AFRIQUE / Kenya
Présentation du pays
Nom officiel : République du Kénya
Nature du régime : République
Chef de l’État : M. Uhuru Kenyatta
Superficie : 580 367 km²
Capitale : Nairobi
Villes principales : Nairobi, Mombasa, Kisumu, Eldoret, Nyeri, Meru, Embu
Langue(s) officielle(s) : anglais, swahili
Langue(s) courante(s) : anglais, swahili, plus de 40 autres langues
Monnaie : Shilling kenyan ; 1 EUR = 132,67 KES (janvier 2020)
Fête nationale : 12 décembre (Indépendance)
Population : 47,5 millions (recensement 2019)
Population : 53,8 millions (ONU, 2020)
Densité : 85,3 habitants/km²
Croissance démographique : 2,3 % (ONU, 2020)
Espérance de vie : 66,2 ans (ONU, 2015-2020)
Taux d’alphabétisation : 87,8 % (Banque Mondiale, 2018)
Indice de développement humain : 0, 579 - 185e sur 228 (2018)
Religions : Protestants 45 % ; Catholiques 33 % ; Musulmans 10 % ; Animistes 10 % ; autres 2 %
Éléments d’actualité
Le Kénya, indépendant depuis 1963, fait figure d’exemple en matière de stabilité politique et de transition démocratique en Afrique. En 2007, le Kénya connait cependant une grave crise politique. Les résultats de l’élection présidentielle sont contestés par l’opposition et des violences éclatent dans l’ensemble du pays faisant plus de 1 300 morts et 600 000 déplacés.
L’adoption par référendum d’une nouvelle constitution en août 2010 constitue une avancée majeure pour le pays. Des réformes sont lancées pour œuvrer à la réconciliation nationale et garantir la transparence des élections :
- réforme institutionnelle pour rééquilibrer les pouvoirs : création d’un Sénat ; processus de décentralisation avec la création de 47 comtés (« counties ») dotés d’un gouverneur et d’une assemblée ; suppression du poste de Premier ministre ; meilleure prise en compte des droits politiques et sociaux ;
- réforme électorale pour garantir un processus électoral transparent et prévenir tout risque d’instabilité à l’approche des élections : création d’une Commission électorale indépendante ; vote d’une loi sur les partis.
Les élections générales de mars 2013 se sont déroulées sans heurt majeur. Uhuru Kenyatta, leader de la coalition du « Jubilee » et fils du père de l’indépendance, Jomo Kenyatta, a été élu président de la République dès le premier tour. En août 2017, il a été réélu devant son rival Raila Odinga (coalition de la NASA) mais le scrutin a été annulé par la Cour suprême, ce qui a constitué le premier cas de figure sur le continent africain. Le nouveau scrutin présidentiel du 26 octobre 2017, a toutefois été boycotté par Raila Odinga. Le 20 novembre, la Cour suprême a confirmé la réélection d’Uhuru Kenyatta.
Pour son second mandat, Uhuru Kenyatta s’est donné comme priorités la mise en place d’une couverture médicale universelle, la facilitation de l’accès au logement et notamment à la propriété, la création d’emplois et d’opportunités pour les jeunes et l’amplification des relations commerciales du Kénya avec ses partenaires extérieurs (Big Four).
Le 11 mars 2018, Uhuru Kenyatta et Raila Odinga ont scellé leur réconciliation par une poignée de main. Il se sont accordés sur la nécessité d’engager des réformes dans 9 domaines et ont mis en place la plateforme de la Building Bridge Initiative (BBI) chargée de faire des propositions.
Le rapprochement Kenyatta/Odinga, réalisé sans l’aval des autres leaders de la coalition de l’opposition (NASA), a bouleversé la scène politique kényane et provoqué un redécoupage des alliances politico-ethniques en vue de l’élection présidentielle de 2022, pour laquelle William Ruto, le vice-président, apparait déjà en campagne, mais sans le soutien du Président Kenyatta.
En novembre 2020, le rapport de la BBI a notamment proposé l’adoption de mesures phares telles que l’élargissement de l’exécutif avec le retour du poste de Premier ministre, le renforcement de la décentralisation et de la parité.
Pour acter ces réformes, un référendum a été, un temps, envisagé au mois de juin 2021. Néanmoins, la crise sanitaire liée à la Covid-19 et les difficultés financières dues à l’accroissement de la dette extérieure du pays, pourraient entrainer un report de la tenue de ce referendum.
Enfin, ces dernières années, la politique intérieure kényane a été marquée par plusieurs scandales de corruption qui ont quelque peu terni l’image de la classe politique et provoqué de fortes réactions populaires.
La politique étrangère du Kénya est centrée en priorité sur son environnement régional direct et la promotion de ses intérêts économiques. La situation en Somalie est pour le Kénya un sujet d’inquiétude majeur. Le pays a subi deux attaques majeures du groupe Al Shebab (affilié à al Qaeda) : du 21 au 24 septembre 2013, le centre commercial du Westgate a été la cible du groupe terroriste tuant 68 personnes et faisant plus de 200 blessés ; le 2 avril 2015, l’université de Garissa a également été la cible d’une attaque qui a fait 152 victimes. Le 5 janvier 2020, la base américano-kenyane de Camp Simba a été prise pour cible par les Shebabs, conduisant à la mort de 3 soldats américains.
La Somalie est en crise depuis 1991. En octobre 2011, craignant les incursions de la milice islamiste Al Shebab sur son territoire, le Kénya est intervenu militairement en Somalie, et a créé une zone tampon le long de sa frontière. Depuis février 2012, les forces kényanes (environ 4 000 hommes) sont intégrées au sein de la mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), déployée depuis 2007.
Le Kénya abrite près de 500 000 réfugiés, principalement venus de Somalie (275 000) et du Soudan du sud (115 000) et compte environ 300 000 déplacés internes. Le camp de Dadaab accueille à lui seul 230 000 personnes. Le gouvernement a toutefois annoncé à plusieurs reprises qu’il comptait le fermer, le considérant comme le refuge de nombreux terroristes. Des retours volontaires en Somalie sont ponctuellement organisés en coordination avec l’UNHCR et l’OIM.
Les relations politiques entre les deux pays se tendent régulièrement notamment du fait du contentieux sur le tracé de la frontière maritime, délimitant les zones économiques exclusives (ZEE). Le litige est en cours d’instruction à la Cour internationale de Justice (CIJ). Les prochaines auditions débuteront en mars 2021.
Plus récemment, en décembre 2020, l’annonce de la visite du président du Somaliland (qui revendique son indépendance depuis 1991) à Nairobi, a de nouveau provoqué la rupture des relations diplomatiques entre le Kénya et la Somalie.
Le Kénya est membre fondateur de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) avec la Tanzanie et l’Ouganda. Il a joué un rôle moteur dans les différentes étapes de l’intégration de cette organisation intergouvernementale : union douanière en 2005 ; lancement d’un marché commun le 1er juillet 2010 ; projet d’union monétaire ; lancement en juin 2015 de la zone de libre-échange tripartite réunissant les 26 pays de l’EAC. L’institution est cependant en déficit d’une nouvelle impulsion politique et doit faire face à des difficultés financières. Par ailleurs, l’instauration de barrières non-tarifaires de la part de certains pays freine l’intégration économique de la région.
Le Kénya est également membre de l’IGAD (Intergovernmental Authority on Development) regroupant les sept pays de la Corne de l’Afrique ; du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) avec vingt autres pays de l’Afrique orientale et australe ; et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) avec quinze autres pays d’Afrique australe.
Avec l’Éthiopie, le Kénya tire l’économie de l’Afrique de l’Est. Son PIB est de 98,6 milliards USD en 2019. Néanmoins, le PIB par habitant (1998 USD) est bien supérieur à celui de l’Éthiopie (953 USD) et lui permet d’être classé parmi les pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure).
Le Kénya a bénéficié d’une accélération marquée de sa croissance économique au cours de la dernière décennie (5,9 % en moyenne depuis 2010). Au-delà du ralentissement économique dû à la crise sanitaire (prévision de croissance par le FMI à 0,8 % en 2020), le modèle économique kényan doit faire face à un certain nombre de défis :
- la répartition très inégale des revenus à travers le territoire : 20 % de la population appartient à la classe moyenne mais 40 % vit toutefois sous le seuil de pauvreté ;
- des facteurs de production qui sont souvent coûteux ; l’accès aux financements reste difficile pour les PME ; le secteur informel concurrence un secteur formel encore en développement ;
- la modernisation de l’agriculture qui représente 37 % du PIB, mais qui occupe les deux-tiers de la population active et le développement du secteur industriel (18 % du PIB) ;
- le rééquilibrage de la situation extérieure du pays : le déficit commercial est chronique, important (8,4 % du PIB) et structurel (faible diversification des exportations - thé, café, fleurs - alors que les besoins de capitaux extérieurs et d’équipements sont importants) ;
- l’amélioration de la gestion des finances publiques : la politique budgétaire expansionniste a engendré des déficits budgétaires chroniques et une hausse de la dette publique kényane, notamment extérieure. En octobre 2018, le FMI a fait passer le risque pesant sur la dette kényane de « faible » à « modéré » puis en mai 2020, de « modéré » à « élevé ».
Au titre du 11e Fonds européen de développement, le Kénya a bénéficié pour la période 2014-2020 d’un programme de 435 millions d’euro, centré sur trois secteurs : la sécurité alimentaire et la résilience, les infrastructures durables, et la gouvernance et l’État de droit.
En 2017, la Chine a prêté au Kenya 3,7 milliards de dollars pour financer la construction de la ligne de train à grande vitesse entre Nairobi et Mombasa.
Du fait de la dégradation de ses finances publiques depuis 2019 puis de la crise de la Covid-19, le Kénya bénéficie d’un soutien conjoncturel conséquent de la Banque mondiale (1 milliard USD) et du FMI (750 millions USD).
En décembre 2020, le Kénya a par ailleurs demandé à rejoindre l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI) proposée par le G20 en avril dernier.
Mise à jour : 21.01.21
Sources ;Le Monde ; Ministètre des Affaires étrangères, France