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La Philosophie à Paris

PHILOSOPHE / Karl Korsch

Karl Korsch
(1886–1961)

Karl Korsch est un philosophe marxiste allemand, né à Tostedt, près de Hambourg. Issu d’un milieu paysan, son père occupait toutefois un poste de salarié dans une banque. Il fait ses études dans plusieurs universités prestigieuses comme Munich, Berlin, Genève et Iéna. C'est dans cette dernière qu'il obtient un doctorat en droit en 1910. Avant la Première Guerre mondiale, Korsch vit et travaille pendant deux ans en Grande-Bretagne et il retourne en Allemagne dès le début du conflit en 1914. Opposé à la guerre, il refuse de porter les armes mais est contraint de servir sur le front occidental. Il y est blessé et décoré à deux reprises de la Croix de fer.

Après la guerre, il s’engage activement dans les mouvements anarcho-syndicalistes qui émergent au début de la République de Weimar. Ses écrits de cette période visent à concevoir un système économique hypothétique dirigé par des conseils ouvriers. Dans les années 1920, il tente d’analyser l’échec des mouvements ouvriers, qu’il interprète en termes socio-psychologiques : selon lui, les masses ne croient pas suffisamment à la possibilité d’une économie socialiste pour la faire advenir. Son œuvre entre alors en résonance avec celle d’Antonio Gramsci, qui s’intéresse lui aussi aux dynamiques spontanées de la prise et de la perte de pouvoir par les travailleurs.

Son ouvrage le plus célèbre, Marxisme et philosophie (Marxismus und Philosophie, 1923), paraît sous la direction de Carl Grünberg, premier directeur de l’Institut de recherche sociale de Francfort. Korsch se lie d’amitié avec Felix Weil, mécène de l’Institut, et joue un rôle essentiel dans la mise en relation de plusieurs futurs membres de l’École de Francfort, sans pour autant faiez pleinement partie du noyau dur du groupe. Il collabore de nouveau avec l’Institut à New York entre 1945 et 1950.

Korsch cherche à comprendre pourquoi la théorie s’éloigne de la pratique révolutionnaire, en appliquant une méthode matérialiste à la théorie elle-même. Ses analyses, proches de celles de Histoire et conscience de classe (1923) de Georg Lukács, suscitent une vive hostilité. Il est dénoncé pour « gauchisme » par Zinoviev et Kautsky. Membre du Parti communiste, il siège un temps au Reichstag, mais est exclu du parti en 1926 à la suite de désaccords avec la direction. Il abandonne alors la politique parlementaire pour se consacrer à l’écriture et à l’enseignement. Il développe une amitié profonde avec le dramaturge Bertolt Brecht, qui assiste régulièrement à ses conférences sur le marxisme.

Après l’incendie du Reichstag en 1933, dont les nazis accusent les communistes, Korsch fuit l’Allemagne. Il s’installe d’abord au Danemark, tout comme Brecht, puis émigre aux États-Unis en 1936. Brecht lui rend hommage en le faisant apparaître sous les traits de deux personnages – Ko et Ka-osh – dans Me Ti : Le livre des retournements, publié à titre posthume en 1965.

Aux États-Unis, Korsch reste jusqu’à sa mort. Il y occupe divers postes, notamment en tant que professeur de sociologie à l’université Tulane de La Nouvelle-Orléans. Dans ses dernières années, il semble désillusionné, coupé de ses racines et isolé dans l’Amérique maccarthyste. En 1950, dans l’isolement de son exil américain, Karl Korsch envisage pour un temps de revenir théoriquement sur le sens du projet communiste. Il en ressort une cinquantaine de pages dactylographiées sous le titre de Livre de l'abolition. Il travaille, au moment de sa mort, à une biographie du révolutionnaire russe Mikhaïl Bakounine.

OEuvre en français :

  • Marxisme et philosophie [« Marxismus und Philosophie »] (trad. Claude Orsoni), Paris, Éditions de Minuit, 1964 (réimpr. 1968, 1972, 1976), 187 p.
  • Karl Marx (trad. Serge Bricianer), Paris, Éditions Champ libre, 1971 (réimpr. 1976, 2002), 287 p.
  • Qu'est-ce que la socialisation ?, 1971, 32 p.
  • L'Anti-Kautsky ou La conception matérialiste de l'histoire [« Die materialistische Geschichtsauffassung »] (trad. Alphé Marchadier), Paris, Éditions Champ libre, 1973, 203 p.
  • Marxisme et contre-révolution : dans la première moitié du XXe siècle (trad. Serge Bricianer), Paris, Seuil, 1975, 283 p.
  • Au coeur de la conception matérialiste de l'histoire, Paris, Spartacus, 1979, 55 p.
  • La Guerre et la révolution [« War and revolution »], Paris, Ab irato, 2001, 32 p.
  • Notes sur l'histoire (trad. Claude Orsoni), Toulouse, Smolny, 2011
  • Livre des abolitions et autres textes [« Buch der Abschaffungen »] (trad. Robert Ferro), Toulouse, L'Asymétrie, 2024, 184 p.

Pour aller plus loin :

  • Douglas Kellner, Karl Korsch. Revolutionary Theory. University of Texas Press, Austin 1977
  • M. Jay, Marxism and Totality, 1984.

 

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