auschwitz poussait à améliorer les conditions de survie déplorables (400 morts par jour) alors que la résistance juive voulait saboter les créamatoires où elle se tenait pour enrayer le processus d'extermination. Plus les conditions de vie s'améliorait dans le camp de concentration plus les juifs avait de chance en arrivant de finir aux chambre à gaz du camp dd'extermination puisqu'il y avait moins de places libres. Cette antagonisme de lutte et donc de paradigme (du persécuté) est déjà relevé par Badiou et Bensaïd. D'une part la visée prolétaire et d'autre part la visée juive. Il n'y a que le courage de la fuite qui permet de sortir de ce dilemme tout en comprenant qu'un crtain groupe en poussant à sa survie améliore le fonctionnement du système. En passant, c'est déjà l'exemeple du syndicalisme de lutte qui améiore le fonctionnement du système capitaliste en poussant notamment à des hausses de salaires et donc à l'extension du consumérisme corrolaire du productivisme ou plutôt de la surproduction (cf. Keynes et Marx).
Je reformule ici de manière un peu abrupte ce qui s'est effacé une première fois. les rapprochements paraîtront peut-ere maladroits. Mais les penseurs publics (que tu qualifiais d'universitaires en ce qu'il s'adresse à une auditoire plutôt d'éutdiants) n'ont que faire des penseurs privés. Ces derniers apparaissent comme des éléments qui n'ont pas besoin du repli au sein de l'institution comme les éléments plus faibles qui au passage pousseront davantage pour une métaphysique. J'appelle métaphysique tout ce qui se réclame de la Vérité comme hyperbole à la limite inaccessible et non de l'importance comme issue de la délibération d'une époque. L'un comme l'autre furent inventées par les Grecs mais à des moments ou tempos différents. La vérité est encore trop vertueuse, en ce que toute vertu est le ferment de la communauté. Même aujourd'hui les cartes sont faussées, le plus plaotnicien des philosophes reste le politique Cheminade, avec son mouvement philosophique, même Onfray est moins épicurien qu'il ne le prétend en grand angoissé des accident cardio-vasculaire (il en a eu deux au moins). Il est même plus platonicien que Badiou en qu'il se réclame d'une morale du Bien là où Badiou ne pourrait le faire puisqu'en posant l'immanence des idées il supprime ce qui empêche leur régression à l'infini à savoir le Bien (dissocié entre l'hypothèse du Deux-égalitaire et le principe anhypothétique de l'Un-Dieu liberté). C'est très peu pmatonicien, mais là repose l'imposture, l'impossiblité d'engager des idées. Dieu suinte de partout on se croirait même à Turin... hihi.
Le thème de la « fin » du sujet (comme de la notion d’« homme ») est massivement présent dans la période qui précède et suit mai 68. Qu’il s’agisse du Derrida de la Grammatologie, du Foucault des Mots et des choses, du Deleuze de Différence et répétition et de la Logique du sens, de l’œuvre entière de Lacan, de l’œuvre entière d’Althusser, partout on fait barrage à la vieille notion de « sujet », on en dénonce les illusions, on la dépasse, on la « déconstruit ». Qu’avait-elle cette notion qui la faisait paraître tout à coup indésirable (c'est-à-dire idéologique, illusoire, dangereuse…) ?
COMMENTAIRE
Le sujet cest la domination du petit. Mais à faire remarquer que le réintroducteur du sujet outre Foucault (son herméneutique qui a viré à un socratisme nauséabond) est un lacanien...
On peut saluer la belle tentative.
Les raisons qui font qu’une certaine époque adopte certains thèmes sont sans doute complexes. Elles peuvent être aussi surprenantes et difficiles à saisir, y compris après coup, quand les passions et les enjeux sont devenus obsolètes. Il ne s’agissait peut-être que d’éviter une difficulté, de contourner un point d’achoppement considérable pour la philosophie. Que doit-on mettre en effet sous la notion de « sujet » ? D’ailleurs doit-on même y mettre quelque chose ? Ou quelqu’un ? Doit-on accepter l’éventualité qu’un « sujet » puisse être habité dans toute son extension, et toutes ses possibilités, par n’importe qui ? Vous et moi ? Le premier venu ?
Le risque a pu sembler considérable quant au statut d’autorité du discours philosophique. D’où pourrait bien parler le philosophe avec un tel degré d’autorité, si la position stratégique capitale du « sujet », cette position dont il parle (et d’où il parle), pouvait être investie légitimement par n’importe qui ?
Cela explique les étranges positions prises par tous ces philosophes. Ainsi Althusser : « […] l’individu dans son essence singulière, n’a pas la figure d’un ego centré sur le moi, la conscience ou l’existence », « le sujet humain est décentré, constitué par une structure qui n’a de centre que dans la reconnaissance imaginaire du moi, c’est-à-dire dans la formation idéologique où il se reconnaît » (Freud et Lacan, dans Positions, Éditions sociales, 1982)
Voilà : se tenir soi-même pour un sujet, et s’appuyer pour cela sur les données brutes (mais éblouissantes) de son existence, de la conscience de soi, du sentiment du moi sont des possibilités inévitables (comment les interdirait-on ?), mais fermement exclues de la philosophie… Tout ce mouvement intellectuel des glorieuses sixties et seventies n’était donc qu’une stratégie de défense de la philosophie comme discipline universitaire et élitiste ; il était une lutte menée autour du principe même de l’autorité enseignante en matière de philosophie. Fondamentalement, il revenait à dire : la philosophie ce n’est pas pour tout le monde.
Il supposait toutefois un acte essentiel de dissimulation. Car cette dépersonnalisation du sujet s’accomplissait sur le terrain où seul peut se constituer l’expérience brûlante et captivante d’un sujet : l’existence. En l’occurrence, l’existence même de ces penseurs (se défiant en paroles de l’existence, mais existant magnifiquement dans le domaine des lettres). Grand moment de ruse philosophique, où les philosophes ont incroyablement berné les esprits par l’art consommé de l’éclipse ou de l’ellipse de soi. Ainsi Foucault : « Non, non […] je ne suis pas là où vous me guettez mais ici d’où je vous regarde en riant » (Archéologie du savoir, p. 28).