La Philosophie à Paris

APRES L'ELECTION DE NICOLAS SARKOZY / L'indistinction à droite et la résignation à gauche

22 Juin 2007, 09:00am

Publié par Consortium A, M, Q

Comment dépasser la résignation et ne surtout ne pas reprendre la posture fatale à Foucault* ou Derrida qui fut celle de la résistance.

C'est sur le domaine de la culture (donc de la non-résignation face au pouvoir**) et sur celui de l'expertise qu'il faut frayer de nouvelles pistes; des non-renoncements. Pour la culture on peut penser, par exemple, aux expériences théâtrales de Brecht, Vilar, Artaud qui se tenaient loin du pouvoir (même si Brecht proche du parti communiste devait se censuré. On peut penser aussi au long entretien infini entre Blanchot, Foucault, Bataille et Deleuze dans les anné&es 60 mais qui a ses bases dans la prime lecture de Kafka au sortir de la guerre. Pour l'expertise, j'entends non la fabrication de nouvelles normes mais de réduire l'indistinction (la confusion des valeurs que cherche précisément à introduire la droite. Cette INDISCTINCTION, on la retrouve  :
1°) dans la fusion RG et DST (source Quentin),
2°) auprès de l'opinion (au travers du thème de l'insécurité) l'aténuation de la différence entre crime et délit. Cette différence est essentielle car alors on peut enfermer n'importe qui si on n'en tient pas compte (cf. expérience de Foucuault sur les prisons via les gauchistes d'après 68), car l'emprisonnment des uns -criminels - sert de justification à l'emprisonnment des autres - les délinquants -. Confondre crime (meurtre, viol, pédophilie, etc...) et délit c'est précisément ce que veut la répression de tout mouvement social. Les délinquants ne sont pas des criminels mais sont à la manière de Jean Valjean le résultat de la misère sociale (qui n'est ni la pauverté ni l'indigence).
(source Anthony)
3°), enfin dans une catégorie juridique nouvellement en rigueur au ministère de l'intérieur qui met dans le même sac les terroristes et les activistes d'extrême gauche (source Manuel).

Ceci serait à développer plus amplement

Bon nombre de gauchistes veulent brandir l'étendard de l'anti-Sarko mais vont à l'impassse. Au fond cela n'amène rien de nouveau, simplement en bracaque inepte vis-à-vis du pouvoir. C'est précisément ce qu'attend notre président Sarkozy de la résignation à gauche, car rien d'inventif ne peut en surgir. Le conflit qui est la première arme des résignés .

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* (voyez où cette posture a mené Foucault et comment François Ewald, pseudo-disciple du Foucault des années 78-80, a pu
réembrayer sur un discours ultra-libéral à partir des analyse de Foucault, notamment sur Hayek etc...).


** Quelques pistes déjà ouvertes à son époque par Félix Guattari : « Tant qu'on en reste à une alternative entre le spontanéisme impuissant de l'anarchie et le codage bureaucratique et hiérarchique d'une organisation de parti, il n'y a pas de libération de désir » GuaID_372 « Désir libéré cela veut dire que le désir sort de l'impasse du fantasme individuel privé : il ne s'agit pas de l'adapter, de le socialiser, de la discipliner, mais de le brancher de tel sorte que son procès ne soit pas interrompu dans un corps social et qu'il produise des énonciations collectives » GuaID_372 (in recueil de texte de Deleuze : Iles désertes et autres textes... édition de Minuit)

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O
Il se passe deux choses, entre 1975 et fin 1977 :1° Le sentiment que la révolution sexuelle consécutive aux années 60 a perdu ses potentialités subversives et est devenue un facteur d'intégration à la société capitaliste ; ce sentiment signe l'échec d'une entreprise comme celle de la Volonté de savoir et de l'Histoire de la sexualité sous sa forme initiale ; je corrige une erreur de date dans un précédent commentaire : ce volume a paru à l'automne 1976, non en 1975 comme j'écrivais ;2° Une position mondaine extrêmement ambiguë, qui, outre qu'elle conduit Foucault à pousser Roland Barthes pour le Collège de France (chose défendable, car, pour être inégal, cet auteur n'est pas pour autant sans mérites et l'on peut même trouver dans le Degré zéro de l'écriture l'une des sources des Mots et les choses), conduit à la rupture avec Deleuze. Les motifs de cette rupture ne doivent pas être recherchés, comme le fait Eribon, dans le soutien apporté par Deleuze à la Fraction Armée rouge (sur ce point, Eribon, qui n'est pas la pire pute, verse dans l'humanisme ambiant), mais dans l'ambiguïté de la position de Foucault à l'égard de ce qu'on appelait les « nouveaux philosophes » dont Deleuze avait très virulemment dénoncé la nullité intellectuelle et les dangers politiques dans un tract diffusé en juin 1977, avec une lucidité qui lui fait honneur, tract reproduit notamment par un journal du soir. Cette ambiguïté, à la fois mondaine et politique, a continué à entacher les positions de Foucault d'une façon définitive, quasiment toute sa vie, même si ses rapports avec François Wahl et les éditions du Seuil laissent penser qu'il songeait à faire machine arrière à partir de 1982. Il demeure que ces faits historiques engagent la lecture qu'on fait des derniers livres de Foucault : s'agit-il d'une démonstration historique et critique, presque philologique, du caractère immonde de la croyance à la subjectivité (une démonstration qui la dénonce en montrant ses racines historiques), ou bien Foucault s'est-il laissé prendre dans le piège d'une soi-disant bonne subjectivité, le piège d'un Marc Aurèle ?
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O
Pas d'accord. Foucault, en ces années un peu tristes, répondait toujours aux courriers et répondait toujours aux questions, ce qui n'était guère le cas de Deleuze, qui ne vous répondait que pour vous refuser ce que vous lui demandiez, ce qui ne l'a pas empêché d'aller au-delà de toute convenance quand il s'agissait de placer ses pions dans l'Université ou dans l'édition. Les exemples abondent ; on m'excusera de ne pas donner de noms. Et il y a eu des choses encore beaucoup plus graves. Foucault était plus honnête, et, surtout, moins pervers. C'est Deleuze qui a adopté, à partir de 1975, une posture de plus en plus mandarinale et autoritaire. Je me souviens qu'on se marrait comme des fous au séminaire de Foucault, cette année-là ; au cours, il y avait beaucoup de monde, ce qui limitait la rigolade ; du moins faisait-il un cours vraiment magistral, original, préparé avec soin, et quand il donnait les noms des psychiatres qui avaient signé les expertises médico-légales qu'il étudiait, on se demandait si la police n'allait pas l'emmener, tandis que Deleuze piquait une crise à la moindre question qui ne lui convenait pas et qu'il lui arrivait de servir le même cours à dix années de distance (par exemple, le cours sur Spinoza de 1980-1981 est le même que celui de 1973-1974, sauf qu'il est un peu plus développé, présenté avec plus d'autorité (ou moins de timidité, car le Deleuze du début des années 70 était un grand timide ; je me souviens qu'il tremblait devant le secrétaire général de la fac) et se nourrit de quelques lectures faites dans l'intervalle, je ne dirai pas lesquelles, mais Heidegger y était pour quelque chose (et tant mieux).
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A
Sur les cours de Deleuze et le public de ses dernières années d'enseignement (qu'il trouvait "sournois", de la même manière qu'il parlait beaucoup de la méchanceté dans les années 80), il y a un peitit livre dont j'ai oublié l'auteur : La voix de Gilles Deleuze . Sur les séminaires de Foucault, je reprenais une phrase de Loraux selon laquelle il ne fallit pas l'embêter, tout dépend de l'année.C'est la particularité du penseur dit public, d'être fluctaunt dans la parole et l'humeur (et moins dans l'écrit) contrairement au penseur privé (qui est plus fluctuant dans l'écrit, dans sa confession par écrit).Juste pour dire que quelque chose se passe juste après 75 :) Bonne ssemiane Oyseaulx
A
Bien entendu qui'il y a eu plusieurs crises, Foucault était un penseurs lourd dans les structures épistémologiques qu'il manipulait. Pour certains, le grand mérite de Foucault est d'avoir ramener de nouveaux objets au sein de la philo. Mais avant 70, c'est particulièrement visisble dans ses entretiens de 1966-1968.Oui il y a une institutionnalisation au sens où Foucault par sa posture publique était obligé de dire qu'on le laisse tranquille, dès qu'on l'approchait de trop, il avait un visage institutionnel qui attirait les "sournois" (Dz) ceux qui veulent vous faire dévier de votre idée. Le plus inquiétant c'est qu'on nous force à communiquer dirait Deleuze, c'est-à-dire qu'on nous force à produire des concept sans l'idée, l'intuition qui alimente ce qu'on a à dire.Foucault après qu'on lui ait rabattu les oreilles avec des "Qu'est-ce que vous pensez de la sexualité ?" (notamment après l'expertise que lui avait demandé le gouvernement français au milieu des années 70), estimait que l'on parlait trop de sexualité et visait réellement une ataraxie sexuelle (à la D. W. Lawrence) ce qui ne l'a pas empêché de contracter le SIDA à Los Angeles.
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O
Foucault, pratiquer le modèle de l'éléphant ? Faites-moi rire... Je fus habitué de La Pérouse comme tout le monde... Quant à une rupture dans la réflexion de Foucault, n'y en aurait-il pas plusieurs ? Celle que vous évoquez dans l'article auquel vous renvoyez ne me paraît pas correspondre exactement au départ de Vincennes et à la leçon inaugurale, mais plutôt à l'époque qui suivit la parution de la Volonté de savoir en 1975. A noter toutefois que le confessionnal et la pénitence analytique furent longuement évoqués dans les cours de l'hiver 1974-1975. L'année suivante, le cours n'eut pas lieu, si mes souvenirs sont exacts, et, à la rentrée de 1976-77, il y eut, en effet, un infléchissement dans l'orientation des recherches. Cela dit, je ne pense pas qu'on puisse parler d'une institutionalisation, même si la fascination de Foucault pour l'herméneutique de la subjectivité m'a toujours répugné. Quant au livre de Laplanche (pas génial, d'ailleurs), il dit des choses que sait tout lecteur de Freud (notamment dans Au-delà du principe de plaisir, évidemment).
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H
bonjour!il est très intéressant votre blog! je suis écrivain et friand de philosophie et de sociologie! j'adore les débats et les questions de société!mon roman vient de paraitre aux éditions de la société des écrivains (www.societedesecrivains.com) et s'intitule L'ART D'AIMER, LA PASSION DE SOUFFRIR. c'est un ouvrage philosophique et social, contenant multiples citations, poèmes et reflexions, au dela de l'histoire romantique, passionnel, satitirique et dramatique du roman!vous pouvez passer sur mon blog pour plus d'informations: http://www.hbrown.unblog.frmerci!H'Brown, l'auteur.
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A
Tout type  d'herméneutique renvoie à une gestion religieuse du sens. Mais chez Foucault, il y a une longue dépression de 8 ans dont Deleuze fait état (comme crise) et dont nous avons parlé ailleurs, ( article-10454927 ). S'éloignant de la pensée du Dehors, fonctionnant de manière plus institutionnelle comme le revèle sa réorientation après 1970 (élection au Collège de France et abandon de Vincennes qu'il cosidérait comme un piège, voir l'article du Monde de 1970). Toute la thématique de la résistance c'est-à-dire de la posture requise, démandée par une situation est développée par Foucault et non une posture en excès, donnée d'emblée, pour reprendre ce que dit Pimbé pour d'autres sujets. Foucault au fond pratiquait le "modèle de l'éléphant" en matière de sexualité comme les grecs anciens. Son ataraxie a eu raison de son nietzschéisme (pour ne pas opposer idiotement éthique et esthétique comme on le fait souvent pour désigner ces deux période de la vie philosophique de Foucault).
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O
Qu'entendez-vous, ici, par « posture fatale à Foucault » ? Cela voudrait-il dire qu'au terme de son étude de l'herméneutique de soi chez les Anciens Foucault ait fini par se laisser prendre au piège de la subjectivité, chose dont il s'est toujours défendu ? S'est-il laissé émerveiller par le mirage qu'il pût y avoir, quelque part, une « bonne » subjectivité, qui ne soit pas asservissement au discours du Maître, dans les pratiques de certaines communautés homosexuelles, notamment ? Il ne saurait évidemment être question d'apprécier l'œuvre de Foucault à la lumière de l'usage qu'en font Ewald e. a., pas plus qu'on n'apprécie Sartre à la lumière de l'usage qu'en fait, aujourd'hui, l'immonde humanisme lepenistico-chevénementiste qui s'enseigne, avec la complicité de certains membres de l'Inspection, dans les classes terminales de nos lycées.
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