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La Philosophie à Paris

PHILOSOPHIE / Philosophie au Sénégal

Le Sénégal a été l’un des foyers les plus dynamiques de la réflexion philosophique en Afrique francophone, notamment grâce à l’essor de l’enseignement supérieur après l’indépendance, à la vitalité de ses institutions universitaires, et à l’engagement de ses intellectuels dans les débats politiques, culturels et spirituels du continent. La philosophie sénégalaise s’est construite dans un contexte de pluralité culturelle et religieuse. Elle puise à la fois dans les traditions orales africaines — contes, proverbes, mythes — et dans l’héritage islamique, très présent dans la société sénégalaise à travers les confréries soufies. Elle s’est aussi nourrie de la philosophie occidentale, introduite par la colonisation mais réappropriée de manière critique par les penseurs sénégalais. On peut donner à présent les grands représentants de la philosophie sénégalaise.

Léopold Sédar Senghor (1906–2001), bien qu’il soit surtout connu comme poète et homme d’État, est aussi un philosophe de premier plan. Agrégé de grammaire, il a développé une pensée originale autour de la Négritude, qu’il définit comme l’expression de l’âme noire, de la sensibilité africaine, et d’une vision du monde fondée sur l’émotion et la communion. Dans ses écrits, notamment Liberté I : Négritude et Humanisme (1964), il tente de réconcilier la culture africaine avec l’universalisme humaniste, en valorisant l’art, la poésie et la spiritualité comme formes de connaissance.

Souleymane Bachir Diagne. Philosophe sénégalais de renommée internationale, Diagne (né en 1955) enseigne aujourd’hui à Columbia University (New York). Sa pensée est marquée par une grande ouverture : il travaille sur la logique, la philosophie islamique, la philosophie des sciences et la philosophie africaine. Dans Comment philosopher en islam (2008) et Léopold Sédar Senghor : l’art africain comme philosophie (2007), il explore les croisements entre cultures, langues et traditions. Il défend l’idée d’un « universel latéral », une manière de penser l’universel non pas comme une norme imposée, mais comme une construction plurielle, née du dialogue entre les cultures.

Mamoussé Diagne. Premier agrégé sénégalais de philosophie, Mamoussé Diagne a marqué des générations d’étudiants par son enseignement passionné et sa capacité à faire dialoguer les textes classiques avec les réalités africaines. Il a notamment travaillé sur la pensée de Marx, Nietzsche et Machiavel, tout en interrogeant les fondements de la modernité africaine. Il est aussi l’un des penseurs qui ont le plus insisté sur la nécessité d’une philosophie critique et engagée, capable de transformer la société.

Abdoulaye Elimane Kane. Philosophe et linguiste, Kane a soutenu une thèse originale sur les systèmes de numération parlée des groupes ouest-africains, qu’il analyse comme une contribution à la pensée logique et mathématique en Afrique. Il a également réfléchi à la manière dont les structures linguistiques africaines peuvent nourrir une épistémologie proprement africaine, en rupture avec les modèles occidentaux.

Aloyse Raymond Ndiaye. Moins connu du grand public, Ndiaye a été un pilier de l’enseignement de la philosophie au Sénégal. Il a contribué à structurer le département de philosophie de l’UCAD et a formé de nombreux enseignants et chercheurs. Il a également œuvré à faire aimer la philosophie classique — Descartes, Leibniz, Malebranche — à des générations d’étudiants, tout en les incitant à penser par eux-mêmes.

Les lieux de la philosophie au Sénégal sont multiples, on peut en citer deux. L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), notamment à travers son Département de philosophie, a joué un rôle central dans la formation de générations de philosophes. Le programme sénégalais de philosophie, enseigné dès le lycée, est structuré autour de quatre grands domaines que sont la réflexion philosophique, la vie sociale, l’épistémologie et l’esthétique. Cette structuration témoigne d’une volonté de faire de la philosophie un outil de compréhension du monde, de soi et de la société. La philosophie sénégalaise est aujourd’hui portée par des institutions dynamiques comme la Société Sénégalaise de Philosophie (SOSEPHI), qui organise des colloques, des journées d’étude et des publications. Elle est aussi présente dans les débats publics, les médias, et les programmes scolaires, où elle joue un rôle essentiel dans la formation de l’esprit critique.
 

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