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La Garenne de philosophie

FEMINISME / Carmen Cariño Trujillo

Carmen Cariño Trujillo est une sociologue, éducatrice populaire et militante féministe décoloniale d’origine Ñuu Savi (Mixteco), née à Chila de las Flores, au Mexique. Elle se définit comme Na Savi — « femme de la pluie » — et incarne une pensée profondément enracinée dans les territoires autochtones, les luttes antiracistes et les résistances féminines face à l’extractivisme. À la fois chercheuse, formatrice et activiste, elle tisse des ponts entre les savoirs académiques et les pratiques communautaires, entre la mémoire collective et les épistémologies insurgées.

Carmen Cariño est docteure en sciences anthropologiques (UAM-Iztapalapa), maîtresse en développement rural (UAM-Xochimilco) et licenciée en sociologie (UAM-Azcapotzalco). Elle enseigne à l’Université autonome métropolitaine (UAM) et participe activement au Groupe de sociologie rurale. Elle a également été professeure à l’UNAM et à l’Université autonome de la Ville de Mexico.

Ses recherches portent sur les femmes autochtones et paysannes en défense du territoire, les épistémologies féministes décoloniales, les résistances à l’extractivisme, et les formes de vie communautaire. Elle est membre du GLEFAS (Groupe latino-américain d’études, formation et action féministe) et co-coordonne le groupe de travail Territorialités en dispute et re-existence du CLACSO.

Carmen Cariño milite aux côtés de collectifs autochtones et paysans dans tout le Mexique et en Abya Yala (nom autochtone du continent américain). Elle participe à des réseaux de défense de la Terre-Territoire, en lien avec les luttes contre les mégaprojets miniers, les déplacements forcés et les violences systémiques.

Elle affirme que le corps des femmes et les territoires sont colonisés par les mêmes logiques patriarcales et capitalistes. Son travail met en lumière les résistances féminines qui ne se contentent pas de survivre, mais qui re-existent : elles recréent des mondes, des liens, des savoirs.

Parmi ses publications marquantes :

« Femmes triquis et déplacement forcé : expériences de dépossession et résistances » (2021)

« Colonialité du pouvoir et du genre dans la construction du savoir » (2020)

« Féminicide : une réflexion depuis l’imbrication des oppressions » (2020)

« Femmes autochtones et paysannes en défense du territoire. Re-existences depuis des mondes en relation » (2021)

Elle y développe une critique radicale de la colonialité du savoir, appelant à des épistémologies féministes autres, ancrées dans les pratiques, les récits et les spiritualités des peuples.

Carmen Cariño anime des ateliers, conférences et formations dans des communautés au Mexique, en Amérique latine et en Europe. Elle milite pour une pédagogie décoloniale, où les femmes deviennent sujettes de leur propre histoire, et non objets d’étude. Elle valorise les ontologies relationnelles, les formes de soin communautaire, et les modes de vie non extractivistes.

Carmen Cariño Trujillo incarne un féminisme enraciné, critique et guérisseur, qui refuse les séparations entre savoir et action, entre corps et territoire, entre mémoire et avenir. Sa voix, à la fois douce et tranchante, nous rappelle que résister, c’est aussi re-tisser le monde depuis les marges, les montagnes et les silences.

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