NEUROPHYSIOLOGIE / Le troisième cerveau
Plus loin que le pseudo-non-dualisme d'Alain Berthoz qui croit à la conscience d'Husserl et de Merleau-Ponty (Philosophie magazine, avril 2016, p. 68), il faut comprendre que notre pensée ne se limite pas à notre cerveau, en ce que nous comportons tous trois "systèmes nerveux" en dehors du système nerveux moteur, comme autant de "cerveaux". Ainsi comme le présageait les Grecs on ne peut réduire le mental au cérébral, il tenait compte du souffle (rythme de la respiration et battement du coeur en quelque sorte) et des viscères. Nous vous avions donné les 3 noms grecs pour cela... Donc, nous comportons tous trois à quatre "systèmes nerveux" distincts, suivant comment on les distingue.
- le système nerveux central (SNC). C'est le cerveau encéphalique ou premier cerveau avec 100 milliards de neurones tout en oubliant pas les 100 millions de neurones de la moelle épinière.
Vient ensuite ce qu'on hiérarchise trop vite comme le Système nerveux périphérique, composé de trois entités :
- le système nerveux somatique (SNS). Ce sont l'ensemble des nerfs qui irriguent les fibres musculaires dont le neurotransmetteur synaptique principal est l'acétylcholine. Il influence le système nerveux autonome avec les afférences des organes des sens, des extérocepteurs et des propriocepteurs.
- le système nerveux autonome (SNA), dont fait partie le "cerveau du coeur" ou deuxième cerveau dont nous vous parlions auparavant. Seulement 40 000 neurones. Il est composé de voies afférentes (composées par les ganglions sensoriels crâniens) relayant les informations sensitives, comme les mesures de la pression artérielle ou de la teneur en oxygène du sang. Ces informations convergent au niveau d'un centre intégrateur, le noyau du tractus solitaire, situé dans le système nerveux central. Celui-ci envoie des informations dans les voies efférentes pour modifier par exemple la dilatation des bronches ou la libération de sucs digestifs (voir SNE, en fait). La partie efférente du système nerveux autonome est divisée en deux composantes aux fonctions antagonistes, le système nerveux orthosympathique et le système nerveux parasympathique. On l'appelle aussi le système nerveux viscéral ou encore le système nerveux végétatif. Il est la partie du système nerveux responsable des fonctions non soumises au contrôle volontaire. Il contrôle notamment les muscles lisses (digestion, vascularisation...), les muscles cardiaques, la majorité des glandes exocrines (digestion, sudation...) et certaines glandes endocrines.
- enfin le système nerveux entérique (SNE), 100 à 200 millions de neurones, d'autres estimations telles que rapportées sur wikipédia parlent de 500 millions, soit 200 fois moins que dans le cerveau. L'appartenance du système nerveux entérique au système nerveux autonome est discutée. Il est composé de deux plexus ganglionnaire (le plexus de Meissner et le plexus Auerbach) qui s'inscrivent dans les parois de l'intestin. Ces ganglions (comme il en existe chez les insectes), possèdent des neurones entériques et les cellules de la glie, ils naissent de la même zone embronnaire que les neurones du système nerveux central. Ils comprennent aussi des cellules de Cajal, d’origine mésodermique de la splanchnopleure jouent un rôle de contrôle du rythme péristaltique en imposant aux léiomyocytes des trains d’ondes. Ces deux plexus contrôlent l'onde péristaltique qui coordonne et propage l'activité contractile des deux couches musculaires de l'intestin : l'une, externe, est formée de fibres longitudinales, l'autre, interne et plus épaisse, de fibres circulaires. Le Pr Michael Gershon, de l'Université Columbia de New York, étudie depuis 30 ans ce cerveau d'en bas. D'après ses travaux, le système nerveux entérique communique constamment avec le système nerveux central, par le biais du nerf dit vague ou pneumogastrique.
L'expression abusive cerveau du cœur provient de J Andrew Armour dans un texte de 1991. «Il y a un cerveau dans le cœur, métaphoriquement parlant», a déclaré, quant à lui, le Dr Rollin McCraty de l’Institut HeartMath, dot nous nous étions inspiré à l'époque. Ce n'est qu'une petite part du système nerveux autonome, en fait, faisant du cœur un muscle à part avec ceux du ventre. Cet article n'a rien d'inédit puisque après recherche Olivier Zara est arrivé aux mêmes conclusions dès juillet 2014 quant aux trois cerveaux, mais, pour échapper au ridicule de la pseudo-science, nous avons voulu replacer le côté sensationnel des trois cerveaux dans le contexte des systèmes nerveux qui leur sont propres.
Histoire de donner les autres inepties en cours et pas seulement les notres, hihi, précisons qu'il ne s'agit pas là du troisième cerveau décrit ou supposé par jean michel Oughourlian
Le premier cerveau cognitif et rationnel
Le deuxième cerveau émotionnel et affectif
Le troisième cerveau mimétique et relationnel
Il n'y aurait plus de possibilité de se singulariser, si on écoutait Ourghourlian assaillis que nous serions de désirs mimétiques (l'une des quatre formes d'imitation). L'interdit serait constitutif de l'intensification du désir (qui resterait faible) et son absence ferait que le désir s'affole et qu'il ne sait plus où donne de la tête. Là c'est ma tête qui ne sait plus où donner des idées. il s'agt là comme avec Girard du retour du refoulement et des idées chrétiennes.
Bibligraphie :
Cécile Denjean, auteur du documentaire Le ventre notre deuxième cerveau, Arte France, 2013, 55 minutes
Encyclopédia Universalis, Article sur le péristaltisme.
« Le Ventre, notre deuxième cerveau », Sciences et Avenir, no N°784, juin 2012, p. 51 « L'intestin produit 95% de la sérotonine.(...) on sait que 95% de la sérotonine du corps est produite dans l'intestin »
Pr Franscica Joly Gomez, L'intestin, notre deuxième cerveau, Comprendre son rôle clé et préserver sa santé. Marabout Poche, février 2016, pp. 58-64.
Éliane Patriarca, « L’intestin, notre muraille de Chine »
Emma Young, « Gut Instincts: The Secrets of your Second Brain », New Scientist, 17 décembre 2012.
Ce type de connaissance a des retombées sur différentes maladies comme la maladie coeliaque (du nom actuel du plexus solaire renommé coeliaque), comme le diabète ou comme la maladie de parkinson : « On s’est aperçu que la maladie de Parkinson, qui s’attaque aux neurones du cerveau, s’en prend aussi à ceux du ventre. Cette maladie neurodégénérative démarre longtemps avant que les premiers troubles moteurs n’apparaissent. Or, quand les tremblements surviennent, il est trop tard puisque 70 % des neurones sont déjà détruits. Si on arrivait à diagnostiquer Parkinson dix à vingt ans plus tôt par une simple biopsie intestinale de routine, cela pourraitpermettre d’anticiper sur la destruction de neurones », estime Cécile Denjean. Au CHU de Nantes, des médecins confirment qu’une simple biopsie intestinale peut diagnostiquer la maladie de Parkinson. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/01/31/le-ventre-notre-deuxieme-cerveau_4354317_3246.html#VHVF58A0Vc8Wybmt.99