Le plus gros site de philosophie de France ! ex-Paris8philo. ABONNEZ-VOUS ! 4040 Articles, 1523 abonnés

La Garenne de philosophie

Arthur Rimbaud++

Arthur Rimbaud++

20 octobre 1854. Naissance d'Arthur Rimbaud à Charleville, Ardennes. Fils de Vitalie Cuif et Frédéric Rimbaud, capitaine. Arthur avait un frère, Frédéric, son aîné d'un an, né en 1853, neuf mois après le mariage de ses parents. Trois sœurs naîtront dans les années suivantes.

1860 est l'année de la naissance d'Isabelle, dernière des enfants du couple et, probablement, de la dernière visite à Charleville du Capitaine Rimbaud. Six ans après sa naissance, le père d'Arthur Rimbaud quitte le foyer conjugal. La séparation entre Vitalie et son mari ne sera jamais officialisée par un divorce. Admis à la retraite en 1864, le capitaine Rimbaud s'installera à Dijon, où il mourra en 1878 sans jamais avoir revu ses enfants.  

Octobre 1861. Arthur entre en 9e, à l'Institution Rossat. Sa scolarité dans cette institution privée, fréquentée par les familles bourgeoises de Charleville, sera brillante : nombreux prix dans plusieurs disciplines. Il y poursuivra ses études jusqu'à la classe de 6e.

Octobre 1864. Arthur entre en 6e. D'abord à l'Institution Rossat, puis, après les vacances de Pâques 1865, au Collège Municipal de Charleville.         
1866. Arthur et Frédéric font leur première communion. Arthur passe pour un élève très pieux. Il a même gagné la réputation d'être un "petit cagot" en faisant le coup de poing contre des condisciples qui profanaient un bénitier en s'aspergeant d'eau sacrée.

8 mai 1868. Arthur adresse une lettre en vers latins au Prince impérial, à l'occasion de sa première communion. Le secret dont il a entouré cette téméraire initiative lui vaudra les réprimandes du Principal, lorsqu'une lettre de réponse, rédigée par le précepteur du Prince, parviendra au Collège.

1869. Le Bulletin officiel de l'Académie de Douai publie pendant l'année 1869 trois poèmes en vers latins d'Arthur Rimbaud : "Ver erat" (15 janvier) ; "Jamque novus" (1er juin) ; "Jugurtha", composition en vers latins qui a remporté le 1er prix au Concours académique de vers latins du 2 juillet 1869, classe de seconde (15 novembre 1869). Arthur rafle six premiers prix à l'issue de sa 2e.

Juin 1869. La famille Rimbaud emménage au rez-de-chaussée, 5bis, Quai de la Madeleine.

1869 : Publication de poèmes latins de Rimbaud.

20 octobre 1869, anniversaire des 15 ans.

 

Un professeur nommé Georges Izambard (janvier-août 1870).

Janvier 1870. Un nouveau professeur de lettres, âgé de vingt-deux ans, Georges Izambard, est chargé de la classe de "rhétorique" (première, option littéraire) où Rimbaud a été admis en octobre 1869. Arthur prend vite l'habitude de montrer ses vers à ce jeune professeur qui, de son côté, fait découvrir à son élève la poésie la plus contemporaine.

Le 2 janvier, c'est la parution dans La revue pour tous des Étrennes des orphelins.

4 mai. Madame Rimbaud proteste auprès d'Izambard contre les mauvaises lectures qu'il favorise auprès de son fils (Les Misérables de Hugot — sic —). Voir extrait ci-contre.

24 mai. Lettre d'Arthur à Théodore de Banville, accompagnée de trois poèmes, sollicitant une publication dans Le Parnasse contemporain.

16 juillet. Les préparatifs de guerre s'achèvent. Le bonapartiste Paul de Cassagnac lance un appel au peuple dans Le Pays. Rimbaud s'indigne dans Morts de quatre-vingt-douze.

18 juillet. Izambard quitte Charleville pour prendre ses vacances dans sa ville de Douai : Rimbaud lui lit Soleil et chair et lui remet sa nouvelle : Un cœur sous une soutane.

En juillet 1870, alors que la France déclare la guerre à la Prusse, le 19 juillet, paraît finalement Un cœur sous une soutane.

2 août, Rimbaud raillera un peu le succès des armes françaises à Sarrebruck et surtout  l'élan de chauvinisme déclenché par cette victoire sans lendemains dans un poème du Recueil de Douai.

Le 6 août, c'est la distribution des prix. Rimbaud refuse la proposition patriotique faite par les autres lauréats de faire le sacrifice des livres reçus au profit de l'effort de guerre.

Le 13 août 1870, le journal satirique La Charge publie Trois baisers.

25 août. Lettre d'Arthur à Georges Izambard, où il fait la satire du "patrouillotisme" des habitants de Charleville et annonce des projets de vie nouvelle "après les vacances".

29 août 1870 : Première fugue de Rimbaud, qui est emprisonné à Mazas. Izambard l’emmène à Douai où le poète commence la composition du Recueil Demeny, dit aussi Cahier de Douai.  

6 ou 7 octobre 1870 : Forcé de revenir à Charleville le 26 ou le 27 septembre, Rimbaud fugue à nouveau quelques jours plus tard. 

Mi-octobre 1870 : De retour à Douai, il complète le Recueil Demeny, qui compte alors 22 poèmes.

25 novembre 1870 : Publication du Rêve de Bismarck.

De 1869 à 1875, la famille Rimbaud a vécu au premier étage de cette maison, située Quai de la Madeleine, non loin du Vieux Moulin, au bord de la Meuse? C'est aujourd'hui le Maison des Ailleurs située 7 Quai Rimbaud.


Les grandes vacances (août-décembre 1870)

29 août. Arthur prend le train pour Paris, quittant sans avertir personne le foyer maternel. Arrêté sans argent en Gare du Nord, il est écroué à la prison de Mazas le 31 août.
2 septembre. Capitulation de l'armée française (fin du siège de Sedan) — 4 septembre : proclamation de la République.

5 septembre. De Mazas, Rimbaud lance un appel au secours en direction d'Izambard, qui envoie de l'argent, le fait libérer et l'accueille pendant trois semaines à Douai dans sa maison familiale (chez les sœurs Gindre, qui sont en quelque sorte ses mères adoptives).

20-25 septembre. Converti au patriotisme par la proclamation de la République (4/09) et le siège de Paris (19/09), Rimbaud tente en vain (à cause de son âge) de s'engager dans la Garde Nationale de Douai, aux côtés d'Izambard. Il rédige pour ce dernier une lettre de protestation, projet de pétition demandant au Maire de Douai de fournir des armes à la Garde nationale (20/09). Il rédige aussi pour le Libéral du Nord, journal dont Izambard est rédacteur en chef, un compte-rendu de réunion qui fera quelques vagues (25/09).

26 ou 27 septembre. Réclamé vigoureusement par sa mère, Arthur Rimbaud rentre à Charleville en compagnie d'Izambard. Il a profité de son séjour à Douai pour recopier ses poèmes de l'année et les confier à Paul Demeny, poète et éditeur, par qui il espère être publié.

6 ou 7 octobre, Arthur Rimbaud fait une nouvelle fugue de Rimbaud, vers Charleroi cette fois,  en Belgique, où il essaie en vain de trouver un emploi de journaliste. 

mi-octobre. Retour à Douai où il est loin d'être le bienvenu. Nouveau séjour de trois semaines chez Izambard. Rimbaud remet à Demeny 7 nouveaux sonnets. Ce sont en tout 22 poèmes qu'il espère voir publiés et qui forment ce qu'on appelle le Recueil de Douai.

Le 20 octobre 1870, c'est l'anniversaire de ses 16 ans

1er novembre. Rimbaud quitte à nouveau Douai, mais cette fois sous la protection des gendarmes que Madame Rimbaud a chargés de l'opération. Le lendemain, Arthur adresse une lettre à Izambard, où il lui affirme son intention de lui obéir pour mériter son amitié et de ne plus céder à la tentation de la fuite.

25 novembre. Le Progrès des Ardennes, journal républicain de Charleville, publie une "fantaisie" en prose de Rimbaud intitulée Le Rêve de Bismarck, signé du pseudonyme "Jean Baudry". Le document a été déniché chez un bouquiniste de Charleville par le cinéaste Patrick Taliercio et reproduit par L'Union le 24 avril 2008.

Sur cette vieille carte postale de Charleroi, au premier étage de l'Hôtel de l'Espérance (rue de droite, fenêtres 7,8,9 à partir de la gauche), on distingue l'inscription "A LA MAISON VERTE" et, au rez-de-chaussée, "RESTAURANT". C'est le "Cabaret-Vert".

 

Le temps de la Commune (janvier-mai 1871).. 

15 février 1871. Annonce de la réouverture du collège au Théâtre municipal. Arthur refuse de s'y rendre.

Le 25 février 1871, Arthur Rimbaud prend le train pour Paris. Il y séjourne jusqu'au 10 mars. Il en profite pour visiter les librairies et tenter de prendre contact avec certains milieux journalistiques et littéraires. La chronique (ou la légende ?) rapporte qu'il serait rentré à Charleville à pied.

1er mars. Les troupes allemandes défilent dans Paris.

Le 18 mars, débute l'insurrection du peuple de Paris.

Le 7 avril, les Versaillais bombardent Neuilly.

12 avril. Réouverture du collège de Charleville (retardée de plusieurs mois par la guerre). Arthur ne reprend pas ses études. Il a trouvé un emploi au Progrès des Ardennes qu'il n'occupera que cinq jours, le journal ayant été suspendu dès le 17 avril. 

17 avril. Lettre à Demeny. Rimbaud y rend compte de son précédent séjour à Paris. "Les choses du jour étaient Le Mot d'ordre et les fantaisies, admirables, de Vallès et de Vermersch au Cri du Peuple."

17 avril-13 mai. Rimbaud s'est peut-être rendu à Paris pendant cette période. Les historiens discutent encore pour savoir si le jeune poète a pu réellement s'engager dans la Garde nationale et/ou participer à la Commune, comme il a été dit (Delahaye, Nouveau, Verlaine l'ont soutenu). Rien n'est sûr.

13 mai. Depuis Charleville, Rimbaud adresse une lettre à Georges Izambard (première des lettres dites "du voyant"). Il y exprime clairement sa solidarité avec le mouvement insurrectionnel et y ébauche un "art poétique". "— Je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris, — où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève. Maintenant, je m'encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant." (Arthur Rimbaud, lettre dite "du voyant", 13 mai 1871).

15 mai. Nouvelle lettre dans l'esprit de la précédente, mais beaucoup plus développée et adressée à Paul Demeny (dernière des lettres dites "du voyant").

Du 21 au 28 mai, les Versaillais pénètrent dans Paris. C'est la "Semaine sanglante".

 

Paris (juin-décembre 1871)

10 juin 1871, lettre à Demeny, accompagnée de poèmes. Rimbaud s'y plaint du manque d'argent et demande à Demeny de brûler les poèmes qu'il lui a confiés antérieurement. 

15 août, lettre à Théodore de Banville contenant "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs".

28 août, lettre à Demeny. Rimbaud rapporte les menaces que sa mère fait peser sur lui (la pension, la maison de correction) et sollicite une aide pour trouver un emploi à Paris.

Septembre. Sur la recommandation d'Auguste Bretagne, un ami de Verlaine dont il a fait la connaissance, Rimbaud envoie à l'auteur des Fêtes Galantes plusieurs des poèmes rédigés dans les mois précédents. Ses deux lettres ont été perdues, ainsi que les réponses de Verlaine. Mais on sait par Delahaye que ces réponses furent chaleureuses. Verlaine envoya l'argent du voyage et organisa l'accueil de Rimbaud par sa famille et ses amis.

entre le 20 et le 25 septembre. Date fournie par Delahaye. Rimbaud lit à Delahaye son "Bateau ivre", qu'il a rédigé dans le but d'épater le milieu littéraire parisien. "Voici ce que j'ai fait pour leur présenter en arrivant." (Rimbaud à Delahaye, parlant du "Bateau ivre").

30 septembre. Rimbaud assiste au dîner des "Vilains-Bonshommes" (réunion périodique des poètes parnassiens où l'on banquetait et lisait des vers). Rimbaud fait sensation, par sa jeunesse, par la hardiesse de ses propos, par la qualité de ses vers (voir les dessins !de Verlaine représentant Verlaine, Valade et Mérat au dîner des Vilains-Bonshommes).

Octobre. La gauche communarde des "Vilains-Bonshommes" se regroupe dans le Cercle zutique. Le photographe Étienne Carjat grave ses célèbres portraits de Rimbaud. 

"[...] tel est ce môme dont l'imagination, pleine de puissance et de corruptions inouïes, a fasciné ou terrifié tous nos amis [...] C'est un génie qui se lève" (lettre du poète Léon Valade à Émile Blémont, 5 octobre 1871).

15 octobre, d'abord logé par Verlaine, Rimbaud se rend désagréable envers Mathilde Verlaine et les autres membres de la famille Mauté. Il déménage chez Charles Cros puis sera hébergé à tour de rôle chez divers poètes et artistes qui se cotisent pour lui permettre de vivre à Paris. Il semble qu'il se soit conduit partout avec un certain sans-gêne.

20 octobre 1871, anniversaire des 17 ans.

16 novembre. Une chronique théâtrale (rédigée par un ami de Verlaine, Lepelletier) signale la présence des Parnassiens à une pièce de Glatigny donnée à l'Odéon, et précise : "Le poète saturnien Paul Verlaine donnait le bras à une charmante jeune personne, Mlle Rimbaut".

Dans sa lettre à Charles de Sivry datée de la Nuit de Noël 1871, qui contient un portrait de Paul-Auguste Bretagne, Verlaine précise qu'"il a des côtelettes, à présent" (c'est-à-dire  des favoris), fait référence à lui comme "ce prêtre" et envoie à son correspondant "l'adresse du « Martyr »". 

Source : http://bteyssedre.blog.lemonde.fr/2009/05/21/r18-une-maquerelle-nommee-bretagne/


Vignette de l'Hôtel des Étrangers figurant sur la couverture de l'Album zutique.

Source :http://lechercheurindependant.blogspot.com/2016/09/le-sejour-de-rimbaud-paris-suite.html 

Les Zutistes s'étaient aménagé un local (avec bar et piano) dans une chambre du 3e étage de cet établissement situé à l'angle de la rue Racine et de la rue de l'École de médecine. Verlaine, Rimbaud et leurs amis du Cercle zutique s'y réuniront assidûment de la mi-octobre à la fin de l'année 1871.

 

"Oisive jeunesse" (janvier-juin 1872)

Début janvier 1872, les poses commencent pour le fameux Coin de table de Fantin-Latour, qui sera exposé au "Salon" début mai.

13 janvier. Point culminant d'une série de violentes scènes de ménage, Verlaine, en proie à l'ivresse, manque d'étrangler sa femme. Mathilde se réfugie, avec son fils Georges (Verlaine est père depuis le 28 octobre 1871), chez ses parents, à Périgueux.

2 mars. Au cours d'un dîner des Vilains-Bonshommes, Rimbaud blesse Carjat avec la canne-épée de Verlaine. Verlaine doit faire face à la réprobation croissante de ses amis à l'égard des farces de mauvais goût, parfois méchantes, de son jeune protégé. En outre, Mathilde le menace d'une séparation. Aussi annonce-t-il à Rimbaud qu'il refuse de l'entretenir plus longtemps et lui demande de quitter Paris pendant quelque temps.

15 mars, Mathilde rentre à Paris, c'est la reprise de la vie commune pour Paul Verlain.

De mar à avril, Arthur Rimbaud est en exil à Charleville, où il semble qu'il ait surtout hanté les bistrots en compagnie de Delahaye. Verlaine et Rimbaud échangent une correspondance clandestine, que l'on ne connaît que par les lettres de Verlaine. Les "lettres martyriques" de Rimbaud ont été perdues. Leur contenu probable : ressentiments et demandes de retour.

4 mai. Retour de Rimbaud à Paris, où il mène une vie discrète.

9 mai. Au café du Rat-mort (Place Pigalle), en présence du poète Charles Cros qui en a fait le récit, Rimbaud taillade avec un canif, par jeu, les poignets et les cuisses de Verlaine, le blessant sérieusement.

Juin. Pris de boisson, Verlaine menace Mathilde d'un couteau dans un restaurant. Il recommence à déserter le foyer conjugal et à s'en prendre violemment à Mathilde. 

Jumphe 72. Célèbre lettre de Rimbaud à Ernest Delahaye. Arthur y évoque sa vie au Quartier Latin, ses nuits de travail, ses soûleries à l'Académie d'Absinthe (taverne Pellorier) : "Vive l'académie d'Absomphe, malgré la mauvaise volonté des garçons ! C'est le plus délicat et le plus tremblant des habits, que l'ivresse par la vertu de cette sauge de glaciers, l'absomphe. Mais pour, après, se coucher dans la merde !" (lettre à Ernest Delahaye, Jumphe 1872).

   

Le vertigineux voillage (juillet-décembre 1872)

"Je voillage vertigineusment" (Paul Verlaine, billet adressé à Lepelletier, juillet 1872).

"Ma pauvre Mathilde, n'aie pas de chagrin, ne pleure pas ; je fais un mauvais rêve, je reviendrai un jour." (billet de Paul Verlaine, juillet 1872, d'après les mémoires de Mathilde Mauté).

7 juillet 187, Paul Verlaine et Juan Rimbaud quittent Paris sans avertir personne. Ils gagnent en train la Belgique, en passant par Arras (où une farce de leur style les conduit au poste de police) et par Charleville (où ils festoient en compagnie de l'ami Bretagne). Plusieurs poèmes de Verlaine (dans Romances sans paroles) et de Rimbaud évoquent cet épisode belge.

21 juillet, Mathilde arrive à Bruxelles en compagnie de la mère de Verlaine. Elle parvient à convaincre Paul de repartir avec elle ("Birds in the night", dans Romances sans paroles évoque ces retrouvailles). Mais Arthur Rimbaud, qui a pris secrètement le même train, retourne le faible Verlaine au moment où il allait franchir la frontière franco-belge. Cet épisode rocambolesque met fin à la vie conjugale tourmentée de Paul Verlaine et Mathilde Mauté.

7 septembre. Les deux poètes gagnent Ostende où ils s'embarquent pour l'Angleterre. 

Septembre-octobre. À Londres, ils trouvent à louer la chambre que vient de quitter, pour cause de mariage, le poète et journaliste communard Eugène Vermersch, au 34-35 Howland Street. Ils consacrent les semaines qui suivent à visiter Londres et ils prennent contact avec le milieu des exilés communards, nombreux dans la capitale britannique.

10 septembre. Première de plusieurs rencontres avec Félix Régamey, dessinateur français installé à Londres, ami de Verlaine. Les deux poètes inscrivent des poèmes d'inspiration zutique sur l'album de l'artiste (cf. "L'enfant qui ramassa les balles...").

Lettre de Verlaine à Edmond Pelletier - Deuxième ou troisième semaine de septembre 1872 Verso de la première lettre adressée d'Angleterre à Edmond Lepelletier. Le recto contenait les trois premières strophes de Bird in the night (Romances sans paroles) ici intitulé À celle qui est restée en France et daté de "Bruxelles, 5 7bre 72".

 octobre. Mathilde demande officiellement la séparation de corps (le divorce n'existe pas), en fondant son dossier sur les "relations infâmes" existant entre son mari et Rimbaud.

20 octobre 1872, majorité des 18 ans ?

Novembre. Paul et Arthur demandent à Mme Rimbaud de persuader Mathilde de ne pas impliquer Arthur dans le procès qu'elle intente contre Paul Verlaine. Aussi étonnant que cela paraisse, "la Mother" accepte de s'entremettre et se rend à Paris. En vain.

Début décembre. Rimbaud retourne à Charleville, sur le conseil de Verlaine, afin de complaire à sa mère. Verlaine, seul, gravement déprimé, lance des appels au secours en direction de ses amis et de sa mère, qui arrive à Londres pour le Nouvel an.

Mathilde Mauté de Fleurville, épouse Verlaine

 

"Le roman de vivre à deux hommes ..." (janvier-juin 1873)

3 janvier 1873. Retour de Rimbaud à Londres, qui entraîne un rétablissement spectaculaire du moral de Verlaine, au témoignage de sa correspondance avec ses amis parisiens. On sait peu de choses sur l'activité des deux poètes pendant ce second séjour londonien de Rimbaud.

4 avril. Verlaine s'embarque pour la France (via Ostende), sur le steamer Comtesse-de-Flandres. Il espère rencontrer Mathilde et parvenir à un arrangement. On n'est pas certain que Rimbaud ait pris le même bateau que lui.

11 avril. Rimbaud arrive à l'improviste à la ferme de Roche (héritage de la famille Cuif), "triste trou" où séjournent sa mère, son frère Frédéric et ses sœurs. C'est son premier séjour dans ce lieu mythique, où il reviendra épisodiquement jusqu'à l'année de sa mort.

Courant avril-mai, Paul Verlaine s'installe chez sa tante à Jéhonville pendant sept semaines. D'une part, Mathilde refuse tout entretien, d'autre part il craint d'être inquiété comme ancien communard s'il pénètre sur le territoire français (la police surveille particulièrement Verlaine moins à cause de ses faits et gestes pendant la Commune qu'à cause de ses relations londoniennes). Il s'occupe de faire éditer son recueil Romances sans paroles (qui paraîtra l'année suivante). De plus, Verlaine et Rimbaud se rencontrent à plusieurs reprises, le dimanche, à Bouillon, localité située à mi-chemin entre Jéhonville et Charleville, en compagnie de Delahaye.      Une lettre de Rimbaud à Delahaye, datée mai 73, décrit l'ennui de la vie à Roche et évoque la rédaction de "petites histoires en proses" intitulées "Livre païen, ou Livre nègre". "Mon sort dépend de ce livre", ajoute Rimbaud. Il s'agit probablement d'Une saison en enfer.

27 mai. À la suite d'une décision soudaine, Verlaine et Rimbaud s'embarquent à Anvers pour l'Angleterre, sur le steamer du Great Eastern Railway. Location d'un garni à Camden Town.

Juin. Les deux amis vivent des subventions de la mère de Verlaine et de quelques leçons de français, qu'ils trouvent par des annonces dans les journaux. De nombreuses et violentes disputes semblent avoir marqué ce troisième séjour londonien de Rimbaud. 

 

La crise de Bruxelles (juillet 1873 - mars 1874).

7 juillet 1872 : Arthur Rimbaud et Paul Verlaine quittent Paris pour la Belgique, avant de se rendre à Londres le 7 septembre. Rimbaud revient à Charleville début décembre, mais retourne à Londres pour le Nouvel an à la suite de l’appel désespéré de Verlaine.

10 juillet 1873 : Parti précipitamment le 3 juillet pour la Belgique, car il ne supporte plus les scènes de Rimbaud, Paul Verlaine est rejoint quelques jours plus tard par son compagnon. Au bout de deux jours, il tire au revolver sur Rimbaud. Celui-ci est blessé à l'avant-bras gauche. Verlaine est arrêté, puis condamné à deux ans de prison le 8 août.

La maison de Camden Town, 8 Great/Royal College street, telle qu'on peut la voir aujourd'hui, après une campagne d'opinion (et de restauration) qui l'a sauvée in extremis des pelleteuses des promoteurs. C'est là que le 3 Juillet 1873 Rimbaud se met à la fenêtre et, voyant Verlaine revenir des commissions un maquereau à la main, enveloppé dans un journal, lui lance : "Mon pauvre vieux, ce que tu as l'air con avec ton maquereau !" ... D'où procède (entre autres) la "crise de Bruxelles". Toujours ce même 3 juillet 1873. Verlaine s'embarque précipitamment pour la Belgique. "En mer", il adresse une lettre à Rimbaud où il justifie sa fuite par les "scènes sans motif" que Rimbaud ne cesse de lui faire. Il annonce qu'il se tuera si, dans les trois jours, Mathilde n'a pas accepté de reprendre la vie commune. De Bruxelles, il lance tous azimuts des courriers où il menace de se suicider.

4, 5, 7 juillet. Lettres de Rimbaud à Verlaine : "il me fallait absolument partir [...] cette vie violente et toute de scènes sans motif que ta fantaisie ne pouvait m'aller foutre plus !" (lettre de Verlaine à Rimbaud, 3 juillet 1873). "Le seul vrai mot, c'est : reviens, je veux être avec toi, je t'aime." (lettre de Rimbaud à Verlaine, 5 juillet 1873).

6 juillet. Madame Rimbaud, à qui Verlaine a écrit aussi, adresse une lettre amicale et compatissante à l'ami de son fils, en essayant de le raisonner.

8 juillet. Rimbaud se rend à Bruxelles, sur la demande de Verlaine. 

Moment-phare, le 10 juillet, Paul Verlaine, ivre, tire au revolver 7 mm sur Rimbaud et lui loge une balle dans l'avant-bras gauche. Dénoncé par Rimbaud auprès d'un agent de police, Verlaine est écroué. Arthur Rimbaud renonce officiellement à toute poursuite contre son ami, le 19 juillet.

Sorti de l'hôpital le 20 juillet, Rimbaud reste quelques jours à Bruxelles, chez une certaine Mme Pincemaille, marchande de tabac, rue des Bouchers, où le peintre Jeff Rosman fait son portrait, alité et blessé. Le tableau de Jeff Rosman est au Musée Rimbaud de Charleville. Quant à Paul Verlaine, jugé le 8 août, il se voit incarcéré pour deux ans de prison.

De fin juillet à début septembre, Arthur Rimbaud est à Roche, où il rédige Une saison en enfer, en effet daté d'Avril-Août 1873. Il est dans un état d'agitation extrême selon le journal de sa soeur Vitalie.

20 octobre 1873, c'est l'anniversaire de ses 19 ans.

Le 23 octobre. Arthur Rimbaud est à Bruxelles et est invité à prendre livraison de la plaquette chez Poot ; au final il n'en retire que quelques exemplaires (dont l'un est transmis à Verlaine). Malgré l'envoi de plusieurs exemplaires à d'anciens amis, il n'y a aucun écho, aucun compte rendu dans la presse.

De fin 1873 à début 1874, on a très peu d'informations sur cette période et on sait seulement qu'Arthur fait un séjour à Paris, de fin octobre à début novembre : l'accueil qui lui est réservé par le milieu littéraire est glacial. On suppose qu'il passe l'hiver à Charleville.

 

Quatrième séjour à Londres (mars-décembre 1874).

Mars 1874, Arthur Rimbaud est à Londres, en compagnie de Germain Nouveau. Mise au net et sans doute composition d’une partie des Illuminations. Germain Nouveau le quittera en mai, sa mère et sa sœur Vitalie le visitent en juillet et finalement, Rimbaud sera de retour à Charleville en décembre.

26 mars 1874, une lettre de Germain Nouveau à Jean Richepin nous apprend que Rimbaud séjourne à Londres à cette date et que les deux poètes ont loué ensemble "une room dans Stamford street dans une famille dont le bon jeune homme, qui sait un peu de français, converse tous les jours une heure avec nous, dans le but qu'il se perfectionne".

4 avril. Le registre de la "reading room" du British Museum nous apprend que Rimbaud et Nouveau se sont inscrits de concert ce jour. Nouveau ayant pour prénoms Marie Bernard Germain, Rimbaud — par plaisanterie — ajoute aux siens le prénom de Joseph (Jean Nicolas Joseph Arthur Rimbaud).

mai. Nouveau a quitté Londres et il semble même (d'après ses petites annonces dans les journaux anglais) qu'il ne partage plus son logement avec Rimbaud depuis le début du mois de mai. C'est donc probablement avant cette date que Nouveau aura effectué la copie de deux poèmes des Illuminations où l'on reconnaît sa main ("Métropolitain" et "Villes, L'acropole officielle..."). On sait que la mise au net, sinon la rédaction même, des Illuminations, date de cette année 1874.

Les 9, 10 et 11 juin, une petite annonce dans un journal nous apprend que Rimbaud recherche des "conversations avec des gentlemen anglais" et qu'il a changé d'adresse. Ensuite, Arthur Rimbaud, malade, est hospitalisé à Londres (on n'en sait pas beaucoup plus).

Le 6 juillet, Madame Rimbaud et sa fille Vitalie sont à Londres, probablement après avoir reçu un appel au secours de la part d'Arthur. On sait tout ou presque sur leurs visites touristiques au cours de ce mois de juillet, faites sous la conduite d'Arthur, grâce au journal intime de Vitalie.

29 juillet. Rimbaud reçoit enfin une offre de travail intéressante, qui l'oblige à quitter Londres pour une ville de province (inconnue). Madame Rimbaud regagne Charleville le 31 juillet.

En octobre, bien que dispensé des obligations militaires par l'engagement de son frère Frédéric, Arthur, qui a fêté ses vingt ans le 20, est tenu de se présenter devant le conseil de révision et d'accomplir une période minimale d'instruction. Sa mère fait repousser l'échéance.

17 novembre. Une petite annonce nous apprend qu'Arthur Rimbaud se trouve à Reading et cherche un job de secrétaire ou d'accompagnateur auprès d'un gentleman désirant voyager.

le 29 décembre, Arthur Rimbaud est de retour à Charleville.

13 février 1875, départ pour Stuttgart comme précepteur. Rimbaud apprend l'allemand. Verlaine, sorti de prison à la mi-janvier, lui rend visite fin février. Rimbaud lui confie Les Illuminations. Une lettre à Delahaye de février 75 nous renseigne humoristiquement sur ces retrouvailles. mai-juin. Il est en Italie. Malade (insolation), il se fait rapatrier par le consul de France à Livourne.

Juillet 1875, Delahaye rapporte à Verlaine que Rimbaud songe à s'engager dans la guerre civile espagnole du côté des Carlistes "histoire d'aller apprendre l'espagnol".

14 octobre 1875, Lettre à Delahaye, postée à Charleville. Rimbaud y annonce son intention de passer le baccalauréat et de faire son instruction militaire. La chronique le décrit aussi, en ce dernier trimestre 75, passé à Charleville, prenant des leçons de piano.

Le 18 décembre 1875, survient la mort de la jeune sœur du poête Vitalie Rimbaud.

 

L'appel du lointain (1876-1880)

C'est "Rimbald le marin" qui s'adventure sur les routes d'Europe et d'Orient, en début d'année il fait un périple entre Vienne, Bruxelles et Rotterdam.

S'étant enrolé comme mercenaire le 18 mai 1876 à Harderwijk, Arthur Rimbaud part se battre aux Indes néerlandaises. Il arrive à Java le 22 juillet mais déserte moins d'un moins plus tard le 15 août. 

A partir du 22 juillet 1876, l'unité à laquelle appartient Rimbaud est à Java. Le 15 août 1876, Rimbaud déserte. "Quand Rimbaud revint de la tournée Sumatra-Java, il traversa Paris où on le vit habillé en marin anglais [...] [Germain Nouveau] l'appela désormais Rimbald le marin" (E.Delahaye, Les Illuminations et Une saison en enfer, Messein, 1927, p.16). Arthur arrive le 6 décembre à Charleville, où il passe l'hiver.

Mi-mai 1877, il est à Brême où il cherche à s'engager dans la marine américaine. En juin, Stockholm. En août, Copenhague. En septembre, il est à Charleville.

Été 1878 à Roche. Le 20 octobre, c'est leépart pour Alexandrie, via les Vosges, la Suisse, Milan (cf. la fameuse lettre sur le franchissement, à pied, du Saint-Gothard). Du 16 décembre 1878 jusqu'en 1880, il est contremaître sur un chantier de construction, à Chypre, mais malade il est contraint de retourner à Roche du 28 mai 1879 à mars 1880, date de son retour sur l'île.

Le 28 mai 1879, ayant contracté la fièvre typhoïde, Rimbaud quitte son emploi à Chypre et rentre à Roche, où il passe plusieurs mois.

Mars 1880, à Alexandrie puis Chypre, où il s'embauche à nouveau sur un chantier de construction.

 

Agent commercial à Aden et au Harar (1880-1885)

En août, il est à Aden où il trouve un emploi dans la maison Mazeran, Viannay, Bardey et Cie (commerce des peaux et du café).

Novembre 1880, il est affecté à la succursale de cette maison commerciale dans le Harar, qu'il rejoint en décembre. C'est la fin d'une longue errance et le début d'une carrière.

C'est dans une bâtisse à étage, située au nord de la place principale Faras Magala (marché aux chevaux) de Harar, anciennement palais de Raouf Pacha, qu'Alfred Bardey établit la factorerie où travaille et vit Rimbaud de début décembre 1880 à début décembre 1881 et de mi-avril 1883 à début mars 1884.

juin-juillet 1881. Rimbaud, qui a passé l'hiver à Harar, pénètre plus avant à l'intérieur du pays abyssin en quête d'ivoire et de peaux. décembre. Il quitte le Harar et rejoint la maison mère à Aden, où il passe l'année 1882.

1882. À Paris paraît un roman de Félicien Champsaur, intitulé Dinah Samuel, qui met en scène Rimbaud sous le nom crypté d'Arthur Cimber. Dans un chapitre du roman, un peintre impressionniste tente de convaincre un homme de lettres que Rimbaud est le plus grand poète qui soit. À titre de preuve, il récite deux strophes des Chercheuses de poux.

Fin mars 1883. Rimbaud retourne à Harar. Il fait un autoportrait photographique joint à la lettre du 6 mai 1883 envoyée par Rimbaud à sa famille. Rimbaud est coiffé d'un calot. Il pose sur la terrasse de la maison qu'il habite à cette date, à Harar.

En août  ou en octobre 1883. Rimbaud organise une expédition en Ogadine (Ogaden), région dangereuse et peu connue à l'époque. Le compte-rendu de cette expéditionest envoyé à la Société de géographie le 10 décembre 1883. Toujoues en octobre 1883, Paul Verlaine consacre une étude sur Rimbaud dans Les Poètes maudits. Quelques années plus tard, en 1888, il publie une seconde étude dans Les Hommes d’aujourd’hui.

5 octobre 1883. Verlaine publie dans la revue Lutèce (5 octobre et 10 novembre) une série intitulée Les Poètes maudits. L'étude consacrée à Rimbaud offre le texte de six poèmes (plus deux extraits d'autres poèmes). C'est la première présentation publique un tant soit peu conséquente de l'œuvre de Rimbaud.

10 décembre 1883. Il rédige un récit de son voyage en Ogadine pour la Société de Géographie.

Mars 1884. La firme Bardey étant mise en liquidation, Rimbaud quitte Harar pour Aden, où il séjourne jusqu'en novembre 1885.

Avril 1884. Verlaine publie en volume ses Poètes maudits. La jeune génération symboliste, qui découvre alors Rimbaud, s'intéresse particulièrement au sonnet des Voyelles qui sera dans les années suivantes au centre d'un intense débat littéraire.

"Plus heureux, M.Rimbaud, voyageur au service de la maison Mazeran, Bardey et Ce, qui a pu, dit-on, revenir sain et sauf d'une excursion faite chez les Ogaden en plein pays çomali" (bulletin de la Société normande de Géographie, 1884).   

Première édition en volume des Poètes maudits (Vanier, 1884), avec sa gravure à l'eau-forte de Thomas Blanchet.

 

Pourvoyeur d'armes pour Ménélik II, roi de Choa (1885-1888).

Octobre 1885. Rimbaud décide de rompre son contrat avec Bardey pour s'associer avec Labatut dans une affaire d'importation d'armes dans le Choa.
Novembre 1885. Il traverse la mer Rouge et gagne Tadjoura où se forme la caravane, mais diverses péripéties (mort de Labatut, entraves administratives) le bloquent dans cette ville jusqu'en septembre 1886.

Publication dans la revue La Vogue n°7, du 7 au 14 juin 1886. Le sommaire annonce : I- M. PAUL VERLAINE : Les Poètes Maudits, nouvelle série (Pauvre Lélian).  II- FEU ARTHUR RIMBAUD : Les Illuminations (suite).

Mai-juillet 1886. À Paris, la revue La Vogue publie les Illuminations (en y incluant abusivement plusieurs des poèmes de 1872), d'abord en feuilleton (en cinq livraisons successives) puis en brochure, ainsi qu'Une saison en enfer. La rumeur de la mort de l'auteur ayant couru, la livraison du 7 juin présente Les Illuminations comme étant l'œuvre de "FEU ARTHUR RIMBAUD".

Rimbaud parvient à Ankober le 6 février 1887. Il se rend ensuite à Entotto pour livrer des fusils

6 février 1887. Rimbaud parvient à Ankober, capitale du Choa, après un voyage de quatre mois à travers le désert d'Abyssinie, épuisant et dangereux (la région est infestée de pillards). Mais le roi Ménélik se trouvant dans le Harar, où il est en train de guerroyer, Rimbaud doit encore gagner Entotto, à 120 km de distance, pour monnayer à des conditions qui se révèleront désavantageuses son chargement de fusils au Roi Ménélik. Ce voyage au royaume du Choa (actuelle Ethiopie) fait l’objet d’une publication en août 1887 dans Le Bosphore égyptien.

En juillet 1887,'une brève période de voyages à Aden et au Caire et de repos débute.

Les 25 et 27 août 1887Rimbaud fait publier le récit de son voyage au Choa dans Le Bosphore égyptien.

En janvier 1888, Paul Verlaine donne une étude sur Rimbaud dans la série des Hommes d'aujourd'hui éditée par Vanier. La revue Le Décadent, souhaitant sans doute rivaliser avec Lutèce qui a publié Les Poètes maudits et La Vogue qui a publié Les Illuminations, fait paraître en 1888 une série de cinq faux-Rimbauds. Verlaine proteste.

 

Dernier séjour à Harar (mai 1888-avril 1891).

Avril 1888. Après une tentative infructueuse pour monter une nouvelle affaire de vente d'armes dans les premiers mois de 1888, Rimbaud décide de revenir au négoce traditionnel. Il ouvre en avril, à son propre compte, une agence commerciale à Harar. Il établit pour cette nouvelle entreprise un partenariat avec un riche négociant d'Aden : César Tian. C'est cette activité qui l'occupera pendant les quelques années qui lui restent à vivre.

25 février 1890. Lettre de Rimbaud à sa mère et à sa sœur : "Ne vous étonnez pas que je n'écrive guère : le principal motif serait que je ne trouve jamais rien d'intéressant à dire. Car, lorsqu'on est dans des pays comme ceux-ci, on a plus à demander qu'à dire ! Des déserts peuplés de nègres stupides, sans routes, sans courriers, sans voyageurs : que voulez-vous qu'on vous écrive de là ? Qu'on s'ennuie, qu'on s'embête, qu'on s'abrutit ; qu'on en a assez, mais qu'on ne peut pas en finir, etc., etc. !"

7 avril 1891. Rimbaud, qui souffre depuis des mois d'une tumeur au genou, se fait transporter en civière de Harar à Zeilah, sur la côte, où il s'embarque pour Aden. Il est très affaibli par les souffrances et le manque de sommeil (il a tenu le plus longtemps possible pour mettre en ordre ses affaires avant son départ). À quoi s'ajoutent les fatigues du voyage (onze jours pour traverser le désert, plus trois jours de bateau).
24 avril. Il est soigné une quinzaine de jours à Aden. Devant la gravité de son état, les médecins lui suggèrent de regagner la France pour s'y faire hospitaliser.


Marseille, derniers jours (mai-novembre 1891).

20 mai. Il est admis à l'Hôpital de la Conception, à Marseille. Sa mère est à son chevet le 23 mai. Il est amputé de la jambe droite le 25 mai.

 "Et moi qui justement avais décidé de rentrer en France cet été pour me marier ! Adieu mariage, adieu famille, adieu avenir ! Ma vie est passée, je ne suis qu'un tronçon immobile." (lettre d'Arthur à sa sœur Isabelle, 10 juillet 1891).

23 juillet. Il quitte l'hôpital et prend, seul, le train pour Roche, où il n'était pas revenu depuis dix ans (Madame Rimbaud avait déjà regagné Roche le 9 juin).

23 août. Son état de santé s'aggravant à nouveau, Rimbaud repart pour Marseille, accompagné de sa sœur Isabelle. Son idée fixe est de reprendre le bateau pour rejoindre l'Afrique mais le cancer, qui se généralise rapidement, l'en empêchera.

9 novembre, cinq heures du soir. À Paris où le milieu littéraire symboliste et décadent ignore à peu près totalement où se trouve son héros disparu et ce qu'il fait, un petit scandale va agiter le cénacle. À la suite d'un conflit entre l'éditeur (Genonceaux) et l'auteur-préfacier (Darzens), la police saisit avant leur diffusion les exemplaires de la première édition des poésies de Rimbaud, recueil constitué par Rodolphe Darzens sous le titre de Reliquaire

10 novembre, dix heures du matin. Rimbaud s'éteint à l'Hôpital de la Conception, après plusieurs semaines de semi-coma. C'est sa sœur Isabelle qui l'a accompagné pendant cette longue agonie. Ce dénouement ne sera connu à Paris que le 1er décembre 1891.
 

Sources :

http://bteyssedre.blog.lemonde.fr/2009/05/21/r18-une-maquerelle-nommee-bretagne/

http://www.ardennes-culture.net/Rimbaud/lieux.html

La ferme de Roche : Bibliothèque Gay: Patti Smith et Rimbaud

Charleroi 1871 : "La dernière trace du passage de Rimbaud à Charleroi n’a pas résisté à la promotion immobilière", par André Guyaux, blog Rimbaud ivre. "Autour du Cabaret vert", blog conçu par la Bibliothèque de l'Université du Travail à Charleroi.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article