POLITIQUE / Le sinistrisme de Gilbert Thibaudet expliqué par Philippe Fabry
« ... Et ce qu'on explique, en fait, c'est que tout ça ce sont des tendances qui existent en permanence : c'est que ce qu'on appelle les sensibilités politiques. Par dessus cela viennent les idées politiques qui ne sont pas la même chose puisqu'en fait les idées politiques ne sont pas de droite ou de gauche. Les idées politiques apparaissent à gauche et elles dérivent lentement de la gauche vers la droite au fur et à mesure qu'elles sont intégrées par les réformateurs dans l'ordre établi. Une fois qu'elles sont intégrées dans l'ordre établi elles deviennent défendues par les conservateurs mais toujours critiqués par les réactionnaires et les réactionnaires se mettent à les défendre à leur tour quand elles commencent à être menacées. Un bon exemple est la laïcité qui était d'abord une revendication d'extrême gauche contre la religion installée, pour lutter contre le pouvoir de l'église, et qui est devenue aujourd'hui une laïcité de défense contre l'arrivée d'une nouvelle religion qui, elle, est est en pleine expansion. Donc, ça aussi, c'est un point important : la mentalité n'est pas la même sur la totalité du clivage. Au fur et à mesure qu'une idée se déplace dessus sa coloration change. Aussi le nationalisme quand il est de gauche c'est une sorte de nationalisme messianiste il y a l'idée qu'il faut porter un message à l'extérieur, c'est très expansionniste. Le nationalisme de droite optent souvent national de repli précisément et de repli est rarement expansionniste au contraire ce qu'il veut c'est d'abord protéger un ensemble qu'il estime menacé ... Le fait que les idées aillent de la gauche vers la droite était déjà mentionné par Gilbert Thibaudet dans son bouquin les idées politiques en France » Philippe Fabry