La Philosophie à Paris

739. Des vérités ?

21 Février 2013, 23:37pm

Publié par Anthony Le Cazals

Par la perte du genre, il en serait fini des prétentions aux vérités génériques. Loin de ceux qui veulent faire tenir la vérité dans une fonction (Frege-Wittgenstein) ou de ceux qui en restent à la validité de propositions logiques (Carnap), aujourd’hui deux formes de vérité demeurent : la vérité comme contenant un vide inexpugnable duquel s’opère une saisie de tout ce qui touche au genre. C’est le Dieu Liberté comme Bien qui fonde la Vérité. C’est la vérité comme trajet fidèle au dogme sans lequel le sujet s’effondrerait. L’autre « vérité »  délaisse la logique de la moindre action et réclame davantage d’énergie. C’est la vérité comme danse. Elle est plus qu’une simple trajectoire, c’est un parcours tout en puissance et en sagesse. C’est le demi-dieu Dionysos qui lance sa satire. Pour la première forme, la vérité est ennuyeuse, désert aride dont Platon tente de rendre compte par de longs développements. Pour la seconde, la vérité est danse mais contient encore en elle une aristocratie des genres : cela touche directement à l’énigme de la femme comme vérité chez Nietzsche. Nietzsche nous lance cette énigme : « la vérité est femme », or la solution de l’énigme « femme » n’est pas l’amour mais la grossesse NzFP°3[1]128. Dans ce second cas, celui de la danse, celui d’un discours qui s’origine dans l’énigme des corps animés, la vérité n’est pas critiquée pour son arrière-fond moral mais mise en avant pour le dynamisme, pour l’énergie dont elle se fait l’éclat : on est loin de la séduction nécessaire tant des femmes pour les hommes que de la vérité pour les philosophes et on est davantage dans l’énigme qui n’énonce pas de vérités mais le point de vue du sage. Le sage tend à nous préparer en vue d’un effort, à nous éveiller au combat. Au travers de la question du genre et de sa disparition avec la procréation artificielle, c’est de la moralité dont il est question mais cela n’épargne pas nos rapports intrinsèques à la « Vérité ». « Moralité » et « Vérité » marquent l’ère judéo-chrétienne.

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