PORTRAIT POLITIQUE / Sarkozy et les musulmans
Mercredi (14 novembre 2007), à 19h23, je poste sur mon blog, Coulisses de Bruxelles, un court billet relatant des propos qu’aurait tenu le Président de la République à propos des musulmans. En voici un extrait : «Nicolas Sarkozy, recevant le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe anti-musulmane devant ses invités. Selon mes sources, le chef de l’Etat s’est lancé dans un discours confus d’une vingtaine de minutes […] contre le “trop grand nombre de musulmans présents en Europe” et leurs difficultés d’intégration. Il a aussi décrit de façon apocalyptique le “choc de civilisation” qui oppose les musulmans à l’Occident. Le tout, manifestement, pour justifier son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’Union. Mais ses interlocuteurs […] en ont, en tout cas, retiré la désagréable sensation que Sarkozy, non seulement avait un sérieux problème avec les musulmans, mais avait du mal à maîtriser ses nerfs.»
Je précise bien qu’il s’agit là du point de vue des deux délégations. Et là, c’est le déferlement. 370 commentaires à ce jour, dont une bonne proportion d’insultes, voire de menaces. On me reproche de mentir, de m’appuyer sur des sources anonymes… L’information est reprise sur la Toile, beaucoup se demandant pourquoi l’édition papier du journal n’en a rien dit. L’émotion suscitée par ce billet me surprend. Sarkozy, qui a un langage en privé mais aussi en public souvent brutal, s’est déjà illustré en parlant de «l’homme africain» qui refuserait l’idée de progrès, ou encore en reprenant à son compte la thèse du choc des civilisations entre l’islam et l’Occident. Vendredi, j’explique sur mon blog comment un journaliste recueille l’information, pourquoi il a recours à des sources anonymes. J’explique aussi que les blogs font partie intégrante de l’offre d’information de Libération. Il n’y a pas eu censure du journal, évidemment – ce n’est pas une pratique maison – mais une contrainte horaire (j’ai eu confirmation de l’information tardivement). Mais peut-être aurions-nous dû revenir le lendemain sur cette affaire ?