ECONOMIE / Théorie de la décroissance
La théorie de la décroissance est une perspective critique de l'économie conventionnelle qui remet en question la croyance selon laquelle la croissance économique infinie est possible et souhaitable. Elle se concentre sur la nécessité de réduire la production et la consommation de biens et services afin de préserver les ressources naturelles, de réduire les inégalités sociales et de promouvoir le bien-être humain.
La théorie de la décroissance propose un modèle économique alternatif qui se concentre sur la satisfaction des besoins fondamentaux plutôt que sur la croissance du PIB. Elle préconise une utilisation plus rationnelle des ressources naturelles, ainsi qu'une réduction de la production et de la consommation de biens superflus. Elle vise également à réduire les inégalités sociales en redistribuant les richesses et en favorisant l'emploi dans des secteurs socialement utiles.
La théorie de la décroissance est souvent associée à un mouvement politique et social plus large qui promeut des valeurs telles que la simplicité volontaire, la solidarité, la coopération et la durabilité. Les partisans de la décroissance soutiennent que la croissance économique infinie est incompatible avec les 9 limites environnementales de la planète et qu'elle ne peut pas résoudre les problèmes sociaux tels que la pauvreté et l'exclusion sociale.
Dans les années 1970, l'économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen a développé une nouvelle conception de la science économique qu'il a appelée bioéconomie et qui est un des inspirations de la théorie de la décroissance. Cette approche met en évidence les interactions entre l'économie et le fonctionnement biophysique de la Terre, ainsi que les relations entre la loi de l'entropie et le développement économique.
La bioéconomie s'inscrit dans le courant de l'économie écologique, une analyse transdisciplinaire qui s'est développée dans les années 1980 et qui vise à intégrer les enjeux environnementaux dans la pensée économique. L'économie écologique considère que l'économie est un sous-système de l'écosystème plus large, et qu'elle doit donc prendre en compte les limites physiques des ressources matérielles et énergétiques.
Selon Georgescu-Roegen, la loi de l'entropie, qui décrit la tendance à la dégradation et à la dispersion de l'énergie et de la matière, constitue une limite physique fondamentale à la croissance économique. Cette loi implique que toute activité économique consomme des ressources et produit des déchets, ce qui engendre une perte d'énergie et une augmentation de l'entropie de l'environnement. Cette dégradation de l'environnement peut entraîner des effets négatifs sur la santé humaine, le bien-être social et la stabilité économique.
La bioéconomie propose donc de repenser les fondements de la pensée économique traditionnelle en intégrant les limites physiques de l'environnement et en prenant en compte les coûts environnementaux des activités économiques. Elle suggère notamment de réduire la consommation d'énergie et de matières premières, de promouvoir les énergies renouvelables, de favoriser la réutilisation et le recyclage, et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Cette approche a contribué à faire évoluer la pensée économique vers une prise en compte plus importante des enjeux environnementaux, et a inspiré la mise en place de politiques de développement durable dans de nombreux pays.