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La Philosophie à Paris

FEMINISME / Gabrielle Duchêne

Gabrielle Duchêne
(1870–1954)

Gabrielle Duchêne (1870–1954) est une figure marquante du féminisme pacifiste du XXe siècle. Engagée dans le syndicalisme, la politique internationale et les réseaux antifascistes, elle incarne une pensée profondément humaniste, qui relie la condition féminine aux dynamiques mondiales de guerre, de travail et de domination. Avant la guerre, Duchêne s’investit dans la défense des travailleuses précaires :

En 1913, elle fonde l’Office français du travail féminin à domicile, qui vise à faire connaître et à améliorer les conditions des femmes exerçant des métiers peu visibles, souvent dévalorisés et mal rémunérés. Elle crée également le Comité intersyndical contre l’exploitation de la femme, dans une logique de coalition entre syndicats et mouvements féminins. Son approche est pragmatique : elle veut produire du changement sur le terrain, en associant expertise sociale et mobilisation collective.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, Duchêne adopte une position pacifiste courageuse. En mai 1915, elle devient présidente de la Section française du Comité international des femmes pour la paix permanente (CIFPP), émanation du Congrès international des femmes de La Haye, qui réunit des militantes refusant le carnage et prônant une diplomatie féminine. Elle milite pour une résolution pacifique des conflits, convaincue que les femmes, exclues des décisions militaires, doivent être actrices de paix. Son pacifisme, loin d’être naïf, repose sur une critique radicale du patriarcat armé et du nationalisme destructeur. Gabrielle Duchêne se rapproche du discours pacifiste du Parti communiste français, tout en gardant une autonomie intellectuelle et associative : Elle devient secrétaire de la section française de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, structure transnationale défendant la paix, les droits civiques et les libertés fondamentales. Elle refuse les dogmatismes et met en avant une solidarité féminine globale, au-delà des clivages idéologiques stricts. Son engagement se construit dans le dialogue critique, jamais dans l’adhésion aveugle.

Dans les années 1930, Gabrielle Duchêne intensifie son action face à la montée des fascismes en Europe. Elle préside le Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme, qui fédère des voix de femmes opposées aux régimes autoritaires. Elle voit dans l’antifascisme un prolongement naturel du pacifisme, refusant toute domination, qu’elle soit militaire, étatique ou patriarcale. Son internationalisme devient un rempart contre l’expansion des idéologies mortifères. Gabrielle Duchêne incarne un féminisme pacifiste et syndicaliste, profondément ancré dans les réalités sociales mais tourné vers des horizons transnationaux. Sa pensée relie l’exploitation, la guerre et l’exclusion des femmes dans un système qu’elle combat par l’organisation, la solidarité et la parole publique. Une militante essentielle pour comprendre les articulations entre paix, genre et justice.

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