ECONOMIE / Le keynésianisme
La crise de 1929 a marqué un tournant majeur dans l'histoire de la pensée économique en provoquant l'émergence d'un nouveau courant de pensée : le keynésianisme. Le principal représentant de ce courant est John Maynard Keynes, un économiste britannique qui a remis en question les théories économiques classiques de son époque en proposant une nouvelle théorie économique, qui tente de répondre aux problèmes économiques des années 1930.
Le keynésianisme s'oppose à la théorie économique classique dominante à l'époque, qui prônait la neutralité de la monnaie et considérait que le marché était capable de s'autoréguler. Keynes a proposé une nouvelle approche macroéconomique qui prend en compte l'interdépendance des différents secteurs de l'économie et qui cherche à atteindre un équilibre général.
Le point central de la théorie keynésienne est que l'économie peut se trouver durablement paralysée malgré la présence d'un équilibre général. En effet, pour Keynes, le moteur de la production, de l'emploi et du revenu est la demande effective, c'est-à-dire la demande qui se transforme en dépenses de consommation et d'investissement. Cependant, rien ne garantit que cette demande soit suffisante pour assurer le plein-emploi, car elle dépend des anticipations des entrepreneurs et des consommateurs face à la demande.
Contrairement aux théories économiques classiques, les keynésiens considèrent que la monnaie n'est pas neutre. Elle est recherchée non seulement pour des motifs de transactions, mais aussi pour constituer une épargne de précaution et pour spéculer sur les marchés financiers, ce qui limite les projets de production et d'emploi des entreprises.
Le remède proposé par Keynes en cas de crise économique est l'intervention de l'État. Celui-ci doit agir de manière contracyclique pour compenser la faiblesse de la demande privée jusqu'au rétablissement du plein-emploi. Pour cela, l'État doit mettre en place une politique budgétaire pour financer des investissements publics et sociaux, ainsi qu'une politique monétaire crédible pour insuffler la confiance.
Dans les années 1970, la théorie keynésienne a été remise en question par les monétaristes, en raison des conséquences en termes de dette et d'inflation. Cependant, lors de la crise du coronavirus, cette théorie a été réactivée pour justifier les politiques de relance économique mises en place par les États pour faire face aux effets de la pandémie.
Le keynésianisme est une théorie économique qui a connu une évolution significative au cours de son histoire. Dans les années 1980, un nouveau courant appelé "nouveau keynésianisme" est né en réaction à la "nouvelle économie classique" (NEC). Ce courant a été développé par des économistes tels que George Akerlof, Olivier Blanchard, Joseph Stiglitz, Stanley Fischer et Janet Yellen, actuelle secrétaire au Trésor américain.
Le nouveau keynésianisme est une synthèse de l'analyse de Keynes et de celle des néoclassiques. L'objectif est de donner des fondements microéconomiques à la macroéconomie keynésienne. Les nouveaux keynésiens croient que l'économie de marché est intrinsèquement sujette à des imperfections de coordination. Les principales positions de ce courant concernent l'intervention de l'État lorsque le mécanisme de marché est inefficace, la notion de concurrence imparfaite, la non-neutralité de la monnaie et la rigidité des prix et des salaires.
Les nouveaux keynésiens pensent que les imperfections de coordination dans l'économie de marché sont essentiellement liées à l'information coûteuse, incomplète, asymétrique, à la sélection adverse, à l'aléa moral, aux coûts de transaction, aux ententes et à l'incertitude. Ces facteurs peuvent entraîner des fluctuations économiques, des crises et du chômage involontaire.
Ainsi, pour les nouveaux keynésiens, le marché ne garantit pas un fonctionnement efficient du système économique, ce qui nécessite une intervention plus importante de l'État. L'État peut fournir de meilleurs résultats que le marché, qui ne fonctionne pas selon les principes de la théorie orthodoxe de l'offre et de la demande et de l'équilibre général. Les nouveaux keynésiens préconisent donc une plus grande régulation étatique de l'économie.
Dans ce contexte, Joseph Stiglitz a développé la théorie du "screening", qui affirme que les entreprises peuvent résoudre les problèmes de sélection adverse en fournissant une information fiable et transparente sur leurs produits et services. George Akerlof, quant à lui, a proposé le concept de "marché des citrons", qui explique comment la sélection adverse peut conduire à l'échec du marché.
En fin de compte, le nouveau keynésianisme est une théorie économique qui cherche à combiner les idées de Keynes et de la théorie néoclassique pour expliquer les fluctuations économiques et les crises. Il met l'accent sur les imperfections de coordination dans l'économie de marché et préconise une intervention étatique plus importante pour corriger ces imperfections et assurer un fonctionnement efficace de l'économie.