MOTIF / Le miroir et le génie chez Marcel Proust
Très succinctement mais dans la continuité de ce que nous disions sur le motif biblique du Miroir (propre aux civilisations réflexives), il se trouve que Marcel Proust a un usage décentré du miroir, il sert à la vision par parallaxe ou par estrangement, bref au regard indirect ou en diagonale comme le montre les deux citations suivantes.
A Marie Nordlinger, il écrit : " La plus jolie chose que j'ai jamais vue, c'est une fois, dans la campagne, dans un miroir qui était adapté à une fenêtre, un morceau de ciel et du paysage avec un bouquet choisi d'arbres fraternels. "
Au spectacle reflété, Marcel Proust cette définition donnée du génie artistique au pouvoir réfléchissant (confirmation que le génie est bien une catégorie classique et non quantique) ; nous ne reprenons qu'une partie de cette extraordinaire citation : " De même ceux qui produisent une oeuvre géniale ne sont pas ceux qui vivent dans le milieu le plus délicat, qui ont la conversation la plus brillante, la culture la plus étendue mais ceux qui ont eu le pouvoir, cessant brusquement de vivre pour eux-mêmes, de rendre leur personnalité pareille à un miroir, de telle sorte que leur vie si médiocre d'ailleurs qu'elle pouvait être mondainement et même, dans un certain sens , intellectuellement parlant, s'y reflète, le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété " in A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Le génie pour Proust consiste à savoir transposer un registre dns un autre.
Le motif du miroir apparaît encore quelques fois...