AFRIQUE / Centrafrique
Présentation du pays
Nom officiel : République centrafricaine
Nature du régime : République, régime semi-présidentiel
Superficie : 623 000 km²
Capitale : Bangui (889 000 habitants)
Villes principales : Bimbo, Berbérati, Carnot, Bambari, Bouar, Bria, Bossangoa, Nola, Bangassou (+ de 30000 habitants)
Langues officielles : français et sango
Langues nationales : sango, banda du Sud, banda-banda, bokoto, gbanou, gbaya, foulbé, gbanziri, aoussa, kaba, kare, manza
Monnaie : franc CFA (1 EUR = 656 F CFA)
Fête nationale : 1er décembre
Population : 4,745 millions d’habitants (Banque mondiale, 2019)
Densité : 7,49 habitants/km²
Croissance démographique : +1,675 % (Banque mondiale, 2019)
Espérance de vie (à la naissance) : 53 ans (Banque mondiale, 2018)
Taux d’alphabétisation (15 ans et plus) : 37,4 % (Banque mondiale, 2018)
Religion(s) : protestantisme (51 %), catholicisme (29 %), islam (10 %), animisme (10 %)
Indice de développement humain : 188e sur 189 (PNUD, 2019)
Éléments d’actualité
Le 24 mars 2013, la coalition rebelle Séléka s’empare du pouvoir détenu par François Bozizé depuis 2003. Incapable d’enrayer la violence entre ses éléments armés et le mouvement anti-balaka, qui a émergé en réaction à l’avancée de la Séléka, son leader, Michel Djotodia, occupe la Présidence jusqu’à sa démission le 10 janvier 2014. Catherine Samba-Panza, maire de Bangui, est élue chef de l’État de la transition par le Conseil national de la transition, avec pour tâche essentielle d’organiser des élections libres et transparentes, qui se déroulent entre décembre 2015 et mars 2016. Elles aboutissent à l’adoption d’une nouvelle Constitution, avec un régime semi-présidentiel et une décentralisation renforcée, et à l’élection le 14 février 2016 du Président Faustin Archange Touadéra.
Le 6 février 2019, dans le cadre de l’Initiative de paix portée par l’Union africaine et les pays de la région, un accord de paix est signé à Bangui entre le gouvernement centrafricain et 14 des groupes armés présents sur le territoire. Cet accord, le huitième signé depuis 2012, prévoit la mise en place d’un gouvernement inclusif, des mesures de décentralisation et une réforme de la fonction publique. Les groupes armés s’engagent à une cessation immédiate des violences, à se dissoudre, à faciliter le redéploiement de l’État sur l’ensemble du territoire et à participer au processus de démobilisation, désarmement, réintégration et rapatriement (DDRR). L’accord rejette l’idée d’impunité et met en place un mécanisme de justice transitionnelle avec la création d’une Commission vérité, justice, réparation et réconciliation.
Cependant, à l’approche du premier tour des élections présidentielle et législatives, des groupes armés soutenus par François Bozizé se sont retirés de l’Accord pour former la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Les élections ont lieu le 27 décembre 2020 malgré les tentatives de déstabilisation de la CPC et la réélection du Président Touadéra est confirmée par la Cour constitutionnelle le 18 janvier 2021, au terme d’un scrutin fortement contesté. Par la suite, la situation sécuritaire et humanitaire s’est fortement dégradée, y compris à Bangui.
L’opération de l’ONU, la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA), a été créée en avril 2014 (résolution 2149) par le Conseil de sécurité. Elle a principalement pour mandat la protection des populations et l’appui au processus politique (appui aux efforts de réconciliation, au processus de démobilisation des groupes armés, à la réforme des forces de sécurité, à la lutte contre l’impunité). Le 12 novembre 2020, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2552 renouvelant pour un an le mandat de la MINUSCA, puis le plafond de troupes de la mission a été augmenté de 3700 Casques bleus le 12 mars 2021 (résolution 2566). Depuis le début de ses opérations, 131 Casques bleus ont perdu la vie.
Déployée en juillet 2016, la mission de formation de l’Union européenne, EUTM RCA, a pour mandat d’accompagner la restructuration des forces armées. Le Portugal a pris le relais de la France qui en assurait le commandement jusqu’à fin 2020. À la demande de la France, le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne du 15 juillet 2019 a acté l’établissement d’une nouvelle mission civile, une mission de conseil auprès des forces de sécurité intérieure (EUAM), de taille limitée. Cette mission est déployée depuis août 2020.
La région a joué un rôle positif dans la sortie de crise. La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a fourni l’essentiel des contingents (Cameroun, Congo, Gabon, RDC, Tchad, Guinée équatoriale) de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), opération de l’Union africaine déployée en décembre 2013, dont les troupes sont ensuite devenues la colonne vertébrale de la MINUSCA, qui a pris le relai à partir de septembre 2014. La CEEAC a également soutenu le processus de transition, à travers la médiation régionale confiée au Congo. Au lendemain de la prestation de serment du Président Touadéra, la RCA a réintégré les instances de l’Union africaine, puis celles de l’Organisation internationale de la Francophonie dont elle avait été suspendue après la prise du pouvoir par la Séléka en mars 2013. Le 17 juillet 2017, la RCA, l’Union africaine, la CEEAC, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et les pays de la région ont signé à Libreville une « feuille de route pour la paix et la réconciliation en RCA » (Initiative africaine de paix) qui fixe un cadre unique pour les discussions avec les groupes armés et la recherche d’un accord politique global. Les parties ont abouti à un accord le 6 février 2019, au terme de négociations à Khartoum sous l’égide de l’Union africaine.
Le 19 janvier 2021, à la suite de la confirmation par la Cour constitutionnelle de la réélection du Président Touadéra, un communiqué conjoint a été publié par la CEEAC, l’Union africaine, l’Union européenne et l’ONU, dans lequel tous les acteurs ont appelé à respecter la décision de la Cour et à réaffirmer leur engagement pour la consolidation de la démocratie et de l’État de droit en RCA. Les organisations ont condamné avec fermeté les actions déstabilisatrices des groupes armés et appellent les autorités centrafricaines à poursuivre le processus de paix avec les groupes armés.
La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), présidée par l’Angola, s’est réunie le 29 janvier 2021 pour aborder la situation en République centrafricaine. Elle a appellé les groupes armés à la cessation des hostilités et a encouragé le Président Touadéra à poursuivre ses efforts dans une gouvernance de dialogue. Elle s’est de nouveau réunie le 20 avril, en présence du Président Touadéra et de plusieurs chefs d’Etats de la région, afin de parvenir à une solution négociée avec les groupes rebelles.
Si quelques progrès ont été accomplis depuis cinq ans, la situation en RCA reste fragile et la mobilisation des partenaires est indispensable pour relever les multiples défis auxquels reste confronté le pays : désarmement des groupes armés, réforme des forces de sécurité, retour de l’État sur tout le territoire, redressement économique et social, réconciliation nationale. Près de 3 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire, soit près de deux habitants sur trois, ce qui en fait la troisième plus grande crise humanitaire au monde après le Yémen et la Syrie. D’après le Programme alimentaire mondial (PAM), 51 % de la population n’a pas assez à manger et 38 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. 623 400 personnes sont réfugiées dans les pays voisins et le pays compte 684 000 déplacés internes.
Un « plan national de relèvement et consolidation de la paix en RCA » (RCPCA) a été préparé par le Gouvernement, avec le soutien de l’Union européenne (UE), de l’ONU et du groupe de la Banque mondiale, pour recenser les besoins et servir de base à la conférence des donateurs organisée à Bruxelles le 17 novembre 2016. Celle-ci a été un succès en permettant de réunir un peu plus de 2,28 milliards USD de promesses de dons pour les années 2017 à 2021. La Banque mondiale a annoncé 500 millions USD de nouveaux financements, l’Union européenne a annoncé 416 millions EUR, et la Banque africaine de développement (BAD) 400 millions USD.
À titre bilatéral, l’action de l’Agence française de développement (AFD) en RCA s’inscrit pleinement dans le cadre de la stratégie du RCPCA et est axée prioritairement sur les domaines de la santé, de l’éducation, du renforcement de la sécurité alimentaire. La RCA fait partie des 19 pays pauvres prioritaires de notre aide publique au développement.
PIB (2019) : 1 356 milliards FCFA (environ 2,2 milliards EUR)
PIB par habitant (2019) : 467,9 USD
Croissance : 3 % en 2019 / -1 % en 2020 / 3 % en 2021 (prévision)
Inflation : 2,7 % en 2019 / 2,9 % en 2020 / 2,5% en 2021 (prévision)
Dette publique : 44,1 % du PIB (prévision 2021, FMI)
La dette centrafricaine est considérée à risque de soutenabilité élevé par le FMI.
Balance commerciale : -640 millions USD (2019)
Principaux clients (FMI, 2019) : France, Bangladesh, Bénin, Chine
Principaux fournisseurs (FMI, 2019) : France, Chine, Cameroun, Etats-Unis
Part des principaux secteurs d’activité dans le PIB (2016) :
- Agriculture (vivriers, café, coton, palmier à huile, forêt) : 32,4 % du PIB
- Industries extractives (or et diamant) et industries de transformation (boissons, sucre, cigarettes, tôle) : 21,1 % du PIB
- Services (banques, commerce, hôtellerie, télécommunications) : 46,4 % du PIB
La Centrafrique a connu une période de croissance économique relativement soutenue entre 2015 et 2017, qui reflétait avant tout un phénomène de rattrapage après l’effondrement de -36,7 % observé en 2013. À partir de 2018, le rythme de croissance s’est ralenti à 3,8 % puis à 3,0 % en 2019, ce qui a néanmoins permis à la Centrafrique de retrouver le niveau d’activité d’avant-crise, avec un PIB estimé à 1 356 milliards FCFA (environ 2,1 milliards EUR).
Le ralentissement de l’activité depuis 2018 s’explique par la chute de la production officielle de diamants après le départ du dernier bureau d’achat et par les performances décevantes de la filière bois liées à un arrêt temporaire de la production en novembre et décembre en réaction à une hausse des impôts. La production de bois a repris depuis, augmentant de 11,4 % en glissement annuel au premier trimestre 2019. La production de diamants pourrait se redresser à la faveur des vérifications menées par le processus de Kimberley pour élargir la zone verte. Les secteurs du coton et du café, qui constituaient jadis les principales cultures de rente du pays, sont tributaires de l’évolution de la situation sécuritaire dans les bassins de production. L’agriculture de subsistance représente toujours la principale source d’activité économique (plus de la moitié du PIB).
L’économie centrafricaine, très dépendante des importations, est affectée par les difficultés d’approvisionnement sur le corridor Douala-Bangui. Les exportations de bois, qui représentent près des deux tiers des exportations totales, devraient également souffrir du ralentissement de la demande mondiale.
Sur le plan budgétaire, la Centrafrique reste fortement dépendante des financements extérieurs en raison d’un taux de prélèvement fiscal extrêmement faible (8,7 % du PIB en 2019). Avec des dépenses publiques représentant 16,9 % du PIB en 2019, la Centrafrique a enregistré un déficit budgétaire (hors dons) de 8,2 %. En tenant compte des appuis extérieurs apportés par les bailleurs de fonds, équivalant à 9,6 % du PIB, la Centrafrique a réussi à dégager un excédent budgétaire de 1,4 %.
La Centrafrique était engagée depuis juillet 2016 dans un programme avec le FMI appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) pour un montant porté à 189 millions USD. Un nouveau programme triennal appuyé par la FEC a été conclu en décembre 2019. Dans le cadre de la stratégie gouvernementale de riposte à la Covid-19, la RCA bénéficie de l’appui de quelques partenaires extérieurs (Banque mondiale, BAD, France, UE). Le FMI a accordé une Facilité de crédit rapide (FCR) d’un montant de 27,9 millions DTS et une annulation pour six mois des créances qui lui sont dues. La Centrafrique bénéficie également du moratoire sur la dette extérieure bilatérale accordé par les pays du G20 et du Club de Paris.