MOUVEMENT ATHENES / Un bastion anarchiste au coeur d'Athènes
Différents points de vue sur quelques évènements qui secoue la Grèce et que nous avions relayé en mai dernier. Les textes sont mis là sans censure ni approbation. Paris8philo
LIBERATION - mercredi 7 février 2007
Un bastion anarchiste au coeur d'Athènes
De jeunes activistes grecs occupent l'Ecole polytechnique depuis vingt-cinq jours.
Par Nicolas VERDAN
Athènes - de notre correspondant
L'Ecole polytechnique d'Athènes est un camp retranché. A l'intérieur, une poignée d'anarchistes autoproclamés organise la résistance. Pas une semaine, en janvier, sans affrontements violents avec la police grecque. Collecte de récipients pour la fabrication de cocktails Molotov, rédaction de tracts, pansements de fortune pour les camarades /«tabassés » par les flics, c'est l'état de siège. Jeunes, même pas 20 ans, des activistes se réchauffent autour d'un brasero improvisé dans la cour. Un ampli bricolé diffuse du punk dans les escaliers. Le vin blanc circule dans des bouteilles de Coca. Les yeux sont injectés, les visages défaits.
*Bonbonnes de gaz. *Dans les bureaux, les étudiants et les professeurs sont introuvables. L'occupation, depuis vingt-cinq jours, de ce lieu symbolique de la résistance au régime des colonels (1967-1974) n'a rien à voir avec la révolte grondant dans les amphis grecs contre la privatisation des universités. Le statut d'asile inviolable dont jouit Polytechnique lui vaut la présence d'activistes en guerre constante avec l'Etat grec. Voitures incendiées, policiers bombardés de cocktails Molotov, banques attaquées, les faits d'armes de ces anarchistes sont tellement nombreux que les Grecs y prêtent à peine attention : plus d'une centaine d'attaques recensées l'an dernier. Dans la nuit de dimanche dernier, leur arme fétiche  des petites bonbonnes de gaz  a de nouveau fait mouche contre deux banques de la capitale. Mais qui sont-ils, ces gamins à capuchons noirs balançant tous les deux soirs leurs bombes incendiaires ? « Nous sommes des anarchistes, les héritiers d'une longue tradition en Grèce », répond à contrecoeur un militant ayant dépassé d'une bonne vingtaine d'années l'âge des études.
Et de se lancer dans un fastidieux historique du mouvement depuis le XIXe siècle : « Un héritage des immigrants italiens, la résistance contre la junte... » Discours appris par coeur, refus de parler d'un projet social, rejet des « mass média » , la discussion tourne court.Thassos, 25 ans, le seul à donner son prénom, est moins laconique : « Nous protestons contre l'emprisonnement de trois des nôtres, en grève de la faim. » Cet enthousiaste revendique, au nom du mouvement, une inscription taguée sur les murs de l'Ecole polytechnique : « Katioucha, mon amour ! » Cette déclaration est apparue deux jours après le tir d'une roquette contre l'ambassade américaine d'Athènes, le 12 janvier.
« Bravo à ceux qui l'ont fait, nous sommes engagés dans la même lutte contre l'impérialisme. » Une signature ? « Non, répond Thassos, ironique. Eux sont des marxistes. » Eux ? Silence, sourire. L'attentat a fini par être revendiqué par Lutte révolutionnaire (EA), un groupe d'extrême gauche apparu en 2003 sur les décombres de son sanglant aîné, le groupe du 17 Novembre. Mais, ni le gouvernement ni les médias ne font de lien entre les auteurs du tir à la roquette et cette mouvance d'ultragauche réfugiée à l'Ecole polytechnique. « Pourtant, /martèle un journaliste de la chaîne Mega, qui préfère conserver l'anonymat, /les liens sont directs. Les organisations terroristes recrutent parmi ces anarchistes». /Evalués à 650 personnes en 1995, ils seraient aujourd'hui
1 500 activistes potentiels. Pour cet auteur d'un livre sur le groupe du 17 Novembre, démantelé en 2002, les anarchistes sont financés par des organisations criminelles. Le propriétaire de deux clubs de nuit, un certain «V. », serait l'un des leaders anars. Ses recettes, dont celles d'un bar fameux du quartier d'Exrachia, serviraient la cause. *Caméras de surveillance. *Spécialiste du terrorisme en Grèce, l'universitaire Maria Bossi juge que le gouvernement a tort de différencier le terrorisme et les actions des /«soi-disant anarchistes», /observables depuis les années 90. Dans un café de la banlieue chic de Kifissia, elle déplore la politisation de l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis : « Les partis se disputent sur cette question au lieu de travailler de concert à la recherche des causes de cette violence. » Mais sa parole, à Athènes, dérange.
En attendant, la classe politique discute de l'opportunité ou non de réactiver des caméras de surveillance utilisées pendant les Jeux Olympiques de 2004. Les socialistes (Pasok) accusent la droite au pouvoir d'avoir relégué les spécialistes de la lutte antiterroriste à la police de la circulation Âil est vrai, chaotique à Athènes. Selon Maria Bossi, « les jeunes qui se battent contre la police sont des recrues potentielles pour les organisations terroristes ». Elle leur dénie en revanche toute appartenance au mouvement anarchiste : « Pas d'idéologie, aucun écrit. Ce sont des nihilistes. Mais leur violence va augmentant. » Comme d'ailleurs celle du nouveau groupuscule terroriste. Entre 1975 et 2000, le groupe du 17 Novembre a revendiqué 23 assassinats ciblés. Leurs successeurs, note Maria Bossi, s'embarrassent moins d'éventuels dommages collatéraux. « Lors de l'attentat contre le ministère de l'Economie, en décembre 2005, la bombe aurait pu tuer des femmes de ménage et des kiosquiers alentours. Lors de l'attentat contre l'ex-ministre de l'Ordre public, Voulgarakis, en mai 2006, une école était à proximité mmédiate. »
Voilà quelques traductions concernant la grève de la faim de deux des trois inculpés * pour les émeutes lors de la manifestation du Forum Social Européen le 6 mai 2006 ainsi que le mouvement de solidarité qui s'est développé.
source : http://athens.indymedia.org/front.php3?lang=en&article_id=645947
_______________________________________________
Lettres des prisonniers * annonçant la grève de la faim:
Lettre de Tarassio Zadorozni depuis la prison de Korydallos (Athènes)
J'ai été pris en otage par l'État parce que j'ai décidé de participer à une manifestation de protestation, parce que le système cherchait des boucs émissaires afin de donner une image de contrôle et de justice faite. La pourriture du système s'est montrée dans toute sa grandeur avec les déclarations mensongères et contradictoires initiales des flics, qui ont ensuite été obligés de les modifier pour se présenter devant le juge d'instruction. Bien sûr, ces modifications ainsi que les autres prétextes inventés par le juge d'instruction ont servi à faire traîner mon affaire pour ainsi influencer la commission semestrielle afin qu'elle prolonge mon incarcération. D'ailleurs, comment pourrait-il y avoir de jugement valide, vu qu'il n'y a aucune évidence contre moi, uniquement un montage de manipulations et d'altérations des faits.
Privé de tout choix possible, mené dans un cul-de-sac, ayant subi cette injustice au plus profond de mon être, je continue ma lutte avec tous les moyens qui me restent.
Ils sont risibles s'ils imaginent qu'en m'emprisonnant ils pourront vaincre ma passion pour la liberté. Dans un effort d'accentuer les contradictions de ce système décadent et de démontrer son caractère totalitaire, j'ai décidé de ne plus leur donner le droit de décider de mon corps - puisque c'est la seule partie de moi qu'ils possèdent, je vais l'utiliser comme forme de lutte contre eux afin d'obtenir ma libération.
Ainsi je commence une grève de la faim à partir du 29 novembre et j'exige la libération immédiate et sans conditions de moi-même et de mes co-accusés, le retrait de toutes les accusations et le classement de l'affaire. Je ne les laisserai pas utiliser la liberté comme un outil pour leurs jeux juridiques et politiques.
Ma lutte sera dure et je vais avoir besoin de la solidarité et du soutien de tous ceux et celles qui se trouvent à l'extérieur des murs et qui sont solidaires de ma lutte.
Les consciences ne peuvent pas être subjuguées, ni incarcérées, ni guidées.
Tarassio Zadorozni
Aile Γ de la Prison de Korydallos
Quelques faits concernant mon affaire :
Dans l'après-midi du 6 mai, au quartier du Thission à Athènes, où aucun incident n'eut lieu, des MAT (les flics anti-émeute grecs) ont procédé à six arrestations aveugles et totalement injustifiées, dont la mienne. Puisqu'ils m'avaient arrêté sans aucune raison, j'ai pensé qu'il s'agissait de simples arrestations de suspects, conscient de l'ambiance qui régnait ce jour-là. Pourtant, comme vous pouvez le comprendre et puisque je vous écris cette lettre, ce ne fut pas le cas.
Après m'avoir emmené au commissariat central, sans preuves et sans aucun élément, les policiers m'ont demandé de signer un procès verbal qui contenait un nombre important d'accusations. Afin de pouvoir soutenir ces accusations, ils mentionnent, dans les six procès-verbaux semblables, que les arrestations n'ont pas eu lieu à Thission, mais à la place de Monastiraki, où des incidents avaient effectivement eu lieu, nous désignant comme une bande qui les avait attaqués.
Ainsi, sans aucun élément réel, au cours de l'instruction de très graves accusations m'ont été attribuées, comme celles de tentatives d'homicide, de détention de 50 engins explosifs et, alors que je ne présentais aucun risque de me soustraire à la justice et sans avoir eu d'antécédents avec la justice, ils ont ordonné ma détention préventive. Ainsi je me retrouve sans aucun élément de preuve réelle en détention préventive à la prison de Korydallos, avec de très graves accusations à mon encontre.
Ensuite, toutes mes demandes de remise en liberté ont été rejetées.
Après maintes réflexions, je me demande comment je peux prouver mon innocence, moi, une simple personne – n'ayant pour preuve que ma parole sur ce que j'ai vécu – contre six fausses accusations de policiers. Évidemment, je ne peux pas.
Ainsi, étant désespéré et n'ayant d'autre moyen de faire face à ces fausses accusations et sachant que – étant donné les graves problèmes de santé que j'ai (rupture de rein et de rate) – ce que je fais peut me coûter ma vie, je commence une grève de la faim, protestant contre les fausses accusations qui m'ont été attribuées et demandant ma mise en liberté immédiate jusqu'au jugement de mon affaire.
Gerasimos Kyriakopoulos
__________________________________________________
Lettre de Jannis Dimitrakis, prisonnier anarchiste, en soutien aux grévistes:
C'est moi qui cambriole quotidiennement le citoyen de ce pays et lui soulage le portefeuille dans ses tractations avec les impôts, la commune, la banque, la DEI, l'OTE, l'EVDAP, le supermarché et le marché. C'est moi qui à chaque fin du mois le pousse au désespoir, quand il réalise qu'il ne pourra pas répondre à ses obligations financières. C'est moi qui l'oblige à travailler pendant des horaires épuisants (souvent sans même être assuré), en ne lui laissant que le temps de dormir. C'est moi qui piétine ses droits essentiels, qui ont été acquis du haut de luttes et au prix du sang, et qui l'oblige à travailler même les week-ends. C'est moi qui fait démonstration de force et d'intransigeance en le tabassant quand il fait grève et qu'il manifeste. C'est moi qui ne respecte pas les vieux, leur donnant des miettes pour qu'ils survivent, leur « offrant » des années d'indigence, de honte et d'humiliation. C'est moi qui ai organisé l'arnaque de la bourse et saigné les économies de milliers de familles. C'est moi et mes agents économiques qui les a entraînés à investir dans ça, en vantant ces fameux emprunts boursiers. J'ai poussé bon nombre de gens à la catastrophe économique, d'autres au suicide. C'est moi qui applique un terrorisme permanent en licenciant des travailleurs après 15 ou 20 ans de service, les jetant dans la gueule du monstre vorace qu'est le chômage, et qui en même temps paralyse les restants en tenant au-dessus de leurs têtes l'épée de Damoclès du licenciement. C'est moi qui par « négligence » tue des travailleurs dans des usines, sur des bateaux, des chantiers, des travaux olympiques et dans des accidents lors de toutes sortes de travaux « d'infrastructure et de développement ». C'est moi qui entre en obstacle dans les rêves des jeunes, les laissant avec le savoir de l'insatisfaction. C'est moi qui les pousse dans les drogues et la misère. C'est moi qui les prive d'une bonne éducation qui pourrait les munir de ressources adaptées pour la lutte de la vie. C'est moi qui tabasse sans pitié travailleurs, retraités, lycéens, immigrants et étudiants. C'est moi qui viole des femmes étrangères, à l'intérieur et à l'extérieur des commissariats. C'est moi qui couvre des circuits d'escrocs, de commerce de drogues et de traite d'êtres humains en m'y livrant aussi de temps en temps. Cʽest moi qui rends dingues les conducteurs de voitures et de motos avec des amendes, en justifiant cela avec leur propre sécurité routière. C'est moi qui ne construis pas de routes sûres et des centaines de vies se perdent ainsi sur l'asphalte. C'est moi qui circule toujours armé et qui, à cause de mon système nerveux, ai tué ou laissé handicapés des jeunes, par des coups de feu « accidentels », ne laissant derrière que douleur, tristesse et exaspération. C'est moi la fameuse jardinière (ndlt : il s'agit d'un fourgon de flics) sur laquelle, alors que je marchais tranquillement, est tombé cet étudiant chypriote. C'est moi qui ai enlevé les pakistanais dans le cadre du maintien de la sécurité nationale. C'est moi qui ai fait saigner les murs des chambres de l'odos Balaoritou et du leoforos Alexandras à cause des cris de désespoir, de douleur et d'agonie d'une foule d'inconnus dans les chambres de torture. Tortures que j'applique comme une marionnette parce que je n'ai pas envie de chercher des preuves pour monter une affaire et que je préfère de soutirer des possibles aveux. C'est moi qui les charge avec des accusations montées de toutes pièces et les détentions préventives sont ordonnées à la chaîne. C'est moi qui condamne, comme l'affirment également de nombreux avocats, à des peines injustes et extrêmement lourdes les accusés. C'est moi qui tient les prisonniers enfermés sous des conditions abominables dans des institutions qu'on pourrait appeler magasins correctionnels en y jetant un coup d'œil. C'est moi qui ai prouvé ma négligence et ma lenteur dans l'exécution de mes devoirs, avec comme résultat que quatre HUMAINS brûlent vivants dans leurs cellules de l'aile A de Korydallos. C'est moi qui incite et encourage la corruption et les magouilles de tous, peu importe quels secteurs le la vie publique. C'est moi, enfin, la racine du mal, l'origine du monstre, la cause du déclin de la société.
Mais moi, comme vous l'avez affirmé vous-même, je ne suis rien qu'un cambrioleur COMMUN de droit pénal COMMUN. Moi et mes égaux avec les cercles auxquels j'appartiens sommes responsables de tout cela, mais avant de clôturer cette prise de responsabilité, je voudrais vous poser seulement deux questions :
En tous les cas, vous, QUI ÊTES-VOUS ? Et qu'est-ce que VOUS et vos semblables faites pour que un jour l'individu et la société par extension chassent d'au–dessus eux tous ces maux et ceux qui les provoquent ?
I. Dimitrakis, de la prison judiciaire de Neapolis
20 décembre 2006
______________________________________________________
Lettre des grévistes de la faim G.Kyriakopoulos (depuis le 15 décembre) et T.Santorozni (depuis le 29 novembre) de l'hôpital de Nikea, 17 janvier 2007
De l'intérieur de l'hôpital de Nikea, où nous nous trouvons ces derniers temps, sous des conditions d'isolement, sans téléphone, avec des difficultés d'obtenir des journaux et avec des dérangements continuels en ce qui concerne les visites de nos proches et de nos avocats, nous avons tout de même pris connaissance de vos gestes de solidarité toujours plus nombreux et de la façon dont l'État y réagit. Ayant perdu toute apparence « humanitaire » il montre toujours plus souvent son véritable visage abominable, réprimant avec zèle toutes vos tentatives de faire connaître notre lutte collective. Le cas de B. Grivas, sauvagement tabassé par les flics le samedi 13 janvier, est caractéristique. Nous nous réjouissons beaucoup quand nous vous sentons, le contact immédiat avec votre solidarité nous donne du courage et la force de continuer.
Tant qu'ils essayeront de soumettre les consciences, elles s'insurgeront
La passion de la liberté est plus fort que toutes les geôles
17 janvier 2007
Tarassio Santorozni
Gerasimos Kyriakopoulos
Lettre des deux grévistes de la faim de la prison de Nikaia, 25 janvier 2007
De l'hôpital de Nikaia, où nous nous trouvons toujours, nous adressons aujourd'hui nos salutations chaleureuses à l'assemblée de l'occupation de l'école Polytechnique et au mouvement de solidarité toujours plus large autour de notre juste cause. La décision du procureur mais aussi le fait que le conseil qui examinera notre n'a toujours pas siégé jusqu'à ce jour-ci, prouvent encore une fois que pour le pouvoir celui qui lutte pour la liberté et la dignité est un ennemi à abattre.
Nous ne sommes pas des héros, nous aimons la vie, mais il n'y a pas de vie possible sans dignité. Nous ne revendiquons pas uniquement notre propre libération immédiate, mais aussi celle de K.Katsadouras, parce que même selon les lois de ce pouvoir hypocrite, la poursuite de notre détention préventive est illégale.
Notre lutte ne peut s'arrêter, c'est un sens unique jusqu'à ce que nous obtenons raison. Peu importe les jeux que le pouvoir voudrait jouer sur notre dos, ils ne nous regardent pas parce que il ne peut pas soumettre notre conscience et nos rêves. ILS NE PASSERONT PAS ET LE POUVOIR SERA DE TOUTE FACON DEMASQUE DEVANT LES YEUX DE LA SOCIETE ENTIERE.
La lutte collective continue.
Nikaia, 25 janvier 2007
Tarassio Santorozni et Gerasimos Kyriakopoulos
___________________________________________________
Communiqué de l'assemblée générale de l'Université polytechnique d'Athènes.
Les manifestants emprisonnés du 6 mai sont 3 des milliers de personnes qui sont descendus dans les rues le jour où les émeutes ont éclaté entre les forces de répression et les anarchistes. Les jeunes rebelles et les attaques visaient l'Etat et des cibles capitalistes. La police a arrêté 17 manifestants. Ceux-ci ont reçu de lourdes charges et 3 d'entre-eux sont maintenus en prison en attendant le procès alors qu'aucune preuve contre eux n'ont été présentées (cela avec le consentement des partis et des groupes traditionnels de gauche). Ces prisonniers sont punis comme exemple pour tous ceux qui choisissent de résister sans médiation ou représentation institutionnelle. La lutte pour leur liberté que les grévistes de la faim ont débuté en utilisant leurs corps est aujourd'hui devenu le terrain d'un conflit général entre l'Etat et ceux qui le combattent.
Cette lutte concerne une attaque dans lequel l'Etat, en utilisant tous les mécanismes répressifs de propagande et de contrôle en son pouvoir, essaye d'isoler et d'éliminer les anarchistes et les anti-autoritaires, c'est-à-dire la partie la plus radicale de la résistance sociale avec comme objectif final l'ensemble de la population. Dans ces conditions d'intensification de la terreur sociale, toutes les actions de solidarité pour les combattants emprisonnés sont attaquées. Le but de la répression n'est pas seulement de garder les 3 en prison aussi longtemps que possible, le but est également d'éliminer toutes dynamiques de solidarité, d'auto organisation et de résistance contre les plans de l'Etat et des patrons.
Ainsi, le 12 janvier, la police a essayé d'empêcher la manifestation de solidarité qui était organisée par les anarchistes et les anti-autoritaires. L'ordre d'interdiction a été lancé par le chef des forces de police, déclarant qu'il avait reçu l'ordre du procureur. Cette interdiction a été renversé par l'entêtement des manifestants et finalement une manifestation déterminée a eu lieu dans le centre d'Athènes. L'attaque de la manifestation du 13 janvier, avec ses arrestations et ses coups, sont le point culminant de la violence répressive. Cela montre les intentions de l'Etat d'enterrer la lutte de ceux qui sont en grève de la faim, terroriser ceux qui sont en solidarité et attaqué le développement de la lutte anarchiste.
Ce qui a précédé les évènements du 12 janvier : l'arrestation d'un camarade anti-autoritaire à la sortie de son domicile après la manifestation en moto vers la maison du ministre de la justice ; la provocation intensive et la mise sous pression de l'unité Z de la police à moto sur une autre manifestation à moto vers la prison de Koridalos le 15 décembre 2006 ; l'attaque de la police pendant la manifestation à moto du réveillon de Noël pendant son retour de la prison de Koridalos et l'encerclement par la police anti-émeute de la station radio qui a été occupé par 50 anarchistes pour émettre leur message de solidarité et des nouvelles sur la grève de la faim.
CONTRE les tentatives de l'Etat d'isoler les luttes de nos camardes emprisonnés qui sont en grève de la faim derrière un mur de silence ; CONTRE les attaques répressives constantes contre les anarchistes et les anti-autoritaires ayant pour but leur isolation et leur annihilation ; CONTRE les tentatives d'imposer la résignation sociale, NOUS prenons le contrôle de l'Université polytechnique d'Athènes et nous demandons la libération immédiate de nos 4 camarades qui sont détenus dans le bâtiment de haute sécurité suite à l'attaque de la police contre la manifestation de solidarité et la libération immédiate des protestataires enfermés du 6 mai 2006.
En prenant le contrôle de l'Université, nous créons une place de contre information et de solidarité au sein de notre ville, une tentative qui s'opère horizontalement et contre toute hiérarchie sur base de l'assemblée générale des occupants. Aucune action répressive ne pourra éteindre notre solidarité envers nos camarades prisonniers ou empêcher la lutte sociale de se libérer des chaînes de l'Autorité.
LA PASSION POUR LA LIBERTE EST PLUS FORTE
QUE LES CELLULES DE PRISON
SOLIDARITE POUR LES GREVISTES DE LA FAIM TARASIO ZADOROZNI (depuis le 29 novembre 2006) ET GERASIMOS KIRIAKOPULOS (depuis le 15 décembre 2006)
LIBERATION IMMEDIATE DES 3 PRISONNIERS DU 6 MAI 2006
LIBERATION IMMEDIATE DE NOS 4 CAMARADES QUI SONT DETENUS DANS LE BÂTIMENT DE HAUTE SECURITE APRES L'ATTAQUE DE LA MANIFESTATION DE SOLIDARITE À MOTO.
SOLIDARITE POUR TOUS LES PRISONNIERS ET ACCUSES DES COMBATTANTS SOCIAUX
LIBERTE POUR TOUS CEUX QUI SONT EN CELLULE
LA SOLIDARITE EST NOTRE ARME.
L'Assemblée de l'université polytechnique occupée. Le 13 janvier à 19h.
_________________________________________
Communiqué d'occupation de la faculté de théologie à Thessaloniki en soutien aux grévistes de la faim
Ce jour-là, des centaines d'anarchistes, d'anti-autoritaires et de jeunes insoumis se sont affrontés pendant des heures avec la police et ont attaqué banques, ambassades et magasins de luxe. Le 6 mai fut une affirmation du droit à la contre-violence sociale et de la rupture en actes avec les logiques de conciliation avec l'État et les patrons promues par la gauche du système. Il y eut 17 arrestations, 3 des arrêtés sont toujours en détention préventive (T. Santorozni, G. Kyriakopoulos et K. Katsadouros), avec comme seules preuves contre eux des dépositions mensongères de flics. À ce moment, la grève de la faim est à un niveau critique. T. Santorozni entame sa cinquantième journée de grève de la faim, son état de santé est problématique, il risque des séquelles irréversibles – si ce n'est pas déjà le cas. G. Kyriakopouos se trouve dans une similaire vu qu'il avait commencé la grève en ayant déjà une rupture des reins et de la rate.
La lutte pour la libération des 3 du 6 mai se déroule à un moment où les états à un niveau mondial modernisent continuellement leur arsenal juridique et répressif, décrètent des lois de terreur, sèment la peur et élargissent le contrôle social. Ainsi, l'État grec aussi procède à des mouvements similaires en ce qui est de la répression ou de la dissuasion des résistances au niveau social. C'est exactement pour cette raison que la lutte des grévistes de la faim concerne toutes les personnes qui s'inscrivent dans la libération sociale et individuelle.
Nous ne comptons pas négocier la santé et la vie des grévistes de la faim.
Nous exigeons leur libération immédiate
Assemblée ouverte tous les jours à 17h.
Occupation de solidarité de la faculté théologique
___________________________________________________________
Lors de la manifestation du Forum Social, qui eut lieu le 6 mai 2006, de lourds affrontements entre une large partie des manifestants et les flics se déroulent. 17 personnes sont arrêtées et présentées au procureur. Trois parme eux sont placés en détention préventive avec comme unique preuve à leur encontre des témoignages de flics. Tarassio Santorozni, Gerasimos Kyriakopoulos et Kostas Katsadouras assument leur participation à la manifestation, mais nient les accusations montées de toutes pièces des policiers « dignes de confiance ».
À partir du 29 novembre respectivement du 15 décembre, Tarassio Santorozni et Gerasimos Kyriakopoulos ont entamé une grève de la faim, revendiquant, avec l'ultime moyen qui leur reste, leur libération.
Contre la barbarie capitaliste et étatique qui ne peut pas, ou ne veut pas comprendre, que tant qu'elle perpétuera l'exploitation de l'homme par l'homme, tant des formes de résistance toujours plus nombreuses naîtront.
Contre l'hypocrisie de la gauche réformiste qui regarde sans bouger les évènements du vrai affrontement, cherchant des agents provocateurs et des ennemis du mouvement, tandis qu'elle s'approprie des évènements identiques à Paris.
Indépendamment du front sur lequel chacun a lutté et de ses convictions politiques, nous, cinq prisonniers politiques : Savvas Xiros, Christodoulos Xiros, Vassilis Xiros, Giannis Dimitrakis et Nikos Koundardas entamons une grève de plateaux en signe de solidarité avec les grévistes de la faim Tarassio Santorozni et Gerassimos Kyriakopoulos. Nou exigeons la libération immédiate de trois inculpés du 6 mai.
L'offensive et la répression de l'État et des puissants étant unitaire, notre résistance et notre solidarité doivent l'être aussi.
18 janvier 2007
* Les frères Xiros sont en prison pour leur appartenance présumée à l'organisation révolutionnaire 17 Novembre. Giannis Dimitrakis est un anarchiste qui a été arrêté en janvier 2006 pour des braquages de banque. Nikos Koundardas est inculpé pour avoir tabassé avec d'autres compagnons le secrétaire général du principal syndicat grec GSEE.