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La Philosophie à Paris

FEMINISME / Julie-Victoire Daubié

Julie-Victoire Daubié
(1824–1874)

Julie-Victoire Daubié (1824–1874) est une figure essentielle du XIXe siècle, incarnant une forme de féminisme intellectuel courageux, fondé sur l’éducation, la recherche et la dénonciation des inégalités sociales. Première femme à décrocher le baccalauréat en France, elle n’a cessé de démontrer que les femmes méritaient d’être pleinement reconnues pour leur intelligence et leur droit à participer à la vie publique.

En 1859, Julie-Victoire Daubié obtient son Brevet d’aptitude à l’enseignement supérieur, alors seul diplôme accessible aux jeunes filles, dans une France qui excluait les femmes de l’enseignement universitaire.

Elle ne s’arrête pas là car en 1861, à l’âge de 37 ans, elle devient la première femme française bachelière.

En 1871, elle obtient une licence ès lettres, consolidant un parcours académique exceptionnel pour son temps. Ce chemin, jalonné d’obstacles administratifs et sociaux, témoigne de sa détermination à affirmer la place des femmes dans le savoir. Daubié ne limite pas son combat à la sphère éducative. Elle utilise le journalisme et l’écriture scientifique comme instruments de dénonciation, elle s’inscrit aux cours du Muséum d’histoire naturelle, illustrant sa curiosité pluridisciplinaire.

En 1859, elle remporte le concours de l’Académie impériale des sciences et belles lettres de Lyon avec son mémoire La femme pauvre par une femme pauvre. Ce texte — à la fois sociologique et militant — analyse les conditions précaires des femmes, leur accès limité à l’éducation, et l’injustice économique qui les frappe. Elle y articule un féminisme enraciné dans la réalité sociale.

Julie-Victoire Daubié fonde l’Association pour l’émancipation progressive de la femme, où elle poursuit son travail de sensibilisation et de plaidoyer. Elle critique les insuffisances de l’éducation féminine, dénonçant les modèles genrés qui cantonnent les femmes à la domesticité et encourage l’engagement politique des femmes, considérant que la transformation de la société passe aussi par leur participation active à la vie civique. Elle écrit pour plusieurs journaux, notamment Le Courrier de Lyon, où elle fait entendre une voix féminine puissante et réfléchie. Son féminisme se veut progressif, réaliste et résolument tourné vers le long terme.

Julie-Victoire Daubié est une pionnière oubliée, dont l’action a ouvert des voies aux femmes dans l’éducation, le journalisme et la pensée sociale. À une époque où la parole féminine était marginalisée, elle a prouvé par l’excellence intellectuelle et la justesse morale que les femmes avaient toute légitimité à penser, écrire et gouverner.

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