La Philosophie à Paris

André Leroi-Gourhan

14 Novembre 2021, 18:26pm

Publié par Victoria

André Leroi-Gourhan est né à Paris en 1911. il perd son père à 4 ans et est élevé par ses grands-parents maternels. Pas très doué pour  l’école, il la quitte à 14 ans et commence à travailler. 
Leroi-Gourhan collectionne des objets du monde entier dès l’adolescence en  fréquentant les marchés aux puces de Paris, il lit énormément et se met à fréquenter les écoles  d’anthropologie et de Langues orientales. C’est là qu’il devient d’ailleurs aide bibliothécaire  et reprend des études. Après un diplôme de russe, un autre de chinois, et une licence de  lettres, il suit l’enseignement de Marcel Mauss au musée d’ethnographie du Trocadéro.  Il est rapidement chargé d’y organiser une exposition sur les Eskimos (aujourd’hui on dit  Inuit), dont il est devenu à force de lecture et de collection, un éminent spécialiste. Sa première publication est La Civilisation du renne en 1936. Leroi-Gourhan n’a encore que 25  ans mais il dessine déjà les perspectives qui vont le guider toute sa vie durant. En étudiant les  techniques, il croise les époques et les lieux. 
Il rapproche les chasseurs du Paléolithique  européen et les éleveurs de Sibérie actuelle, en partant de leur relation commune avec les  rennes. Il prend en compte toutes les données, climat, comportement animal, artisanat, mythologie  et envisage les peuples de la Préhistoire comme des civilisations à part entière. La guerre ne freine pas son activité.  
Leroi-Gourhan passe les années d’occupation à  travailler d’arrache-pied et sera aussi décoré pour son engagement dans la Résistance. Il publie  entre 1943 et 1945 les deux tomes de sa première œuvre capitale Evolution et Techniques. Ces  deux livres constituent une percée importante dans l’étude de la technologie en introduisant  notamment le concept de chaîne opératoire dont j’ai déjà parlé dans une précédente vidéo. A la Libération, il soutient sa thèse et est nommé professeur d’ethnologie à la faculté de  Lyon. Pas mal pour un gars qui a quitté l’école à 14 ans. 
C’est à Lyon que Leroi-Gourhan commence  à pratiquer l’archéologie de terrain. Il organise en effet des chantiers archéologiques destinés aux  étudiants. Ses fouilles préhistoriques ont pour objectif d’appliquer la méthode des ethnologues  à l’archéologie et ainsi rapprocher les deux disciplines. Les vestiges matériels, s’ils sont  bien étudiés, révèlent selon lui les mentalités et les structures sociales, même pour les sociétés  préhistoriques. Voilà son cheval de bataille. Et pour faire cela, il faut changer les  techniques de fouille. La méthodologie qu’il met en place avec ses étudiants  est particulièrement soignée. Il publie d’ailleurs en 1950 Les fouilles préhistoriques,  techniques et méthodes, un livre qui expose sa méthode : le décapage horizontal minutieux, pour  dégager des sols d’habitats entiers, et pouvoir étudier la disposition des vestiges en place. A  l’opposé des techniques de bourrins de l’époque. 
Désormais professeur à la Sorbonne, André  Leroi-Gourhan publie en 1964 une théorie générale d’interprétation  de l’art paléolithique dans Les religions de la Préhistoire. C’est aussi en 1964 qu’il publie son  ouvrage le plus reconnu, Le geste et la parole, une synthèse magistrale de ses travaux théoriques.  Et c’est toujours en 1964 qu’il commence la fouille du site préhistorique de Pincevent. C’est à Pincevent que Leroi-Gourhan a l’opportunité de démontrer toute l’excellence  de sa méthode du décapage horizontal. Grâce aux relevés topographiques systématiques, il  relève les agencements des différentes cabanes, la position des foyers, et les activités  du quotidien des chasseurs paléolithiques. Pincevent permet enfin une véritable ethnologie  préhistorique, qu’il appelait de ses vœux. 
16:14En 1969 il entre au collège de France et y  donne pendant treize ans un cours sur l’art paléolithique. Mais malade de Parkinson, il s’affaiblit assez vite dans les années 1970. Il s’efface progressivement de la  fouille de Pincevent, qui continue sans  lui et qu’il visite souvent. Il prend sa retraite  universitaire en 1982 et meurt finalement à 74 ans en février 1986. Sa volonté de renouveler les  méthodes et de croiser les approches ont très durablement marqué les sciences humaines.