Voici un petit texte daté du 29 mars 2008, que l'on pourrait cordialement envoyé aux représentants de l'Unef de Paris 8. Ecrit par Eric Lecerf, il explique combien le décalquage des pratiques politiciennes (le politique ou politique représentative) est inepte à produire hors de la représentation ce que l'on nomme la politique effective, celle des luttes d'affirmation plus que de revendication. Paris8philo
chers camarades
Juste deux ou trois mots à propos de ces échanges et du piège constitué par l'épuisement du politique dans la joute électorale, constat sur lequel nous sommes sûrement tous ou plus ou moins d'accord. Je voudrais d'abord souligner que l'élection à laquelle il était fait ici référence portait sur le crous et sur ce qu'il est convenu d'appeler la représentation étudiante. Depuis au moins deux décennies, l'UNEF applaudit à cette belle sentence "élection piège à cons". A peine 10% des étudiants votent et cela leur permet allègrement de se prétendre première organisation représentative des étudiants, de s'accorder de substentiels dividendes, de préparer leur carrière en vendant au plus offrant leur vote. Je suis ainsi particulièrement scandalisé, indigné, de voir comment l'UNEF, après avoir ouvertement collaboré avec le ministère Pécresse fait un retour à P8 à coup de concert gratuit et de pétition contre le racisme (!!!) et ceci afin de se faire voir et d'obtenir le petit matelas de voix qui leur suffit pour prolonger leur petit trafic. A Paris6, le jour des élections, ils ont dépêché toute leur base militante afin d'occuper le terrain. Cela a fait sourire les bons esprits, mais ils ont gagné, alors qu'ils ne représentent plus rien sur cette fac!
Et il est clair qu'à P8, ils vont organiser la même merde et qu'ils pourront une fois de plus remercier la pureté de ceux qui ne transigent jamais. Et qu'est-ce que cela voudra dire si l'UNEF arrive chez nous à être une fois de plus en tête, simplement un déni de la lutte qui s'est engagée cet hiver et qui les a complètement marginalisés. Alors oui, je crois qu'il faut voter pour toutes les listes qui se sont clairement opposées à la LRU. Non pas car l'obtention d'élus serait le but de l'action, mais car il y a là une logique de l'action. Et car ces élus seront demain des relais, notamment dans le combat pour faire inscrire les étudiants sans-papier.
Parce que je pense qu'il n'y a pas de politique sans principe, je suis particulièrement attaché à les reconnaître et l'abstention pure et dure n'est pas un principe. Elle est un moyen d'action, mais aussi une petite coquetterie lorsqu'elle se veut principe. D'une certaine façon, elle contribue à une fétichisation de la démocratie dite "représentative". Je me suis souvent abstenu (notamment lorsqu'il "fallait" voter pour une gauche supposée ête un moindre mal), non pas pour une raison de principe, mais simplement car les circonstances l'exigeaient. Et vraiment, je crois que les circonstances présentes engagent tous ceux qui se sont mobilisés à former des listes pour faire mordre la poussière à ces opportunistes de l'UNEF.
Un dernier mot, tout de même, pour avoir été 4 ans dans un comité de soutien aux résidents des foyers de la sonacotra (entre 77 et 81) lutte dont chacun reconnaît aujourd'hui le caractère historique, je rappelle qu'une de leurs premières revendications était l'institution de comités de résidents élus... Mais il est vrai qu'à l'époque certains voyaient dans cette revendication un "révisionnisme"!
bien cordialement
eric lecerf