PHILIPPE FABRY / L'échiquier politique
https://www.youtube.com/watch?v=1HeNj6r1UgY à 23:04
Philippe Fabry.
« Il y a beaucoup de tentative de modèliser le clivage de la vie politique ... On a essayé de comprendre et de démontrer que ce qu'on appelle le clivage gauche droite. Tout le monde sait puisque c'est ce qu'on a toujours répété, il est né avec la révolution française entre ce qui voulaient soutenir le roi et ses adversaires dans les premières assemblées (nationale constituante et nationale législative). C'est de montrer qu'en fait, ce qu'on appelle clivage gauche droite donc ça une réalité qui est permanente dans les communautés politiques constituées c'est-à-dire que ça existe de tout temps et en tout lieu. [...] il ya un clivage qui est toujours le même et que toute population se distingue entre, de la gauche vers la droite, les révolutionnaires, les progressistes, les conservateurs et les réactionnaires en expliquant que toutes ces tendances sont des positionnements par rapport à ce qu'on appelle l'ordre établi qui est, quelque part, la phase médiane : les conservateurs veulent conserver l'ordre établi et progressistes le changer un petit peu pour aller vers le mieux, les conservateurs pensent qu'il est très bien comme ça, les réactionnaires pensent que c'était mieux avant. Les changements qui sont arrivés dans les dernères décennies voire le siècle passé, c'est que les révolutionnaires pensent que le système n'a jamais été bien qu'il faut complètement en changer et donc cette population qui se trouve selon une distribution normale puisque l'émission normal c'est à dire une sorte de cour de Gauss. On retrouve à peu près un tiers qui étant séparés dans les deux extrêmes c'est-à-dire 1/6 de chaque côté et les deux tiers qui sont au centre qui sont ceux qu'on appelle les généralement les modérés ce que Valéry Giscard d'Estaing appelait les deux français sur trois et avec lesquels les centristes essaient généralement de gouverner que, nous, nous appelons les conformistes parce que ce sont les gens qui globalement défendent l'ordre établi, le cadre. Les progressistes veulent réformer à l'intérieur mais rester dans ce cadre-là, alors qu'aux extrêmes, il y a ce que nous appelons les anticonformistes, c'est-à-dire les gens qui sont réactionnaires ou révolutionnaires, qui veulent casser ça et ça nous permet tout ça de récupérer l'outil d'un auteur est extrêmement intéressant qui s'appelle Fabrice Bouthillon qui a écrit des livres très intéressants sur les révolutions française, russe et allemande et qui explique qu'il y a deux types de centrisme possibles et que tout centrisme a un but qui est quelque part de résoudre la fracture due au clivage gauche droite : le centrisme par exclusion des extrêmes qui est le centrisme des modérés en fait c'est celui que nous avons appelé centrisme conformiste (d'en haut), et celui dont on parle en général quand on parle des centristes. Mais il a défini surtout un autre centrisme qui est le centrisme par addition des extrêmes c'est-à-dire ce moment où les extrêmes des deux côtés se réunissent dans leur détestation de l'ordre établi et le fait qu'ils veulent le changer le faire basculer complètement donc à quelques moments dans l'histoire où on voit ça c'est le cas de la crise boulangiste, par exemple, mais c'est le cas aussi de grandes personnalités politiques dictatoriales, que ce soit Mussolini, Hitler, Staline et même Napoléon donc qui sont ces gens qui souvent naissent dans les périodes révolutionnaires et qui essaient de concilier une forme de radicalité de droite et de radicalité de gauche par exemple chez Napoléon, ça sera d'une part l'appel au peuple comme radicalité de gauche, et d'autre part la forme de monarchisme total comme radicalité de droite donc voilà la façon dont on modélise ça. Et ce qu'on explique, en fait, c'est que tout ça ce sont des tendances qui existent en permanence : c'est que ce qu'on appelle les sensibilités politiques. Par dessus cela viennent les idées politiques qui ne sont pas la même chose puisqu'en fait les idées politiques ne sont pas de droite ou de gauche. Les idées politiques apparaissent à gauche et elles dérivent lentement de la gauche vers la droite au fur et à mesure qu'elles sont intégrées par les réformateurs dans l'ordre établi. Une fois qu'elles sont intégrées dans l'ordre établi elles deviennent défendues par les conservateurs mais toujours critiqués par les réactionnaires et les réactionnaires se mettent à les défendre à leur tour quand elles commencent à être menacées. Un bon exemple est la laïcité qui était d'abord une revendication d'extrême gauche contre la religion installée, pour lutter contre le pouvoir de l'église, et qui est devenue aujourd'hui une laïcité de défense contre l'arrivée d'une nouvelle religion qui, elle, est est en pleine expansion. Donc, ça aussi, c'est un point important : la mentalité n'est pas la même sur la totalité du clivage. Au fur et à mesure qu'une idée se déplace dessus sa coloration change. Aussi le nationalisme quand il est de gauche c'est une sorte de nationalisme messianiste il y a l'idée qu'il faut porter un message à l'extérieur, c'est très expansionniste. Le nationalisme de droite optent souvent national de repli précisément et de repli est rarement expansionniste au contraire ce qu'il veut c'est d'abord protéger un ensemble qu'il estime menacé ... Le fait que les idées aillent de la gauche vers la droite était déjà mentionné par Gilbert Thibaudet dans son bouquin les idées politiques en France »