REFLEXION / Substance et consistance : les pensées dépressives
Comme le dit Sancho, ici, les pensées dépressives sont les pensées qui réfléchissent à ce qu’est l’être.
Ce qu’il fallait sans doute le dire quant à Deleuze. Simplement parce que ce sont des pensées de l’être qui n’arrivent pas à en finir avec la métaphysique. Derrida disait de mais sa déconstruction ne fit que renforcer la métaphysique, sa philosophie de l’absence et du deuil ne fait que renforcer la mélancolie propre à la métaphysique. Chez Foucault cela se retrouve dans son rapport intime avec Heidegger et sa pensée de l’être. Chez Deleuze, le plan d’immanence n’est qu’une surface métaphysique qu’il surinvestit et de part et d’autre de laquelle se déploie les scientifiques fantasment sur la chose en soi et les artistes sur le virtuel (en soi). Mais il faut savoir sortir de ces binarités même si elles sont asymétriques. Mais attention, à tirer dans les pattes de la pensée formelle de Deleuze, on en oublie le pendant subversif de sa pensée (celui qui pris toute son ampleur avec Guattari). On peut tomber dans une pensée complexe (propre à la dichotomie et à ce que les scientifiques appelle la brisure spontanée de symétrie) sans avoir une pensée sophistiquée, mais une pensée qui a d’abord été expérimentée dans le texte et dans la vie. Le texte étant un reflet d’autres vies. Les binarités s seront toujours asymétriques entre un prétendu invisible et le visible qui s’en déduit, entre la métaphysique et la physique. Simplement les philosophes ont de tout temps fantasmer la métaphysique parce qu’ils ne parvenaient à relever la réalité, à s’en accommoder.
Poser l’être (« mais je ne l’ai vu nul part celui-là, c’est-à-dire l’englobant d’un système qui décompose tout selon une hiérarchique, selon une représentation), c’est être d’emblée dans la métaphysique. Se dire indifférent à l’être, sans même se donner la peine de dire que l’être. Comme nous l’avons montré en introduction d’un autre article la substance n’existe pas, c’est un concept auquel ont recours les philosophes pour expliquer une image du monde mais il n’y a aucune réalité qui y corresponde. Mais alors s’il n’y a pas de substance se pose pour les philosophes le problème de la consistance des choses. Une chose, une relation, un dispositif existerait, mais sommes non réellement sortis du problème de l’être et de la substance. Se demander si quelque chose existe paraît incongru, on peut la saisir ou mieux l’observer (de manière visuelle ou non) avec des instruments que nous mettons à notre disposition. La consistance est problème dérivé de ce qu’on a supprimé la substance, c’est-à-dire le principe de permanence de la matière. Toutes ces choses bien compliquées qui nous empêchent de penser plus simplement c’est-à-dire non en contemplant un réel, mais en étant dans l’action plus adéquat avec la réalité, c’est-à-dire plus joyeux. Nous nous éloignons par la même des pensées dépressives. Etonnant, non ?