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PHYCHOLOGIE COGNITIVE ET COMPORTEMENTALE / Les 18 schéma précoces d'inadaptation aux monde normal pensant / neurotypique

5 Septembre 2021, 17:24pm

Publié par Gilles Andecq

La personnalité surefficiente se doit de résoudre au sein de sa famille l'équation dysfonctionnelle qui est la sienne. Nous complions ici plusieurs article que nous samplons par commodité et efficacité.

Alors que la personne qui n'a pas de trouble de la personnalité utilise certaines de ces stratégies dans des circonstances spécifiques, celle présentant un trouble de la personnalité les sur-utilise de façon rigide même lorsqu'elles sont clairement désavantageuses.

Par exemple, alors qu'il est adapté d'être méfiant et sur ses gardes dans un coin très criminalisé d'une ville, la personne paranoïaque peut réagir de façon méfiante envers des gens même si les faits objectifs et sa propre expérience lui indiquent qu'ils sont probablement dignes de confiance. Cette rigidité dans les comportements est sous-tendue par une rigidité dans les façons de comprendre et de percevoir les situations.

Les schémas (croyances)

Le concept de schéma cognitif, principalement introduit par Beck, désigne les croyances (connaissances) de base qui constituent la compréhension qu'a une personne d'elle-même, du monde et des autres. Ces croyances s'élaborent à partir des expériences vécues au cours de la vie, celles de l'enfance étant particulièrement marquantes.

La personne "en santé" a des croyances de base adaptées et relatives (je suis une personne raisonnablement compétente; le monde présente des dangers mais est relativement sécuritaire; les gens peuvent être bienveillants, neutres ou malveillants envers moi, etc.). Celle qui présente un trouble de la personnalité, au contraire, détient des croyances extrêmes, négatives, globales et rigides (je suis incompétent, mon univers est hors de mon contrôle, les gens sont indignes de confiance, etc.).

À un moment particulier, selon le contexte et les événements, un schéma (ou un ensemble de schémas) peut être activé ou "dormant". Une fois activé, il constitue la base à partir de laquelle la personne interprète et réagit à la réalité. Chez une personne présentant un trouble de la personnalité, certains schémas sont activés, à tort, dans un très large éventail de situations. Une personne présentant un trouble de la personnalité évitante, par exemple, peut avoir un schéma de danger et de menace activé même lorsqu'elle se trouve avec des gens qui la supportent, ce qui influence l'interprétation des agissements de ces gens (ils ne me trouvent pas intéressant). Cette interprétation détermine ses réactions émotives (anxiété) et ses comportements (retrait). Une personne narcissique peut se conduire de façon compétitive alors qu'elle travaille dans un contexte égalitaire. La personne histrionique peut se conduire de façon théâtrale dans une entrevue pour un emploi.

Chaque trouble de la personnalité repose sur un ensemble spécifique de croyances et de comportements. Par exemple, la personne dépendante croit qu'elle est incompétente et incapable de se débrouiller seule. Elle a alors tendance à surdévelopper des stratégies pour compter sur les autres et éviter les décisions et les défis importants. Elle ne développe pas suffisamment l'autonomie et la capacité de prendre des décisions. La personne évitante croit qu'elle n'est pas digne d'amour ou de considération et qu'elle est vulnérable. Elle a tendance à éviter l'intimité, les critiques et les émotions désagréables. Elle manque d'ouverture, d'affirmation et de tolérance émotionnelle. La personne obsessionnelle-compulsive croit que son monde peut se désorganiser et met donc beaucoup d'emphase sur les règles, la responsabilité et le contrôle. Elle manque de spontanéité, d'insouciance et de flexibilité. La personne borderline partage plusieurs croyances rigides et négatives avec d'autres troubles de personnalité (je suis inadéquat, je suis fautif, je suis vulnérable, je suis impuissant, je vais être abandonné), ce qui conduit à des comportements extrêmes.

Les schémas inadaptés de Young

Young identifie 18 schémas inadaptés, dits schémas précoces d'inadaptation, qui sont sous-jacents à des troubles de la personnalité. Une personne peut toutefois posséder certains de ces schémas à différents degrés (plus ou moins rigides et activés facilement) sans rencontrer tous les critères diagnostiques d'un trouble de la personnalité. Ces schémas se développent tôt dans l'enfance, selon l'expérience vécue, et continuent à s'élaborer tout au long de la vie en servant de base pour l'interprétation de la réalité. Ils sont pris pour acquis et considérés comme irréfutables par la personne, de telle sorte que certaines problématiques qui ont leur origine dans l'enfance peuvent se maintenir longtemps dans la vie adulte.

Ces 18 schémas sont les suivants (tels que présentés par Cottraux et Blackburn):

Schémas précoces de séparation et de rejet

La certitude que ses besoins de sécurité, de stabilité, d'affection, d'empathie, de compréhension, d'approbation et de respect ne seront pas satisfaits. Cette certitude a une origine familiale typique : il s'agit de familles où règnent un climat de séparation, avec explosion, changement, rejet, punitions. Les parents sont stricts, froids ou bien maltraitent l'enfant.

Abandon/instabilité
Le manque de stabilité ou de fiabilité, perçu, de ceux qui offrent soutien et sens de l'appartenance à un groupe. Il s'accompagne du sentiment que les personnes "importantes" ne continueront pas à donner appui, force ou protection parce qu'elles sont émotionnellement instables et changeantes (explosions de colère), peu fiables, ou ne sont pas toujours présentes; parce qu'elles mourront bientôt ou parce qu'elles abandonneront la personne pour quelqu'un de "mieux " qu'elle.
Méfiance/abus
La personne s'attend à ce que les autres la fassent souffrir, la maltraitent, l'humilient, mentent, trichent et profitent d'elle. En général la souffrance infligée est perçue comme intentionnelle ou résultant de négligence extrême et injustifiable. Ceci peut aussi inclure le sentiment d'être constamment défavorisé par rapport aux autres ou de toujours " tirer la courte paille ".
Manque affectif

La personne a la certitude que les autres ne donneront pas le soutient affectif dont elle a besoin. On peut distinguer trois catégories principales :

  • Manque d'apports affectifs : absence d'attention, d'affection, de chaleur, ou d'une présence amicale.
  • Manque d'empathie : absence de quelqu'un de compréhensif qui vous écoute et de quelqu'un à qui parler de soi-même.
  • Manque de protection : absence de quelqu'un de fort qui guide et conseille.
Imperfection/honte
La personne se juge imparfaite, " mauvaise", inférieuer ou incapable; le révéler entraînerait la perte de l'affection des autres. Ceci peut inclure : l'hypersensibilité aux critiques, à l'abandon et au blâme. Il peut exister une gêne, avec des comparaisons avec les autres et un manque de confiance en soi. La personne peut ressentir la honte des imperfections perçues, celles-ci peuvent être internes (par exemple : égoïsme, colère, désirs sexuels inacceptables) ou externes (par exemple : défaut physique, gêne sociale).
Isolement/aliénation
Le sentiment d'être isolé, coupé du reste du monde, différent des autres et/ou de ne faire partie d'aucun groupe ou communauté.
Schémas précoces de manque d'autonomie et performance

Les exigences vis-à-vis de soi-même et du monde externe ne correspondent pas à la capacité (perçue) de survivre, d'agir indépendamment et d'arriver à une réussite suffisante. Ceci peut être lié à une origine familiale typique : famille " étouffante " où l'enfant est surprotégé, la confiance en soi est sapée et les relations en dehors de la famille ne sont pas encouragées : il en résulte un déficit d'apprentissage des compétences sociales.

Dépendance/incompétence
Croire à sa propre incapacité de faire face seul aux responsabilités journalières (par exemple, prendre soin de soi-même, résoudre les problèmes de tous les jours, faire preuve de bon sens, aborder de nouvelles tâches, prendre des décisions). Dit souvent, " je suis incapable de... "
Peur des événements inévitables/incontrôlables

Peur exagérée d'une catastrophe que l'on ne pourra pas éviter. Ces craintes se portent sur une ou plusieurs possibilités:

  • Santé : crise cardiaque, sida
  • Émotions : par exemple perdre la raison
  • Catastrophe naturelle ou phobie : ascenseurs, crime, avions, tremblement de terre.
Surprotection/personnalité atrophiée
Attachement émotionnel excessif à une ou plusieurs personnes, souvent les parents, au détriment d'une adaptation sociale normale. Très souvent, croyance qu'au moins l'un des individus ne peut pas survivre à l'autre, ou être heureux sans lui. Peut avoir le sentiment d'être étouffé par les autres, ou doute de lui-même, de sa propre identité. Sentiment d'être vide, sans but; ou, dans des cas extrêmes, questionne sa propre existence.
Échec
Croyance que l'on a échoué, que l'on échouera, que l'on est incapable de réussir aussi bien que les autres (études, carrière, sports, etc.). Souvent, la personne se juge stupide, inepte, sans talent, ignorante, inférieure aux autres, etc.
Schémas précoces de manque de limites

Il peut s'agir de manque de limites internes, de manque de responsabilité envers les autres, ou de l'incapacité à soutenir des buts à long terme. Ceci peut mener à des problèmes concernant les droits des autres, ou concernant ses propres objectifs. L'origine familiale typique est à rechercher du côté de parents faibles, trop indulgents, qui ne peuvent faire appliquer la discipline. L'enfant n'est pas encouragé à prendre des responsabilités, à tolérer un certain manque de confort, ou n'est pas suffisamment surveillé et guidé.

Droits personnels/dominance
Ceci correspond au besoin de faire, ou d'obtenir, exactement ce que l'on veut sans considérer ce qu'il en coûte aux autres; ou à une tendance excessive à affirmer sa force, son point de vue et à contrôler les autres à son propre avantage sans considérer leur désir d'autonomie. Le sujet est caractérisé par des exigences excessives et un manque général d'empathie.
Manque de contrôle de soi/discipline personnelle
Le problème central est l'incapacité ou le refus de contrôle de soi. La personne ne peut supporter d'être frustrée dans ses désirs et est incapable de modérer l'expression de ses émotions et impulsions. Sous une forme atténuée: elle essaie à tout prix d'éviter ce qui est pénible tels que les conflits, les confrontations, les responsabilités et l'effort, au détriment d'un sens de la satisfaction personnelle ou de son intégrité.
Schémas précoces de dépendance aux autres

Ils correspondent globalement à une importance excessive attachée aux besoins, désirs, réactions des autres, aux dépens de ses propres besoins afin d'obtenir leur affection ou leur approbation, par peur d'être abandonné ou pour éviter les représailles. Fréquemment, il existe une colère refoulée dont la personne n'est pas consciente. L'origine familiale de ce schéma doit être recherchée du côté d'une affection qui relève du conditionnel : pour se sentir aimé de ses parents, pour obtenir leur approbation, l'enfant réprime ses tendances naturelles. Les besoins des parents (affectifs, sociaux, leur style de vie) passent avant les besoins et réactions de l'enfant.

Assujettissement
Le comportement, l'expression des émotions, les décisions, sont totalement soumis aux autres parce ce qu'on se sent forcé d'agir ainsi, en général pour éviter colère, représailles ou abandon. Selon la personne, ses propres désirs, opinions et sentiments ne comptent pas pour les autres. En général, elle montre une docilité excessive mais réagit vivement si elle se sent prise au piège. Il existe presque toujours, une colère refoulée contre ceux à qui il se soumet, provoquant des troubles de personnalité (par exemple : comportement passif/agressif, explosion de colère, symptômes psychosomatiques, troubles affectifs, drogues).
Abnégation
Un souci exagéré de toujours considérer les autres avant soi-même; cette considération est volontaire. Les raisons sont en général : peur de faire de la peine aux autres; pour éviter de se sentir coupable d'égoïsme; ou pour maintenir un contact perçu comme nécessaire aux autres. Mène souvent à une hypersensibilité aux souffrances des autres. La personne peut éprouver le sentiment que ses propres besoins ne sont jamais satisfaits, d'où un ressentiment envers les autres.
Besoin d'approbation
Le problème central est un besoin excessif de l'attention, de l'estime et de l'approbation des autres; ou faire ce que les autres demandent, que cela corresponde ou non à ce que l'on veut de soi-même. L'estime de soi est formée à partir des réactions des autres et non à partir d'opinions et de valeurs personnelles. Parfois, une importance exagérée est accordée au style de vie, aux apparences, à l'argent, à la concurrence ou à la réussite - être le meilleur, le plus populaire - afin d'obtenir estime ou approbation. Fréquemment, les choix importants de la vie sont faits sans rapport avec le sujet; ou sont des choix qui n'apporteront pas de satisfaction; hypersensibilité au rejet; ou envie de ceux qui ont mieux réussi.
Schémas précoces d'hypervigilance et inhibition

Le problème principal est le contrôle exagéré des réactions, des sentiments et des choix pour éviter les erreurs ou pour maintenir des règles personnelles rigides dans sa conduite et dans sa performance, souvent aux dépens d'autres aspects de la vie: plaisirs, loisirs, amis; ou au détriment de sa santé. Origine familiale typique : sans joie; travail, devoir, perfectionnisme, obéissance, éviter les erreurs, sont des considérations beaucoup plus importantes que bonheur, joie, détente. Souvent, pessimisme et anxiété sont apparents : tout pourrait se désagréger si l'on ne se montre pas toujours vigilant.

Peur d'événements évitables/négativité
Est au premier plan la crainte exagérée que, dans des contextes divers (travail, situation pécuniaire, relations interpersonnelles), tout va tourner au pire; ou bien on retrouve une prise en considération fréquente et persistante de tous les aspects négatifs de la vie : souffrance, mort, conflit, culpabilité, ressentiment, problèmes non-résolus, erreurs possibles, etc., qui s'accompagne d'une minimisation ou d'un déni des aspects positifs et optimistes. Souvent, il existe une peur exagérée de commettre des erreurs et la crainte de leurs conséquences : ruine, humiliation, situation intolérable. Ces personnes sont fréquemment anxieuses, pessimistes, mécontentes et indécises.
Surcontrôle

Le contrôle excessif des réactions spontanées (actions, sentiments, paroles) est là généralement pour éviter les erreurs, la désapprobation d'autrui, les catastrophes, le chaos ou par peur de ne pouvoir maîtriser ses impulsions. On peut distinguer :

  • La répression de la colère et de l'agressivité.
  • Le besoin compulsif d'ordre et de précision.
  • La répression d'impulsions positives (joie, affection, excitation sexuelle, jeux).
  • L'adhérence excessive à la routine et au rituel.
  • La difficulté à reconnaître ses propres faiblesses, ou à exprimer facilement ses propres sentiments ou besoins. Souvent ces attitudes sont appliquées aux proches.
Idéaux exigeants

La conviction que l'on doit s'efforcer d'atteindre et de maintenir un niveau de perfection dans son comportement ou sa performance représente un idéal destiné à éviter les critiques. Ces exigences amènent à une tension constante; s'arrêter dans ses efforts ou se détendre devient impossible. Une critique constante de soi-même et des autres est effectuée. Par conséquent la personne souffre des déficits de plaisirs, détente, santé, estime de soi, satisfaction personnelle et relations interpersonnelles. On peut distinguer :

  • Le perfectionnisme, importance excessive attachée aux détails et sous-estimation de sa propre performance.
  • Des règles rigides; l'importance du devoir. Ces règles s'appliquent à de nombreux aspects de la vie : morale, culture, religion.
  • Préoccupation constante de temps et d'efficacité : toujours faire plus et mieux.
Punition
La tendance à se montrer intolérant, très critique, impatient et à " punir " les autres, et soi-même, s'ils n'atteignent pas le niveau de perfection que l'on exige. Ceci entraîne : la difficulté à pardonner les erreurs ou les imperfections - en soi ou chez les autres - l'incapacité de considérer les circonstances atténuantes; et un manque d'empathie, de flexibilité, ou l'incapacité d'admettre un autre point de vue.

La rigidité des schémas

La personne "en santé" ajuste ses schémas (ses croyances) à mesure qu'elle expérimente de nouvelles situations, ce qui lui permet de développer des comportements variés, adaptés aux différentes situations. Les schémas inadaptés présents dans les troubles de la personnalité ont cependant tendance à se maintenir. Young décrit trois types de processus ou de stratégies qui contribuent à ce maintien. Selon qu'une personne met davantage en oeuvre l'un ou l'autre de ces types de processus, elle vit différemment un schéma: elle capitule, fuit ou contre-attaque. La plupart des gens ont recours à un mélange de ces stratégies.

Le maintien des schémas (capitulation):

La personne pense, ressent et réagit selon son schéma. Elle juge incorrectement les gens et les circonstances de façon qui renforce les croyances reliées à son schéma. Elle crée des situations et choisit des relations qui entretiennent son schéma. Diverses distorsions cognitives maintiennent les jugements erronés. Par exemple, l'attention sélective consiste à ne voir que les faits qui confirment le schéma. Ainsi la personne histrionique peut ne pas remarquer qu'elle est souvent plus appréciée lorsqu'elle est plus discrète. Nous présentons dans le Dossier Dépression (section Processus cognitifs) les différents types de distorsions cognitives par lesquelles l'interprétation de la réalité peut être biaisée de façon à se conformer aux schémas. Il est fréquent de recréer et de rechercher les contextes familiers dans lesquels nous avons grandi. Par exemple, la personne qui a le schéma d'imperfection trouve naturel de tolérer des gens qui la critiquent, ce qui maintient son schéma. Elle se comporte de telle sorte qu'on continue à la critiquer et à la déprécier. De même, l'apparente froideur de la personne qui a un schéma d'exclusion influe sur l'accueil que lui font les gens. La personne qui a un schéma d'abandon (croyance qu'elle est toujours susceptible d'être abandonnée) trouve souvent naturel d'investir dans la relation avec un partenaire qui craint de s'engager.

L'évitement des schémas (fuite):

La personne évite de penser à des questions reliées au schéma et évite les situations qui peuvent activer le schéma et faire vivre des sentiments négatifs de tristesse, de honte, d'anxiété ou de colère. Elle est souvent inconsciente de l'existence de son schéma. Elle le nie. La personne avec un sentiment d'imperfection peut fuir l'intimité. La personne avec un schéma d'exclusion peut fuir les rassemblements, les réunions de travail, les congrès, les partys. La personne ayant le schéma d'échec peut fuir le travail, les études et les nouveaux projets. La personne avec un schéma de dépendance peut fuir les situations où elle doit faire preuve d'autonomie. Ces évitements empêchent de tester ses schémas et de les modifier graduellement.

La compensation (contre-attaque):

La personne pense et réagit de façon opposée à son schéma. Cependant ses comportements sont souvent trop extrêmes et contribuent à maintenir son schéma. Par exemple, la personne avec un schéma de carence affective peut tellement réclamer d'attention qu'elle éloigne les autres et se retrouve encore plus privée d'affection. Une personne peut développer un sentiment de supériorité qui est à l'opposé du sentiment d'imperfection vécu dans l'enfance. Elle peut consacrer beaucoup d'énergie à son prestige et à sa situation sociale et choisir ses relations de façon à se sentir supérieur. Cette contre-attaque empêche toutefois, entre autres, l'intimité.

La conscientisation des schémas

La personne pour qui un ou des schémas représentent un problème n'en a souvent pas conscience. Soit parce que les croyances associées à ces schémas lui semblent tellement naturelles et évidentes qu'elles ne sont pas remarquées, soit parce qu'elle évite ou contre-attaque (voir La rigidité des schémas). Toutefois, ces schémas déterminent l'interprétation des situations que la personne vit, c'est-à-dire ce qu'elle se dit au sujet de ces situations. Ces interprétations, appelées pensées automatiques, sont des pensées observables plus facilement accessibles à la conscience que les schémas. Par exemples: qu'est-ce que les gens vont dire?; il faut que tout soit fait à temps; comment osent-ils me traiter ainsi?; il se désintéresse de moi; je ne suis pas capable de rester seule, etc.. Les pensées automatiques manquent souvent d'objectivité et présentent des biais cognitifs. Elles sont logiques par rapport aux croyances sous-jacentes mais elles sont souvent inexactes dans la situation vécue. Elles présentent, ce qui a été appelé des distorsions cognitives.

Ces interprétations de la réalité déterminent les émotions et les comportements. Par exemple, la personne obsessionnelle-compulsive peut être anxieuse dans une situation où elle craint de ne pas performer assez bien. Ce qui peut l'amener à prendre trop de temps et d'énergie, à dépasser ses limites et à négliger d'autres besoins pour que tout soit parfait dans les moindres détails, etc.. La personne narcissique peut devenir agressive si elle n'obtient pas un traitement de faveur. C'est l'observation des pensées automatiques, des réactions émotives et des comportements qui peuvent mettre la puce à l'oreille concernant les croyances qui les sous-tendent.

Les 18  schémas de Young

Séparation et rejet :
  • schéma abandon / instabilité,
  • schéma méfiance/abus,
  • schéma carence affective,
  • schéma imperfection/honte,
  • schéma isolement social;
Manque d’autonomie et de performance :
  • schéma dépendance/incompétence,
  • schéma peur du danger ou de la maladie,
  • schéma relation fusionnelle/personnalité atrophiée,
  • schéma échec.
Manque de limites :
  • schéma droits personnels exagérés/grandeur,
  • schéma contrôle de soi/autodiscipline insuffisante.
Orientation vers les autres :
  • schéma assujettissement,
  • schéma abnégation/sacrifice de soi,
  • schéma recherche d’approbation et de reconnaissance.
Survigilance et inhibition :
  • schéma négativité/pessimisme,
  • schéma surcontrôle émotionnel,
  • schéma idéaux exigeants/critique excessive,
  • schéma punition.

Ces schémas peuvent être identifiés grâce au questionnaire des schémas de Young, actuellement disponible dans sa 3ème édition

1ère vague des TCC : habituation et conditionnements

Le conditionnement répondant

Ivan Petrovitch Pavlov, médecin russe lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1904 a établi le principe du conditionnement répondant également à présent appelé « conditionnement pavlovien » ou « conditionnement classique ».
Un apprentissage automatique pour favoriser la survie de l'espèce
Au cours de l’évolution des espèces, la pression sélective a favorisé le développement de processus élaborés grâce auxquels les individus peuvent établir des relations entre différents stimuli. Des stimuli auparavent sans signification particulière peuvent devenir les signaux qui annoncent des stimuli essentiels pour la survie et déclencher de fortes réactions.
 
Le conditionnement répondant est le fait de
donner une nouvelle signification à un stimulus
en fonction de son association avec un autre
et de réagir aux deux stimuli d’une façon semblable.
Variables et mécanismes
Les réactions inconditionnées
Les éthologistes comme Nikolaas Tinbergen et Konrad Lorenz (lauréats du Prix Nobel de Médecine ou de Physiologie en 1973), ont établi que certains stimuli déclenchent des réactions innées qui favorisent la survie de l’espèce. Ces réactions ne sont pas « conditionnées » par des expériences antérieures, elles ont donc été appelées « inconditionnelles » par Pavlov (ou « inconditionnée »), elles se font de manière réflexe.

L’apparition soudaine ou la modification d’un tel stimulus entraîne « inconditionnellement » une mobilisation de notre attention. Pavlov appelle cela la réaction d’orientation cette mobilisation attentionnelle a pour but de préparer l'organisme à réagir rapidement.
Principe du conditionnement et variables
L'expérience princepts de Pavlov en 1903 sur le conditionnement des chiens va illustrer comment on peut transformer un stimulus neutre (SN) en un Stimulus Conditionnel (SC) par association répétée avec un stimulus inconditionnel (SI).
  1. Le SI utilisé par Pavlov est la nourriture, qui provoque en réponse inconditionnelle (RI) la salivation du chien. On note : SI → RI.
  2. D'autre part Pavlov utilise une cloche dont le tintement n'entraîne aucune réaction de salivation comme stimulus neutre (SN).
  3. Pavlov va de manière répétée faire tinter la cloche peu avant (la contiguité temporelle est importante pour que cela fonctionne) de servir de la nourriture au chien. On note : SI + SN → RI.
  4. On bout d'un moment, le simple tintement de la cloche entraînement une réponse de salivation du chien. On a donc : SC → RC.
Ce type d’apprentissage (implicite) d’une nouvelle signification permet d’expliquer de nombreuses réactions affectives et psychosomatiques chez l'Homme.

C'est un des mécanismes clés qui permet d'expliquer de nombreuses réactions pathologiques (notamment dans les phobies) et dont la compréhension est essentielle dans le cadre des TCC.

L’habituation

L’habituation est la diminution d’une réaction suite à la répétition du stimulus qui la suscite.

Cela permet de libérer l’attention du stimuli et de pouvoir la focaliser sur autre chose.
 
L’habituation est l’un des grands principes utilisé en TCC,
notamment dans les techniques d'exposition.

La courbe d'habituation illustre la variation de la réponse physiologique (ici l'intensité émotionnelle) en fonction du temps d'exposition au stimulus. Typiquement dans le cas des phobies il s'agit d'un stimulus phobogène (suscitant la peur chez le patient) et la réponse est une réponse d'angoisse.

Courbe d\'habituation
On voit que, contrairement à ce que redoute la personne souffrant de phobie ou de crise d'angoisse, la réponse émotionnelle, bien que pouvant être intense et très désagréable à vivre, ne monte pas de manière indéfinie et ne risque donc pas de provoquer le decès (hors problème cardiaque avéré). Au contraire l'intensité émotionnelle finit par atteindre un plateau et, au bout d'un temps, redescend.

A mesure que les expositions sont répétées et (sous réserve de respecter un protocole précis), l'activation physiologique va diminuer, le plateau sera atteint plus rapidement et de moindre intensité, la descente sera également atteinte plus rapidement. Au bout d'un certain nombre de séances d'exposition on aura une extinction de la réponse grâce à une habituation complète.

Il peut également y avoir un phénomène de déshabituation, c'est-à-dire une réapparition de la réponse habituée si le stimulus d’habituation n’est plus présenté pendant longtemps.

La sensibilisation

Diminution du seuil de déclenchement d’une réponse suite à l’apparition répétée d’un stimulus ou l’apparition d’un autre stimulus.
  • Lorsque les stimuli d’exposition sont trop intenses, fréquents ou persistants, les réactions émotionnelles peuvent s’intensifier.
  • Si mon collègue tapote régulièrement son stylo sur le bureau, je vais m'irriter de plus en plus en intensité et rapidité.
  • Si je rumine régulièrement les mêmes pensées en boucle, je vais entretenir des pensées de plus en plus hostiles.

La sensibilisation a une valeur adaptative : elle va me rendre plus sensible à une situation qui pourrait mettre en péril ma vie.
 
C'est souvent l'intensité du stimulus auquel on est soumis qui va déterminer si notre réaction va être une réaction d'habituation ou de sensibilisation.

Les stimuli de forte intensité créent en général une sensibilisation.

Lors de la thérapie on va donc établir une hiérarchie de situations problèmes selon le degré d'émotion (typiquement angoisse) qu'elle provoque chez la personne :
  • Quand la personne évalue l’émotion au-dessus de 60 % de sa valeur maximale, on a de grands risques d’une sensibilisation.
  • De 30 à 60 %, il est déjà utile de travailler avec son thérapeute.
  • De 0 à 30% on pourra avoir une habituation, ce sont ces situations que l'on va travailler en exposition pour éviter une sensibilisation.
Si l'on se risquait à faire de l'exposition sur des situations cotées à plus de 60% d'intensité, même si la séance se déroulait bien a priori, on aurait en réalité une sensibilisation. 

La généralisation

La généralisation est l’extension du pouvoir motivant d’un stimulus « initial » à des stimuli plus ou moins similaires auxquels il n’a pas été directement associé.

C’est un processus utile pour la survie de l’espèce : il provoque la réaction d’alerte dès les premiers indices d’un changement potentiel.

Note : les processus mémoriels participent à la généralisation car le souvenir stocké dans la mémoire à long terme comprend moins de détails que la situation intitiale.

On observe beaucoup de généralisation dans les phobies non traitées : une personne ayant une phobie des rats peut rapidement développer une phobie de tous les petits animaux à fourrure comme les chats ou certains chiens. Le cas historique du petit Albert (John Watson et Rosalie Rayner) illustre parfaitement un phénomène de généralisation de ce type.

Une expérience de se retrouver coincé longtemps dans un ascenceur dans des conditions stressantes peut amener à une agoraphobie, c'est à dire de souffrir d'anxiété dans des endroits isolés ou des foules, en réalité partout où on risque de se sentir coincé et de ne pas obtenir rapidement de l'aide.

La discrimination

Réagir de façon déterminée à un stimulus et différemment à un stimulus qui ressemble au premier sans être identique.

Pavlov a réalisé l'expérience suivante :
  • Pendant la moitié des séances : présentation d’un son de 1000Hz (SC1) + présentation de nourriture
  • Durant l'autre moitié : présentation d'un son de 900Hz (SC2) sans nourriture.
  • Au début des séances les chiens répondent aux 2 SC, puis seulement à celui de 1000Hz.
Note : les situations qui induisent de fortes réactions de type colère ou peur réduisent sensiblement la capacité de discrimination des stimuli qui présente des similitudes (réaction de focalisation).

L’extinction

La disparition du pouvoir activateur qu’avait acquis un stimulus suite à un conditionnement.

La plupart du temps en thérapie l'extinction est obtenue par une habituation résultant de séances d'exposition.

L'extinction se produit quand l’individu est confronté plus ou moins longtemps à un stimulus et que le SC dont il était devenu le signal de la RC n’apparait plus en connexion avec le SI. Ces expériences doivent être longues et répétées.

La récupération spontanée après extinction : une anxiété peut réapparaitre si la personne n’a plus été confrontée aux stimuli anxiogènes (déshabituation) ou si la personne est particulièrement stressée (cf. modèle de vulnérabilité-stress de Zubin et Spring). Après récupération spontanée, l’extinction sera toutefois plus rapide à obtenir à nouveau.

Effet de sommation

La répétition d’événements subtraumatiques peut avoir le même effet qu’un événement traumatique.

On trouve notamment ce type d'effet dans le cadre professionnel (les risques psychosociaux). Par exemple l'accumulation de stress dû à un environnement de travail bruyant.

Le conditionnement de second ordre

Un stimulus acquiert une nouvelle signification parce qu’il est associé à un stimulus conditionnel.
 

1ère phase :
  • on associe Métronome (SN) + nourriture (SI) ⇒ salivation (RI)
  • on obtient donc Métronome (SC) ⇒ salivation (RC)
2ᵉ phase :
  • couplage répété d’un carré noir (SC2) au métronome (SC1).
  • Après apprentissage, le carré noir (SC2) provoque la salivation (RC), même s’il n’a jamais été directement associé au SI.
Toutefois les réactions vont être moins fortes et être moins durables.

L’effet de préexposition ou « inhibition latente »

Ralentissement du développement d’une réponse conditionnée causé par la présentation préalable du stimulus neutre seul.
 
Utilisation de l’effet de préexposition dans la prévention des nausées causées par la chimiothérapie :
Procédure de préexposition : administrer sous perfusion des substances sans effet émétique avant l’administration de traitement qui en ont. On va ainsi ralentir l'association possible entre la perfusion et le fait de devenir nauséeux.

Conditionnement paradoxal et la réponse compensatoire

Réaction conditionnée opposée à la réaction inconditionnée qui se produit lorsqu’un stimulus est sur le point de produire un déséquilibre dans l’organisme (principe d'homéostasie).

Cette réaction est étroitement dépendante d’un contexte précis auquel on aura été conditionné.
2ème vague : le cognitivisme
« Ce ne sont pas les événements de leur vie qui affectent les humains mais l’idée qu’ils s’en font »
Epictète.

C’est le principe premier de la thérapie cognitive : ce n’est pas le monde extérieur qui est la cause de nos émotions et de notre humeur, mais uniquement la représentation que l’on en a et les pensées qui nous traversent l’esprit.

Le principal enseignement de la psychologie est que la perception et l’expérience perceptive sont des processus actifs qui impliquent des données objectives (réalistes) et subjectives (plus personnelles, liées à la culture, éducation…) qui agissent comme un premier filtre.

Les pensées d’une personne représentent ainsi la synthèse :
  • des stimuli externes,
  • des stimuli internes (système de représentations sensorielles, conceptuelles et verbales) qui agissent comme un second filtre.

En psychologie cognitive on considère que deux types de processus coopèrent pour répondre aux exigences de notre espèce : des processus conscients et des processus inconscients.

Daniel Kahneman, docteur en psychologie et lauréat du prix Nobel d’économie en 2002, a décrit la différence entre ce que nous faisons de manière automatique et ce que nous contrôlons : « Les deux vitesses de la pensée » :
  1. Les processus de pensées automatiques sont rapides, efficaces et hors du domaine de la pensée consciente, dépourvus de délibération ou de planification. Ils ne requièrent qu’un simple stimulus (réflexes). Par exemple : le lecture d'un mot, éviter un bus, effectuer un jugement sur une personne, émettre un comportement routinier (se servir un verre en rentrant le soir).
  2. Les processus contrôlés tels que la décision, la réflexion consciente sont nettement plus lents et demandent un effort.

L’inconscient des cognitivistes

L’inconscient des cognitivistes est essentiellement un système de croyances, de schémas et de pensées. Il est rapide et efficace (se fait de manière automatisée) et par conséquent prime souvent sur le réseau conscient. On se rend rarement compte qu’il a déjà fait son travail avant qu’on ait pris une décision, ce système va déjà préfiltrer les informations.

L'inconscient rassemble les différents systèmes psychologiques :
  • cognitif (représentations mentales plus ou moins abstraites),
  • motivationnel,
  • émotionnel (affectivité, infos pulsionnelles et émotionnelles),

Les schémas

Les thérapies cognitives sont fondées sur la notion de schémas cognitifs.
 
Il s’agit de structures abstraites de représentations des connaissances et des expériences antérieures inscrites en mémoire à long terme.

Ces structures fonctionnelles stables qui gèrent toutes les étapes du traitement de l’information :
  • filtrage et sélection des informations nouvelles,
  • organisation des informations stockées en MLT,
  • récupération des informations en MLT,
  • gestion de l’action.
Chaque schéma est un ensemble de représentations inconscientes sensorielles, motrices, conceptuelles et verbales qui forment une structure cognitive stable.

Ils contiennent les connaissances de l’expérience passée de l’individu.
« Ils permettent de nommer, classifier, interpréter, évaluer et donner une signification aux objets et événements »
Beck et Emery, 1985.

En plus de structurer l’organisation de l’information et la compréhension des événements, ils influencent aussi le rappel de l’information contenue dans la mémoire.
« Chaque individu développe au cours de sa vie des schémas représentant l’information concernant les conséquences probables d’un événement et sur la façon d’y faire face »
« Le concept de schéma propose une façon de comprendre et d’intégrer l’ensemble des comportements, des cognitions et des réactions physiologiques et émotionnelles formant les éléments fondamentaux de la psychopathologie »
Bouchard et Freeston, 1995.

Les schémas génèrent à la fois les émotions, les cognitions et les comportements. Ils peuvent prendre la forme d’un sentiment exagéré de vulnérabilité ou d’une représentation exagérée de la menace reliée à un stimulus.

Modèle du traitement de l’information de Beck

L’organisme traite l’information en fonction de schémas cognitifs acquis. Les schémas, à travers des processus cognitifs (filtres), sélectionnent l’information issue de l’environnement et la transforment en événements cognitifs (monologues intérieurs, images mentales). Ces événements cognitifs vont participer au déclenchement et au maintien des comportements.

Schéma modèle cognitif traitement de l\'information

Dans la théorie de Beck, on a les schémas cognitifs, les processus cognitifs (distorsions cognitives) et en dernier lieu les événements cognitifs (pensées dysfonctionnelles).
Schémas → Processus cognitifs → Événements cognitifs

Ces schémas se traduisent par une attention sélective vis-à-vis des événements qui les confirment : ils représentent donc une prédiction qui se réalise et se traduisent par une vulnérabilité cognitive individuelle. Les schémas fonctionnent comme des filtres de lunette ne laissant passer qu'une partie de la réalité conforme au schéma.
Schéma d’incompétence : Lorsque je parle en public, j’ai l’impression que tout le monde trouve que je ne suis pas à la intéresant. Si deux personnes parlent entre elles, sourient, cette information sera plus importante que le reste de l’information, je ne verrais pas les personnes qui montrent de l’intérêt.
 
Pour les personnes en dépression : quand le schéma de dépression est activé, le passé est retraité en fonction de ce schéma, l’avenir est projeté en fonction de ce schéma et le présent est filtré par ce schéma, c'est ainsi que l'on arrive à la triade cognitive de la dépression.
Le schéma cognitif dépressif
 
D'après Beck, chaque trouble psychopathologique résulte d’interprétations inadaptées concernant soi-même, l’environnement actuel et le futur.
 
La façon dont une personne s'écoute ou se donne des instructions, se félicite ou se critique, interprète les événements et fait des prévisions, explique non seulement son comportement normal, mais éclaircit aussi le fonctionnement interne dans les troubles émotionnels.
A.T. Beck

Les schémas pathologiques sont des structures mentales sélectionnées, parce qu'elles sont fonctionnelles pour un environnement à un moment donné, mais elles deviennent inadaptées à un autre environnement à un autre moment. Les schémas influencent les stratégies individuelles d’adaptation. Les schémas cognitifs sont qualifiés de pathologiques dès lors qu'ils ne permettent plus à la personne de s'adapter à son environnement et de satisfaire ses besoins, ils sont alors dérégulateurs.

La thérapie cognitive

Apprendre à s'auto-observer
À force de ne pas comprendre ce qui se passe, de valider tout le temps ce qui va dans le sens du schéma dysfonctionnel, le problème va s'accroitre. Cette activation intense des schémas les rend de plus en plus rigides, imperméables, sur-incluants et concrets.
 
Le cœur du travail en thérapie cognitive consiste donc à rendre le patient conscient des distorsions de sa pensée et lui réapprendre à prêter attention à toutes les informations qui vont à l’encontre du schéma afin de l'assouplir.

Plus un schéma est acquis tôt, plus il est difficile à assouplir. Pour les personnes qui ont des scénarios de vie, on est en général dans des schémas précocement acquis.

Quand le schéma s’active, il traite l’information de manière inconsciente et tant qu’il est inconscient, il traite l’information de manière très rigide. L’inconscient est tellement efficace que généralement on ne se rend pas compte qu'un filtre nous a amené à réagir d'une certaine manière.
L'interaction des pensées automatiques avec les schémas
L'objectif de la thérapie cognitive sera d'aider le patient à identifier les pensées automatiques qui sont induites par le schéma. Elles en sont en effet à la fois la conséquence et le versant accessible à la conscience. Autrement dit, la manière dont une personne appréhende une situation est rendue lisible par le biais de ses cognitions (pensées et images). Ces cognitions renvoient au filtre dont la personne dispose pour percevoir le monde au travers duquel on repère sa vision d’elle-même, du monde, du passé, du futur. Une fois les pensées automatiques identifiées, on pourra également travailler sur les biais cognitifs associés et aider le patient à mettre de la distance avec ces manifestations du schéma.

Les schémas cognitifs et les pensées automatiques s'influencent mutuellement : les schémas produisent des pensées automatiques et de même, en retour, les pensées automatiques les renforcent ou les modifient.
 
La correction des troubles de la pensée, des pensées dysfonctionnelles,
entraine une amélioration clinique chez les patients.
 
« Les problèmes psychologiques peuvent donc être maitrisés en affinant les discriminations, en corrigeant les erreurs d’interprétation et en apprenant les attitudes plus adaptées. »

« Comme l’introspection, la finesse, la mise à l’épreuve de la réalité sont des processus cognitifs, cette approche des névroses a été dénommée ’thérapie cognitive’ »
A.T. Beck

La clé de voute de la thérapie cognitive est la restructuration cognitive.
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