CONJECTURES / De quelques idiomes philosophiques (2)
Il y a différents registres de pensée nous laissons de coté l'herméneutique, le formalisme mathématique, la philosophie analytique qui en reste au déterminé, différentes morales issues de Montaigne et Pascal. Mais voilà quelques registres irréductibles les uns aux autres :
- la cohérence. Ce sont toutes les personnes qui recherchent les déterminismes et pose la loi du même (Platon, Descartes, Rousseau, Hegel, Badiou, Bourdieu, Laborit…). Pour eux penser c’est reproduire un modèle ou le repérer partout. Même l’exception (Laborit) qui confirme la règle. La cohérence vaut jusqu’à ce que le modèle casse, mais il ne casse pas chez les exceptions, trop intelligente pour cela. Cette survenance de l’esprit sur le corps et la matière est le mode de penser majoritaire avec un certain goût pour la manipulation via la « vérité » pour tenir à distance les rivaux ainsi que son propre « vide ». Ils sont dans la reproduction de la moindre action et évincent la concurrence. Lacan, Zizek, Belaj-Kacem en sont une variante qui bricole à partir de cette cohérence : décohérence sophistiquée.
- l’émergence. Ce sont les biologistes anglo-saxons, les grendes Dames des salons jusqu'à leur dernière représentante Malwida von Meysenbug. Toutes les personnes qui pensent en terme de milieu d’émergence à la manière de « la vie » nue, ils sont « anti-aristotéliciens » et portent l’accent sur les petites attentions. Pour eux, exister c’est émerger dans un milieu et secréter. En fait, Aristote par son mezon et son attention au vivant et aux significations en est la véritable source.
- l’excédence. Ce sont Paul Audi, Benoît Mandelbroot, Nassim Taleb. Ils pensent en anticipant la rupture et la fracture. Leur pensée a souvent émergé en période de guerre ou de conflits familiaux, Leur cerveau n’est pas déranger par les ruptures. Ont une belle situation pour ne pas être les dindons de la farce et procèdent par tâtonnement. Pour eux exister c’est penser l’excès et anticiper le risque là où d’autres avanceraient les yeux fermés. Michel Foucault par son scepticisme, son tâtonnement et sa compréhension de la folie s’en rapprocheraient, mais eux produisent leur propre système.
- la différence. C’est Deleuze sans Guattari, Simondon, Ruyer, Tarde… Derrida dans une certaine mesure. Pour eux exister c’est différer : l’action diffère la réaction.
- la contingence radicale. Bergson dans sa concentration sur la durée avant qui ne la recouvre de la rigueur de sa méthode intuitive qui donne le bergsonisme. Sartre avant qu’il ne la recouvre de son travail sur les situations ou liberté. Merleau-Ponty en est un type avorté du fait de sa circonvenance le fait de repérer les différents registres et d’en être assailli) : il n’a pas réussit à la recouvrir de sa chair. Recouvre leur grande imagination et perception d’une morale. Des formes de persistance et de permanence, subsistent.
- la négligence : tous ceux qui néglige la pensée de l’être avec sa limite et ses vertus. Comme avec la différence, il n’est plus question d’esprit mais d’une littéralité programmatique, c’est une forme de déraison audacieuse là où Nietzsche et Voltaire y placerait une libération de l’esprit. Là critique étant passé sur le dogmatisme.
- du style ou les polymorphes, Nietzsche, Loraux, peut-être Henri Poincaré. Penser dans le précipité., faire tourner, exercer son style.
Excepté la cohérence nous avons affaire à des théorie post-kantienne où la phrase magique, la maxime d’action, n’est « s’il faut faire, alors voir c’est faire » mais « l suffit de faire avec passion pour exercer son activité », là se situent les constructivismes. La maxime intermédiaire, toujours d’origine divine est « puisqu’il faut faire, autant faire avec passion », c’est la maxime des marins, de ceux qui ne laissent qu’un sillon. Souvent on peut les moduler soit par l’idiome de la prudence et de la tempérance ou bien par celui de la colère ou du combat (Bergson comme Sartre n’écrivaient que sous le coup de la colère, d’une colère intériorisée et transfigurée).