#FRENCHREVOLUTION / CSA - la révolution 2.0 ne sera pas télévisée
D'un côté la décision incompréhensible selon leaquelle citer Twitter ou Facebook à la télévision revient désormais à faire leur publicité, de l'autre, la mort à 62 ans de Gil Scott-Heron... "The Révolution will not be televised", chantait le pionnier du rap américain. La revolution 2.0 non plus. Tristan Berteloot
Parfois, l'actualité a de quoi faire sourire, même lorsque les nouvelles ne sont pas follement réjouissantes. Ironie du sort : on apprend à la fois, ce week-end, la mort du rappeur poète Gil Scott-Heron et l'annonce par le CSA de l'interdiction faite aux chaînes de TV de parler des marques Twitter ou Facebook à l'antenne.
Bien sûr, les deux sujets font le buzz sur les réseaux sociaux. D'une part, tout le monde rend hommage au légendaire auteur-compositeur de "The Revolution Will Not be Televised", chanson rebelle qui pointait l'omniprésence et le pouvoir néfaste de la télévision sur les masses. D'autre part, les internautes s'enflamment évidemment contre la ridicule tentative du CSA d'interdire toute "publicité" pour les services de Facebook et Twitter à... la télévision.
Interdit-on aux animateurs de citer leurs sources lorsqu'il s'agit d'un titre de la presse étrangère ? Ou d'une autre chaîne ? "Une information révélée par nos confrères de Canal+..." ou "Selon le quotidien espagnol El Pais...", ce n'est pas de la publicité ? Les réseaux sociaux seraient-ils considérés comme de simples marques lambda, et non pas comme des organes d'information à part entière ?
La conclusion s'impose alors naturellement : non seulement Gil Scott-Heron était de son vivant un artiste surdoué qui a bien mérité son immense notoriété, mais en plus sa disparition donne une nouvelle occasion de crier haut et fort que, décidément : les révolutions ne sont pas télévisées.
Ou du moins pas toutes. Car justement, si le climat mondial est sans conteste aux révolutions en série - du monde arabe à l'Espagne en passant par la Grèce, pour aller vite - c'est justement grâce aux nouveaux médias et aux réseaux sociaux qu'elles ont pu être aussi bien "couvertes" par la télévision et les journaux. Il n'y a qu'à constater sur Twitter le succès des #spanishrevolution ou autres #arabrevolution, et même la tentative de #frenchrevolution.
La véritable révolution médiatique qui permet aujourd'hui de relayer, voire d'organiser toutes les autres, mérite-t-elle une interdiction de publicité à la télévision ? Du point de vue des pouvoirs traditionnels, qui se sont si longtemps appuyés sur ce média à sens unique pour parler aux foules (de cul et de foot, de préférence, merci M. Berlusconi), la réponse est évidemment positive.
Ne reste plus, alors, qu'à espérer une hypothétique révolution de la télévision, qui se rebellerait contre l'organisme chargé de lui dicter son code de bonne conduite. Ou bien on peut encore imaginer un boycott de toutes les marques de chaînes de télévision par les utilisateurs des réseaux sociaux : Sur Facebook comme sur Twitter, plus aucune mention de TF1, France 24, i-Télé ou BFM TV ? On peut rêver.