REVOLUTION . Olympe de Gouges
De son vrai nom Marie Gouze - elle changea de nom en devenant autrice - Olympe de Gouges est née à Montauban le 7 mai 1748, dans un milieu plutôt bourgeois. Fille de boucher, sa mère venait d’une famille d’avocats, ce qui lui permit d’obtenir une éducation solide.
Mariée contre son gré à 17 ans avec un homme de trente ans son aîné, elle décida de rester veuve après le décès de son mari en 1766, et de se consacrer à l’écriture.
Une carrière d’auteure engagée à Paris
A cette époque, les femmes ne peuvent écrire sans l’accord de son époux, raison pour laquelle Olympe de Gouges décide de ne pas se remarier. Elle monte à Paris avec son fils, où elle rencontre Jacques Biétrix de Rozières, fournisseur de la marine, avec qui elle sera proche jusqu’à la Révolution française.
Grâce à son soutien financier, elle se consacre à l’écriture, notamment de pièces de théâtre, qu’elle fait jouer à la troupe itinérante qu’elle a elle-même montée, à Paris et en région.
Le combat anti-esclavagiste d’Olympe de Gouges
La pièce qui la fit connaître est “Zamore et Mirza, ou l’heureux naufrage”, inscrite au répertoire de la Comédie Française malgré une certaine réticence de la part des comédiens. Alors que le “Code noir” est en vigueur depuis le règne de Louis XIV, Olympe de Gouges souhaite avec ce texte dénoncer le sort des esclaves noirs dans les colonies. Elle devra attendre 1789 pour que la pièce soit jouée, et la victoire sera d’une courte durée - trois jours - les acteurs étant sans cesse interrompus par les sifflets.
Pas de quoi lui faire froid aux yeux ! Forte du soutien de Mirabeau, elle poursuit sa carrière de femme de lettres et fait éditer, dès 1788, de nombreux pamphlets qui sont affichés dans la capitale.
Olympe de Gouges et les droits des femmes
Parmi les principaux chevaux de bataille d’Olympe de Gouges, notons le combat pour la création de maternités, la reconnaissance des enfants illégitimes ou encore le droit au divorce et à l’union libre. Elle s’engage également en faveur de la libre recherche de paternité.
Outre les droits des femmes, elle appelle à la création d’un impôt patriotique, entre autres ambitieuses réformes sociales. A l’issue de la Révolution, elle dénonce l’exclusion des femmes de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen. Ainsi publie-t-elle en 1791 la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, qu’elle dédie à Marie-Antoinette, “la première des femmes”.
Dépeinte par ses détracteurs contemporains tantôt comme une courtisane, tantôt comme une hystérique, Olympe de Gouges fut la première à revendiquer haut et fort l’égalité entre les femmes et les hommes.
Olympe de Gouges, opposée à la peine de mort
Tour à tour républicaine et monarchiste, Olympe de Gouges est farouchement opposée à la peine de mort, comme elle s’oppose à toute forme d’engagement violent pendant la Révolution. Son opposition à la mort de Louis XVI s’inscrit dans la suite logique de son action, Olympe de Gouges allant jusqu’à se proposer pour assister l’avocat du monarque lors de son procès devant la Convention.
Néanmoins, elle finira par se prononcer en faveur de la mort du roi et celle de toute sa famille, et par souhaiter également la mort de Robespierre.
Olympe de Gouges VS Robespierre
Alors qu’elle avait pris position pour les Girondins, Olympe de Gouges est arrêtée par les Montagnards en juillet 1793, après avoir interpellé Robespierre dans un texte intitulé “Les trois urnes”. Enfermée à la Conciergerie, puis convoquée devant le Tribunal révolutionnaire le 2 novembre, elle sera exécutée le lendemain. Au matin du 3 novembre 1793, celle qui avait déclaré que “si une femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune”, est guillotinée devant la foule sur l’actuelle place de la Concorde.
Emprisonnée, elle eut le temps d’écrire à son fils : “Je meurs victime de mon idolâtrie pour la patrie et pour le peuple (...) Vingt fois j'ai fait pâlir mes bourreaux et, ne sachant que répondre à chacune des phrases qui caractérisaient mon innocence, ils ont prononcé ma mort (...) Je meurs, mon fils, mon cher fils ; je meurs innocente.” Juste avant de mourir, les seuls mots qu’elle prononça furent “Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort”.