Il est intéressant de voir dans le texte "École, Production, Égalité" il demeure un inaperçu, un point aveugle d’où s’énonce ce discours, c’est l’école normale
supérieure.
1) L'école comme lieu paradisiaque de l'égalité et la société civile
comme enfer d'inégalité.
Pour le dire en quelque mots, par le texte "École, Production, Égalité", Jacques Rancière ne fait que défendre
l'école comme lieu paradigmatique de l'égalité mais n'envisage pas d'autres possibilités autres que celles qu'il a fréquenté toute sa vie : le lieu de l'école et l'idée de l'égalité. L'un et
l'autre sont noués dans sa pensée comme dans sa vie ; Tout tient dans cette phrase : Qui a
goûté à l'égalité scolaire est virtuellement perdu pour un monde de la production qui est d'abord celui de l'inégalité. Qui n'a goûté à la camaraderie, aux jeux apparemment innocents de l'enfance ? Ne serions-nous pas dès lors tous perdus, perdus d'avoir cru en cette belle idée
jamais effective qu'est l'égalité ? En n'étant jamais sorti de l'école, comment ne pas produire un jugement négatif sur le monde l'entreprise et de la vie active qui est aussi celui de la société
civile ? En ne variant pas son point de vue depuis 60 ans, comment ne pas réduire sa vision de la société à un monde bipôlaire où l'école serait le bien et l'entreprise serait le mal, le lieu de
l'inégalité ? D'une part c'est s'illusionner sur ce qu'est l'école, les inégalités dont par exemple Pierre Bourdieu a très bien montré les héritages et d'autre part c'est faire de ce qui
lui est extérieur mais qui n'est pas seulement l'ensemble des entreprises mais aussi le reste de la société civile un espace de rejet. Comment juger de ce qui se passe dans la vie active sans en
avoir expérimenter les aspects ? Peut-on ainsi rester distant du monde inégalitaire de la société civile alors que celle-ci est porteuse de constructions, d'associations, d'initiatives que ne
permettent pas l'école dont la logique apparemment louable reste avant tout d'inculquer des valeurs étatiques qui ne permettent pas un renouvellement de cette même société civile, la laissant
dériver vers le seul libéralisme économique, de différences minimes mais nécessaires à nos enthousiasmes, à nos petites trouvailles qui ne sont
pas celles du voisin. L'école est d'abord le lieu placé hors des nécessités du travail,
le lieu où l'on apprend pour apprendre, le lieu de l'égalité par excellence. Il faudrait voir l'école comme un lieu d'échanges de discours qui ne
peuvent se tenir ou se développer dans l'entreprise par manque de temps, un lieu où les choses décantent, se développent librement plutôt qu'un lieu séparé de la production car l'école n'est pas
le lieu de la fainéantise mais malgré tout un lieu où l'on s'enrichit mutuellemnt de nos travaux respectifs (voir les 5 conférences sur l'avenir des établissements d'éducation de
Nietzsche).
Mais peut-on élever ce qui constitue le lieu confortable de l'énonciation d'un discours comme le lieu d'où s'énoncerait le vrai discours ? Le vrai discours sur la société, sur la société civile qui n'est ni du domaine de l'école, ni de celui de l'entreprise
? C'est cette séparation qui gênante, cette réinjection des deux mondes
platoniciens, l'un intelligible par l'égalité l'autre sensible et chaotique par toutes les inégalités qu'il contient. A vouloir se replier dans son Bien, l'égalité, on se coupe et on accentue ce
qui est perçu comme le mal : l'inégalité. Nous sommestoujours dans l'héritage de Platon. Bref on cloisonne, on stérilise, on amène à la sclérose sur ce qui devrait s'alimenter
mutuellement, la société civile et l'école. L'école n'est pas - si elle est égalitaire - le lieu où l'on développe sa pensée critique et une certaine
sensibilité artistique, qui feront que l'on investira la société civile avec plus de richesse en tête. cette même richesse ne tombe pas toute dans la production ou dans le profit. Contrairement à
la vision normalienne de Rancière, l'école n'a jamais été conçue pour elle-même, comme vase clos à l'image du cloître de Normal sup', ce qui n'est au fond qu'une vision déformer des choses par le
métier. L'école peut et doit aussi se concevoir comme le lieu de l'envol, de l'éducation réussie où précisément on abandonne ses maîtres comme on quitte un jour le foyer familial pour accomplir
sa prorpre vie. Pourquoi ne pas concevoir l'école avec l'intêret de développer l'autonomie des individus et aussi comme le dénonce très bien Rancière dans l'optique de former une main-d'oeuvre
corvéable. C'est qu'il ya deux cents ans nous étions une nation d'analphabètes. La dévalorisation de l'enseignement technique par l'élite égalitaire n'est-elle pas le triste constat qu'il y a pas
que de l'égalité au sein même de l'école. Ce n'est pas ce qui se passe en Allemagne où l'égalité n'est pas autant mise en avant. C'est qu'il faut rappeler
que Jacques Rancière, qui veut demeurer de l'improduction, autre nom pour la contemplation reproduit ce qu'il dénonce : le partage entre
activités contemplatives et activités manuelles qui, de fait, sont productives. Oui la pespective qu'amène Jacques Rancière est bien celle du déclassement, du
désordre automatiquement produit dans l'ordre social par toute extension de la forme égalitaire de l'école. Simplement parce qu'on ne peut étendre ce qui n'a pas lieu dans le système
éducatif à savoir l'égalité, sinon sous la forme d'un appel à l'inaction, à l'ensemble de la société.
La société civile reste le lieu où apparaisent nombre de nouveautés et d'inventions dans nos sociétés, notamment la
littérature, l'art, les techniques, car la diversité des modes de vie ne se réduisent pas à l'occupation de l'école. En n'étant quelque négligeant avec le monde ignomigneux et fait d'inégalité de la vie active, quel regard nouveau pourrait se
poser sur le travail autres des inepties platoniciennes : Le travail est savoir-être avant
d¹être savoir-faire. Il est achat et vente avant d'être application d'un savoir à un métier. Ce que l'école doit demeurer aux yeux de
Jacques Rancière le lieu de l'improduction, le lieu où l'inégalité est productrice. Certes le travail à la chaîne existe toujours comme mode de discipline, comme "savoir-être"
mais le travail est avant tout une valeur qui repose sur un savoir-faire et des métiers. Le travail discipliné par le chronomètre ne constitue qu'une partie du travail industriel ou de services
(calling center), aujourd'hui où en France, il ne reste que 15 % d'ouvriers. Mais derrière le discours de Rancière, c'est
toute l'idée d'une vie active vers laquelle on veut dissuader les écoliers d'aller. Une manière d'inhiber inconsciemment l'action de tous ceux qui y passent, ; Rappelons-le
Qui a goûté à l'égalité scolaire est virtuellement perdu pour un monde de la production. Introduire des idées dans les têtes, qui nous coupent de nos actions, voilà ce à quoi aboutit ce texte de Rancière.
* * *
2) Une élite républicaine qui se perpétue avec tout ce que l'égalité masque de hiérarchie et de possibles
autonomies.
Ce texte reflète les grandes valeurs du Républicanisme : Liberté, Égalité, Fraternité. Ces idées sont déclarées, mais en tant qu'idéaux
restent des mots creux qui recouvrent la réalité plus qu'ils n'aident à la comprendre ou mieux à l'investir, à la transformer. On peut voir dans l'égalité énoncée par Rancière comme présupposé à
la politique et à l'esthétique qu'une projection symbolique, mais surtout la réduction de la réalité à l'école comme seul espace vivable. Elle est d'abord une forme symbolique, une norme de séparation des espaces, des temps et des occupations sociales. L'école est le lieu qui perpétue les illusions issues de cette idée d'égalité. Il ne s'agit pas de s'en prendre à ceux
qui revendiquent l'égalité mais de faire en sorte que ceux qui peuvent s'en passer le fassent, ne soient pas otage de ce genre d'illusion qui ne refkète qu'un inhibtion de l'action.
L'école ne promet pas mensongèrement une égalité qu'elle laisserait démentir par la réalité sociale. Elle le fait symboliquement. La forme déclarée de l'égalité n'est que symbolique. L’école dit au fond au troupeau de la classe soit sage et reste assis.
L'occupation du temps qu'est l'école est outre la contemplation de l' apprendre pour apprendre la pratique de l'égalité pour Rancière,
c'est-à-dire une forme pacifiée de relations entre individus châtrés et souvent cloués à leur chaises. C’est une égalité du pauvre, pour reprendre Proudhon — et oui « le philosophe et ses
pauvres » — et non une égalité qui admet le talent. Notons-le tout de même l'égalité est de deux formes conjointes chez Rancière d'une part l'égalité déclarée, celle qui vient en présupposé
à la relation et d'autre part l'égalité immanente, celle mise en oeuvre entre le cerlce restreint des pairs. Sur ce point Proudhon est plus juste que la fieffé mauvaise foi de ceux qui se
légitiment eux-mêmes pour déclarer l’égalité (Rousseau, Marx, Badiou, avec leur sentiment de supériorité subséquent… et même Rancière dont l’égalité est plus complexe qu’un présupposé).
Mais une preuve du rejet de la réalité et d'une réduction pratique de la pensée par ceux qui s'enferment dans l'école égalitaire, c’est que
l’un des rares normaliens à avoir tenté une sortie de cette école avec les idées qu'elle illusionne, s'en est brisé les ailes : je pense à Robert Linhart
qui un jour s'est tû, a sombré face à la réalité. Lui aussi était normalien et véhiculait jusqu'à l'établi de l'usine les idéaux
républicains.
Il y a un implicite qui ne sera sans doute jamais énoncé directement chez les normaliens, mais c’est que l’on passe le concours d’entrée à
normal sup’ avant tout pour la carrière, un place de choix dans la hiérarchie institutionnelle ou ne serait-ce que pour faire plaisir à papa-maman, bref par intérêt. Le philosophe agit
toujours par intérêt : ici le Républicanisme. Cet intérêt demeure même dans la contemplation d’une belle œuvre, qui n’est que la perpétuation d’une position sociale, de valeurs de
beauté et de bonté héritées. Ne pas voir que l’élite républicaine est aveuglée par sa propre perpétuation de valeurs, notamment au
travers d’un conservatisme familial et communautaire, qui cherche une bipolarisation appauvrie de la réalité : il ne faut surtout pas de complexité, car nous gens d'école nous ne savons la
digérer. On retrouve cela chez un autre normalien : Badiou et son maman-poème-papa-mathème. Ce dernier fini par se ranger sans aucune invention sous la pensée protectrice de Platon et, en sujet,
se met à prôner l’« homme de la vie bonne » c’est-à-dire le maladif dans l’institution. C’est peut-être un inaperçu de notre époque, qui pense ne trouver comme alternative que la
contradiction de la subjectivité (Althusser-Lacan-Badiou-Zizek), d’une symbolique républicaine et communiste, mais le discours qui s’élève au-dessus des autres pour déclarer l’égalité est avant
tout normalien (Badiou, Balibar, Rancière) : issu de l'École Normal Supérieur. Les grands déclamateurs sont donc étrangement jamais sortis de l’institution scolaire qui rappelons-le n’est
pas le seul mode d’éducation ni celui d'existence.
L’école cette scholè crée ses enseignants, les sophistes comme les nommaient Hérodote, il qualifiait ainsi Pythagore dans son école
par opposition au sage dans la « nature ». L’école produit des enseignants mais pas des sages, des sophistes mais pas des sophos. En elle, on s’emploie à
« apprendre pour apprendre », à honorer donc la connaissance pour la connaissance, qui au fond n’amène rien sauf à produire des valeurs d’homonomes, de tarentules qui tissent
leur système, avec une idée vide en son centre. Il ne doit y avoir de sage ou de grand homme, simplement des philosophes qui vivent en institution à force de s’être coupés du monde
sensible. Mais surtout l’école veut empêcher une égalité par le talent quand elle s’en tient à un idéal de la connaissance pour la
connaissance, c'est-à-dire à une improduction qui rejette l'activité manuelle. Jacques Rancière est toujours dans un mode platonicien,
celui qu’il nomme « partage du sensible », il n’a jamais outrepassé la tradition platonicienne et - dans sa continuité - distingue ainsi le capable de l’incapable, le contemplatif du
manuel. Pourtant des autodidactes - de simples artisans - contre cette vue mandarinale ont bien montré que les manuels, les hommes de savoir-faire étaient des capables. C’est que rappelons-le, le
platonisme repose sur l’idée qu’avoir en vue (horan) c’est faire (dran) et qu’il ne faut donc pas introduire de nouveauté. L’école républicaine avec sa connaissance pour la
connaissance, son apprendre pour apprendre, nous invite à ne pas rejoindre l’ "inégalité" de la production et du monde sensible, qu’elle soit pensée, travail ou vie. Mais e n'est pas dans l'école
que l'on peiut avoir l'audace d'un monde différent.
* * *
3) L'école autorise-t-elle le sage, l'audace qui ne recherche pas le profit ?
Peut-on en sage vivre dans l’institution comme les philosophes à système, peut-on croire que la sagesse trouve sont lieu
d’épanouissement dans l’institution, bref peut-elle se conserver ou se reproduire en se tenant parmi les maladifs, les pairs qui prônent l’égalité ? Si Pour Jacques Rancière, la
scholè définit le mode de vie des égaux, ces « écoliers » de l'Académie ou du Lycée, du Portique ou du Jardin, sont les égaux par excellence. Mais ce qui n'est pas dit ce que dans toutes ces formes post-platoniciennes de faire de la philosophie sont avant
tout des lieux de convalsences pour ceux qui ne parviennent à la sagesse et demeurent prisonniers de l'interprétation - ad vitam
aeternam - du texte platonicien plutôt que s'occuper à le mettre en oeuvre. Les gens qui fréquentent ses écoles sont avant tout
des . Certes il faut des lieux de cure et de convalescence mais ceux qui les fréquentent ne peuvent être les référents ultimes des modes de vie à suivre. Tout notre propos vise à poser cette
question de l'audace, de l'audace qui ne cherche pas le profit mais l'invention, la stimulation de la socièté. L'école ést-elle, avec le loisir, le seul espace où l'on se libère des
contraintes de la vie effreinée de l'entreprise ? plus simplement l'égalité est-elle émulatrice, invite-t-elle à l'effort, au dépasement ? L'école philosophique et "égalitaire" laisse-t-elle le lieu l'advenue d'un type suprême d'hommes qu'on nomme le sage ? Le sage se moque de l’intérêt du commun, c’est pourquoi il n’a pas d’idée et pas de problème à cet effet. Lui importe davantage de poursuivre son parcours
de vérité que de produire ou détenir des vérités. Il indique ce qui a de l’importance mais n’énonce pas la vérité car tout bonnement, il sait que l’éducation passe par le mensonge.
le sage comme le grand homme n’ont pas idée, ne se posent pas de problème, il n’y a pas chez eux problème avec la contradiction, ils en sont
riches à vrai dire. L’école républicaine au contraire entre nous et le faire veut introduire l’idée de Platon et de sa république, souvent résumé par l’« égalité » ou la « pensée
du commun ». Le sage ou le grand homme — qu’on ne confondra avec l’homme supérieur ou le bourgeois —, eux, s’écartent radicalement de la pensée du commun, : pensez à Héraclite et sa
posture vis-à-vis du koinon, ou à Platon et son modèle politique du koinon qui s’il se réalisait nous conduirait à la mort, selon ses propres termes, Livre VII à IX de la
Politéia, que les latins traduisent par République. Si l’école ne produit pas de « génie » ou plutôt de grand homme, pensons à Einstein repensant le temps ou Napoléon repensant l’état,
à charge pour le grand homme, qui lui n’a pas de problème de créer ses propres institutions, l’école polytechnique, l’école des arts-et-métiers, qui sont des écoles aujourd’hui d’officier et de
sous-officier pour l’entreprise et l’administration. L’audace est ailleurs. On peut se dire plus simplement que la pédagogie et l’audace de la génération qui a suivi, les normaliens — Badiou et
Rancière en premier — n’a pas porter ses fruits, pire que Paris 8 n’était pas au fond leur institution on peut penser à Badiou revenu au bercail de l’ENS et disant, le 11 juin 2008, « je me
sens dans cette institution comme dans ma propre demeure ».
L'École ne produit pas de sages mais des enfants sages : des philosophes, des tiers de sages, ceux qui apprécient la sagesse au
creux de l'institution plutôt que de la vivre. Non la vie active n'a rien d'effrayant, même si on y trouve pas cette idée saugrenue d'égalité. Ce qui est criant c'est qu'à penser ainsi on
dissuadent toutes les "bonnes intelligences" de laisser courir l'aggravation des inégalités dans la société car elles sont bien au chaud dans l'égalité de l'institution, la grande châtreuse. COMMENT PEUT-ON JUGER
L'ECOLE SANS EN ETRE SORTI. COMMENT NE PEUT-ON PAR Là NE PAS VEHICULER QUELQUE IDEOLOGIE REPUBLICAINE QUI NE VISE QUE SA PROPRE PERPETUATION. Les discours dissidents, qui n'en restent qu'aux
discours non à des embastillements ne sont que des soupapes, ou l'envers d'un certain vide de pensée qui ne va jusqu'à l'action. Ainsi en veut l'égalité, qui ne promeut pas l'effort mais la
réflexion dans son propre miroir d'une institution. Ce n'est pas en étant sain qu'on peut avoir le bon point de vue sur la santé, ou travailleur sur le travail, mais c'est en connaissant la nuit
que l'on connaît le jour, en ayant l'expérience de la maladie qu'on voit la richesse de la santé, en étant oisif qu'on perçoit le rythme du travail.
Socrate est-il un sage ? Ce
qu’on peut dire c’est qu’il ne courrait pas après la sagesse mais l’homme le plus sage d’Athènes.