La Philosophie à Paris

GLOUPS et pourtant / Les auteurs connaissent l'ennui.

15 Octobre 2012, 12:39pm

Publié par Anthony Le Cazals

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... les auteurs connaissent l'ennui, oui, mais pas tous les écrivains. Position de l'aristocrate, mais pas du comédien habitué à tous les masques, qui distant de son rôle n'est pas décadent. Difficile de poser son affect, d'écrire son émotion quand on est en représentation. Alors Ennui puis Jalousie. Claro qui est en avance par sa grande clarté est aussi au plus proche du grand dégoût, c'est un motif classique. D'où sa frustration, d'où son insistance à poser la même question pour ne pas avoir à bavarder. D'où sa manière de tourner autour du sujet qu'est la langue. Le choix de la langue ne se limite pas entre une posture du sujet je, tu, il parfois redoublé en un « lui ». Il y a aussi le « on », le « Ça » d'incipit de Céline qui s'assagit et s'embourbe dans le ressentiment au bout de 150 pages. Le sujet des trois n'est pas l'auteur, ni le LSD, ni les révolution arabe, mais la langue même, qui est une langue d'(h)auteur, de représentation. Une langue qui les travaille dans l'ennui peut-être mais cela est valable depuis Schopenhauer, car toute la littérature . Il n'y a que Kafka qui se soit fait scripteur en restant à Goethe. La liste des auteurs influencés par Schopenhauer et l'ennui de l'auteur est facile Maupassant, Tolstoï, Dostoïevski, Proust, Céline, Beckett jusqu'à Houellebecq qui touche lui-même au pathétique en disant qu'il n'est que le chien de chasse qui ramène du gibier à son maître Schopenhauer. Là où Céline se défaussait en disant qu'il n'était qu'une chienne en tête de meute qui par son odorat trop fin sentait venir le danger, la guerre. Judei culpa. Schopenhaeur n'a eu en somme que des héritiers chiens, au propre comme au figuré littéraire. Mais j'espère vous faire entre voir le neutre dans le langage. Tous trois ont la possibilité de chambouler la langue française et donc plus largement le francophone, mais ils en demeure à la posture classique de l'auteur. Même si Mathias possède l'atout d'une créole et éructale en lui, même si Mathieu a son côté espiègle pour le protéger, même si Claro voit tout cela avec clarté. Traité de thermodynamique, tout milieu soumis à la mesure finit par exploser sous l'emballement littéraire ; cela arrive régulièrement à force de se jauger, les solersiens l'on fait en 2000. Solers, Szagdanski, Nabe sont retombés dans le pathétiquement religieux, étrange pour des pseudo-nietzschéens très céliniens. Pas vraiment Szagdanski n'ayant pu s'empêcher par ennui de péter plus haut que les deux autres. Une affaire de thermodynamique des fluides que Céline nomme depuis son enfance l'usine à gaz sans qu'elle se limite au passage Choiseul. Je ne serais qu'un dérangeur voire qu'un prophète de malheur selon les dénominations classiques si je ne vous posais cette énigme : Comment fait-on basculer une langue classique dans une langue quantique ? Comme d'auteur classique devient-on électron libre quantique ? C'est peut-être un problème classique d'édition qui pour à la sur-représentation des auteurs, alors que l'écrivain, pas forcément littéraire, peut-être contemporain de son écriture et de son inspiration, ce que n'est pas un auteur en représentation parce qu'il sait que c'est une langue classique et non quantique qui le travail. Pourtant ce n'est pas « le blog à deux balles » comme le nomme Claro qui me dirait le contraire. Vous ratez, ce n'est pas compliqué le Stalker vous tombera dessus, conservatisme d'une langue classique ou mistralienne. Ahrles ! quand tu nous tiens. Mais transformer le milieu en une constellation affective, là est le secret, quitte dans un premier temps à blesser les orgueils pour ensuite recouvrir les plaies non d'une consolation mais d'une écriture. Bref c'est le premier qui répond au défi de cette langue ni privée ni commune qui transforme l'essai et gagne. Mais la victoire est toujours connective messieurs les auteurs, chapeau bas.

Vous vous êtes suffisamment jauger dans l'ennui, en connaissant les ficelles de l'autre, que le premier qui aura son Goncourt rendra jaloux les autres. Parce que Goncourt veut plus de liberté, donc plus d'ennui, donc plus d'esprit de vengeance, mais simplement il aura plus collé à l'époque sans forcément en appeler à une autre. L'homme de lettres est conservateur, il acquiert liberté pour se constituer en sujet, petit Napoléon voulant faire son expédition scientifique du Canada à la Terre de Feu. Donc mieux vaut une petite bombe qui fasse exploser le système d'amorçage du non-dit de la grosse bombe. En termes médical, cela s'appelle vaccin semble-t-il. Peut-être la frustration d'un grand bonhomme qui meuh dérange, la vache ! Un jour un grand écrivain à écrit « on ne crée pas pour se constituer en sujet, en petit ego bavard, mais plutôt pour se fragmenter... », il connaît la suite. Travail scriptal de la langue même si le premier scripteur quantique fut Pierre Klein alias Delayin. Des scripteurs ou des notateurs, il y a en a eu plein, Pascal, Montaigne, Valéry, Kafka. Le plus grand livre en Allemand reste celui d'un scripteur ou notateur : « Conversation avec Eckermann ». Il n'avait pas l'ennui de raconter des histoires. Un Monsieur Jourdain qui connaissait sa prose disait « J'ai longtemps cru que le pouvoir était la force, Manfred-Célestin. Il n'est peut-être que la faculté de raconter des histoires. » Cut-up.

Sur schopi : http://www.klincksieck.com/livre/?GCOI=22520100013770
Sur Houellebouille : dans sa mondanité et sa représentation http://youtu.be/t28j087Et7s?t=1m42s, il faut parfois contempler le vieux monde en face.
Houellebouille y parle de l'idéal respirianiste de la perte de goût (individus qui se nourrissent de lumière, d'eau et de sels minéraux) et du complexe de Céline (la femme qui s'enfuit voyant sa beauté décliner et apercevant le délabrement mental de son écrivain de mari).
Sur A-la-touche « j'ai eu la finesse d'une chienne de traîneau pas plus » http://youtu.be/qehhcAMcO6Q?t=5m10s
C'est aussi le motif de l'écrivain atablé à son établi (http://youtu.be/oZptc4PN5Hs?t=6m7s) plutôt que debout à son écritoire comme Camus ou pianotant en pleine nature sur sa tablette numérique comme le scripteur (au plus proche de son inspiration, des flux, des énergies).

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