CINEMA JEAN-LUC GODARD / La Chinoise (1967)
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Pour Emmanuel Pehau
Vie du film :
Une partie du scénario du film est emprunté du roman Les Démons de Fiodor Dostoïevsky
Synopsis :
Cinq jeunes gens passent leurs vacances d'été dans un appartement qu'on leur a prêté. Véronique est étudiante en philosophie à l'université de Nanterre. Son compagnon, Guillaume, est acteur. Kirilov est peintre et vient d'URSS. Yvonne est paysanne. Henri est scientifique et proche du Parti communiste français - ses camarades le surnomment communément « révisionniste ». Deux personnages jouent leur propre rôle : Omar Blondin Diop1 (camarade de l'université qui intervient dans l'un des cours donnés à l'appartement) et Francis Jeanson. Ensemble, ils essaient de vivre en appliquant les principes de Mao Zedong. Leurs journées sont une succession de cours et de débats sur le marxisme-léninisme et la Révolution culturelle. Véronique projette d'assassiner un dignitaire soviétique de passage à Paris.
Thèmes abordés :
Ce film n'est certainement pas un manifeste pro-communiste, bien au contraire. il y a là encore beaucoup de réflexion sur l'art et la réalité. L'utilisation de la violence pour hâter la révolution - en d'autres termes, la terreur - est un thème central du film, et des conversations récurrentes sur ce sujet ont lieu dans ce film, que l'on peut considérer comme un documentaire.
Citations :
« Ce que j’ai à vous dire, c’est que c’est pareil dans l’enseignement aussi bien littéraire que scientifique. Le colloque de Caen a proposé des réformes, la gauche propose des réformes. Mais tant que Racine peindra les hommes tels qu'ils sont, tant que Sade sera interdit à l’affichage, tant qu’on n’enseignera pas les mathématiques élémentaires dès le jardin d’enfants, tant qu’on subventionnera dix fois plus les homosexuels de la Comédie-Française que Roger Planchon ou Antoine Bourseiller, ces réformes resteront lettre morte, parce qu’elles appartiennent à un langage mort, à une culture qui est une culture de classe, qui est un enseignement de classe, une culture qui appartient à une classe déterminée et qui suit une politique déterminée. »
« Les théâtres et les cinémas, on doit payer, alors que l’armée est gratuite. Ça devrait être le contraire. Les spectacles devraient être gratuits et ceux qui veulent faire la guerre devraient payer très cher. »
L'anticiption du contemporain :
Godard maintien son doigt sur le pouls contemporain dans ce film avec sa représentation d'un groupe d'étudiants marxistes-léninistes conspirateurs faisant leur truc dans la maison de leurs parents bourgeois absents. Sans oublier que ce film a été tourné six mois avant mai 68 et qu'il regarde en fait vers l'avenir. Pour bien comprendre le film, il est utile d'être au courant de l'actualité de l'époque, ainsi que de s'intéresser à au proposcommuniste puisqu'il est rare que l'on parle de Mao ou de Staline ainsi. Le point de départ et l'inspiration de Godard est donc la Révolution culturelle du gran timonier Mao en 1966, qui a provoqué une onde de choc parmi les communiste déçu par les événement de Budapest et de Prague. Les cellules terroristes communistes ne seront d'actualité que durant les années 1970, donc Godard est là encore en avance sur son temps. Et même aujourd'hui, nous devons encore faire face à la terreur sur notre globe de la part de personnes qui pensent qu'elles servent le camp du bien. Un film avec beaucoup de dialogues et peu d'action, mais le peu d'action conduit à des situations dans lesquelles les étudiants révolutionnaires sont exposés. Comme il sied à un film de Godard, c'est un film magnifiquement tourné, avec des conditions expérimentales - mais pas non plus exagérées - et