MICHEL ONFRAY / Non, le Rassemblement national ne propose pas la retraite à 66 ans
Michel Onfray en ce moment se lâche, dans des propos sexistes à l'égard Sandrine Rousseau ou Greta Thunberg, dans des porpos antisémites plus précisément islamophobes. Il diifament l'ensemble du Front Populaire plus précisméent Jean-Lc Mélenchon et Aymeric Caron.
La Rédaction
26/06/2024
Partager cet article
ARTICLE. A lire les membres du « Nouveau Front populaire », de la Macronie et même certains journalistes, le RN reviendrait sur ses promesses et proposerait la retraite à 66 ans. Un argument cynique, de mauvaise foi, mais, surtout, qui témoigne de l’incompréhension, par bien des commentateurs politiques et médiatiques, du système des retraites et de son fonctionnement.
TF1 - CAPTURE D'ÉCRAN
Voilà désormais que le Rassemblement national propose la retraite à 66 ans ! On savait que le parti de Jordan Bardella revenait sur son programme, l’ajustait ici ou là, décalait dans le temps certaines mesures… mais là, tout de même, 66 ans ! Cette rumeur qui enfle est le fruit d’une interprétation partielle et partiale d’un exposé du président du RN lors du débat qui l’a opposé, ce mardi 25 juin sur TF1, à Manuel Bompard (NFP) et Gabriel Attal (Ensemble pour la République).
Les trois étaient amenés à détailler les effets de leur programme pour deux personnes, l’une ayant commencé sa carrière à 17 ans, l’autre, à 24 ans. C’est sur le second cas que les esprits se sont embrouillés. C'est une vieille habitude médiatique : sur la question des retraites, les attentions se focaliser avant tout sur l’âge légal de départ à la retraite. Mais elles oublient le plus souvent une deuxième donnée, elle aussi encadrée par la loi, la durée légale de cotisation. Ainsi, bien que défendant un âge de départ légal à 62 ans hors carrières longues, le candidat du Rassemblement national a expliqué qu’une personne ayant commencé à travailler à 24 ne toucherait sa retraite à taux plein qu’à partir de 66 ans.
Aussitôt les commentateurs ont persiflé. « La retraite à 66 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tard ou qui ont eu une carrière hachée. Voilà le programme du Rassemblement national » a écrit Clémence Guetté (LFI). « Le RN défend désormais la retraite à… 66 ans », s’est indigné Léon Deffontaines (PCF). Même la macronie s’y est mise. « La retraite à 60 ans sur TikTok et à 66 ans IRL » s’est moquée Yaël Braun-Pivet alors que Christian Estrosi a déclaré qu’avec « le Rassemblement national au pouvoir, une personne ayant commencé à travailler à 24 ans, partirait à 66 ans… c’est-à-dire plus tard qu’aujourd’hui ». Pas en restes, certains journalistes — plus militants que journalistes — ont relayé cette désinformation, comme Nassira El Moaddem (Arrêt sur Image) pour qui « Jordan Bardella annonce un départ à la retraite à 66 ans… contre 64 ans avec la réforme Macron !!!! ». Tout en concluant, « quelle immense escroquerie ! »
67, 66 et 64 ans à ce compte-là
C'est à un véritable festival de mauvaise foi — surtout de la part du camp macroniste — et de surenchère indignée auquel nous avons pu assister. Dans le cas du programme du Rassemblement national, deux volets concernent les retraites. D'abord, ceux ayant commencé leur carrière avant 20 ans, qui pourront partir à la retraite à 60 ans et qui devront travailler 40 annuités pour une retraite à taux plein. Un geste vis-à-vis de son électorat populaire, la France peu diplômée et éloignée des centres urbains, qui vote massivement pour le Rassemblement national. C’est avant tout lui que Jordan Bardella vise électoralement.
Quant aux autres, les plus de 20 ans, il s’agit simplement d’un retour à la situation d’avant la réforme des retraites de 2023 : un âge de départ minimum fixé à 62 ans, associé ensuite à une limite de 42 années de cotisation. Dans ce second cas de figure, le salarié qui commencera à travailler à 24 ans pourra partir à la retraite à 62 ans, mais s’il veut toucher sa retraite à taux plein, il lui faudra attendre 66 ans. Le problème, c’est que ce mécanisme était manifestement inconnu de Gilles Bouleau. Le journaliste de TF1 et animateur du débat a sans doute cru dénicher une ambiguïté dans les positions du Rassemblement national — et du Nouveau Front Populaire, car Manuel Bompard en fera les frais également peu de temps après – en mélangeant âge de départ légal de retraite et annuités et rebondissant maladroitement.
Le RN ferait donc gagner un an de cotisation par rapport à la dernière réforme pour la majorité des Français. Rien de spectaculaire. Voir la Macronie ironiser avec le plus beau cynisme qui soit, sur un âge de départ à la retraite de 66 ans ne manque pas de sel, elle qui propose 67 ans, dans ce même cas de figure. Quant au nouveau Front Populaire, qui propose 40 années d’annuité et un âge de départ légal fixé à 62 ans puis à terme, 60 ans, ses militants auraient tort de claironner. Interrogé à son tour, Manuel Bompard a lâché un « Non bien évidemment, non » quand lui a été demandé si une personne ayant commencé à travailler à 24 ans pourrait partir à taux plein avant 64 ans. Bizarrement — et c'est heureux—, il ne s’est trouvé personne pour affirmer que le NFP défendait alors la retraite à 64 ans.