6 Avril 2019
Jérémie Assous
Avocat proche de certains Gilets Jaunes
Parcours
Son père, juif tunisien, aîné d’une famille nombreuse débarquée en 1959 à Marseille, qui démarre tôt les petits boulots par nécessité, et comble son regret de n’avoir pas fait d’études en accumulant «une bibliothèque fantastique». Littérature, histoire, philosophie : avec sa femme, professeure d’histoire-géo, ils enseignent à leurs quatre enfants la passion des livres et l’esprit critique (8). Jérémie Assous se distingue dès son parcours scolaire par son tempérament rebelle. Exclu à plusieurs reprises, il obtient finalement son baccalauréat en candidat libre. Après des études de droit à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il décroche un DESS en droit civil et un DEA en droit européen. Formé par Jacques Vergès et François Gibault, Jérémie Assous s’est installé à son compte en 2003, la même année où il prête serment. Il a remporté d’importants succès en droit du travail, initiant des décisions jurisprudentielles fondatrices, et est l’un des cofondateurs des plateformes actioncivile.com et demanderjustice.com, qui favorisent considérablement l’accès à la justice (1). Avocat de droit pénal, de droit pénal, de contentieux commerciaux, de droit de la propriété intellectuelle et de droit de la presse (2). Jérémie Assous a notamment été à l'origine de la requalification des contrats de participants aux émissions de « téléréalité » en contrat de travail. Du fait du nombre de plaignants (plus de 300), ce contentieux a souvent été qualifié de “class action” (3). En 2018, Jérémie Assous est classé 17e dans le classement GQ des avocats les plus puissants de France et son style provocateur ainsi que ses prises de position tranchées en font un avocat à part, souvent au cœur des débats sociétaux et médiatiques. Il s'impose comme une figure incontournable du barreau français.
Contact
Assous Avocats
50, avenue de Wagram 75017, Paris
Tél. +33 (0) 1 47 34 67 72
Fax. +33 (0) 1 40 54 77 67
contact@ja-avocats.com et ja@ja-avocats.com
Engagement politique et activisme :
Soutien des Gilets jaunes comme l'indique le titre de cet article. Discrétion pour le reste.
Faits
En 2009, Jérémie Assous se fait connaître du grand public en défendant les candidats de télé-réalité contre la chaîne TF1. Il obtient la requalification de leurs contrats en contrats de travail, une victoire juridique marquante.
En Février 2014, il lance, avec son associé Jérémy Oinino, un site Internet, actioncivile.com, qui permet de regrouper les plaintes de consommateurs s’estimant victimes de pratiques frauduleuses ou anticoncurrentielles (4).
Jérémie Assous est désigné par Jeremy Oinino pour défendre ses intérêts et ceux de la société Demander Justice, dans son combat contre le Conseil national des barreaux et l’Ordre des avocats de Paris qui lui reprochaient d’exercer illégalement la profession d’avocat à travers le fonctionnement de ses sites Internet, www.demanderjustice.com et www.saisirprudhomme.com. Le Tribunal de grande instance de Paris, le (5), puis la Cour d'appel de Paris le ont relaxé Jeremy Oinino (6). La même année, il cofonde la plateforme Action Civile avec Jeremy Oinino, son ancien client.
En 2018, il prend la défense de l'animateur Tex, licencié pour une blague controversée sur les femmes battues. Cette affaire relance le débat sur la liberté d'expression.
Le samedi 8 décembre 2018, Julien Coupat est interpellé dans la matinée à Paris, dans le cadre de l'acte IV des manifestations des gilets jaunes. Il a été entendu pour « participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations » (7).
En 2025, il assure la défense de l'acteur Gérard Depardieu, accusé d'agressions sexuelles sur le tournage du film Les Volets verts. Ce procès, très médiatisé, met en lumière le style de défense incisif d'Assous.
Propos
Sur l'interpellation de Julien Coupat en décembre 2018 : « Ils ont immobilisé son véhicule à cinq voitures, convaincus qu'ils allaient trouver un certain nombre d'éléments de matériel illicite, qui auraient justifié de manière rétroactive leur enquête. Or, il n'y avait qu'un gilet jaune, un masque et des bombes de peinture » (3) « N’importe quelle personne qui a un gilet jaune dans sa voiture peut se faire arrêter pour groupement », a ironisé Me Jérémie Assous auprès de l’AFP.
Sur les pratiques frauduleuses commerciales : « Les entreprises auront toujours le choix entre négocier ou faire face à une avalanche de procès devant tous les tribunaux de France. Avec Internet, le rapport de force devient enfin favorable aux consommateurs »
Propos démentis par la réalité
R.A.S.
R.A.S.
Notamment l'avocat au barreau de Lille Eric Dupond-Moretti et les avocats au barreau de Paris Thierry Levy, Hervé Temime, Pierre Haïk, Jacqueline Laffont, Hayat Djabeur, Antoine Vey et Gérard Haas (3).
Avis
Sur actioncivile.com. Pour Pierre Haïk : « C’est une grande innovation, une bonne idée, même si nous ne sommes pas liés contractuellement avec eux. » Pour Thierry Lévy : « Je n’ai pas donné un accord de principe. Ce sera du cas par cas. C’est une très bonne initiative, une expérience qui mérite d’être tentée. Compte tenu de la taille des entreprises, les individus peuvent aujourd’hui se sentir impuissants à faire valoir leurs droits. » Pour le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur ou l’avocat du barreau Alexandre Varaut : « En soi, c’est une action intéressante, commente ce dernier. Mais il sera bien difficile pour eux de ne pas être poursuivis pour chantage. » Pour Nicolas Lecoq-Vallon, avocat d'UFC Que Choisir : « Quand on veut faire plier un grand groupe, l’effet de masse ne suffit pas, assure-t-il. Il faut aussi être juridiquement très solide. De plus, atomiser les contentieux dans toute la France est compliqué. Ça peut coûter beaucoup d’argent. » Le juriste fait remmarquer que la collecte de plaignants sur Internet peut être assimilée à du « démarchage illicite »(4).
Sources
1. Présentation sur le site Assous Avocats.
3. Présentation sur le site Actioncivile.
Paris Match, L’affaire qui risque de coûter 16 milliards aux banques, 5-7 février 2014, par François Labrouillère et David Le Bailly.
France Inter, La relaxe de demanderjustice.com va-t-elle ouvrir la voie ?, 14 mars 2014
Gilets jaunes : la garde à vue de Julien Coupat prolongée de 24 heures, 8 décembre 2018.
8. Libération, Lex machine, 10 mars 2011, par Ondine Millot.
Extrait d'un article paru le 15 mai 2025 sur lapresse.ca
On ne peut pas dire que les références littéraires et philosophiques aient particulièrement marqué les plaidoiries de Jérémie Assous au procès du monstre de moins en moins sacré du cinéma français.
Mais ses insultes, ça oui.
Entre autres gentillesses, l’avocat a traité les victimes de menteuses, d’hystériques, de clochardes, de féministes enragées et d’agitées du bocal. « Allez pleurer ! », leur a-t-il lancé, pointant sur elles un doigt accusateur. « C’est insupportable de vous entendre. Déjà votre voix, c’est dur, alors… »
Pour l’éloquence flamboyante, c’est raté.
Me Assous peut au moins se vanter d’avoir « transcendé le cadre juridique conventionnel ». Il ne l’admettra pas, étant apparemment doté d’une incommensurable modestie, mais il a accompli un exploit. Non seulement son célèbre client a été condamné, mais, dans une décision rarissime en France, le tribunal a reconnu la « victimisation secondaire » des plaignantes.
Le juge considère en effet que ces femmes ont subi une double agression : d’abord celle de Gérard Depardieu, sur un plateau de tournage. Puis celle de son avocat, dans la salle d’audience.
Me Assous est allé trop loin. Beaucoup trop loin. Ses insultes n’étaient pas nécessaires « à la manifestation de la vérité, au respect du principe contradictoire et à l’exercice légitime des droits de la défense », tranche le tribunal.
L’avocat n’est évidemment pas d’accord. Il voit dans ce jugement une attaque contre sa liberté de parole et son droit de contester les faits ; après tout, avance-t-il, c’est son travail.
Dans cette affaire, en tout cas, le tribunal n’a manifestement pas fait le sien. Il a laissé Jérémie Assous se rendre au bout de ses invectives. Il aurait dû le rappeler à l’ordre pendant le procès.
« Si vous laissez aller l’avocat et ne le blâmez que par la suite, le mal est fait pour les victimes – et même pour l’accusé, qui paie pour la façon dont son avocat a mené le contre-interrogatoire. Il vaut mieux intervenir sur le coup », explique Julie Desrosiers, professeure de la faculté de droit de l’Université Laval.
[...] Aucun avocat [canadien] n’aurait pu insulter un témoin comme l’a fait Jérémie Assous au procès de Gérard Depardieu. « Il y a trop de balises juridiques et jurisprudentielles entourant l’utilisation des mythes et stéréotypes pour qu’un avocat puisse faire ça. C’est non. Il se ferait recadrer », assure Julie Desrosiers.
« Commenter la voix insupportable d’un témoin, c’est un outrage au tribunal, ajoute Rachel Chagnon. Au Canada, tu vas passer deux heures dans la cellule du palais de justice avec une attitude comme ça ! Mais la France, c’est la France… » Là-bas, le recours aux mythes et stéréotypes n’est toujours pas interdit.