La Philosophie à Paris

LA PENSEE COMPLEXE 2 / L'émulsion ou le fait de faire tenir ensemble ce qui n'a pas de rapport

17 Octobre 2006, 07:15am

Publié par Paris 8 philo

Qu'est-ce que l'émulsion ?

On a déjà abordé ici  ce terme grec qu'est la stasis : cette déchirure de la cité organisée en partis politiques opposés qui donne l’Etat ou l’équilbire des forces. On peut distingué une stasis contemporaine, tragique et complexe à la fois qui se différenciait de la stasis athénienne qui au fond fut une impasse avec l’émergence de gens comme le Socrate de Platon ou Platon lui-même, qui n’assumaient le côté tragique de l’existence et mettaient en avant une dimension morale qui consistait à aiguillonner les consciences plutôt qu’à réenclencher un mouvement comme le fut la pensée préplatonicienne. Maintenant je peux vous donner un synonyme, à tous ces dispositifs relever chez Nietzsche, Antigone ou encore chez les rats. Le synonyme de stasis c’est l’émulsion, pensez aux émulsifiants de l’industrie agro-alimententaire, tous les E400 à E483 qu’on trouve dans nos aliments. Leur rôle consiste à cela faire tenir ensemble ce qui ne le peut pas naturellement. L’Emulsion c’est cela faire tenir ensemble ce qui n’entre pas en rapport. Dès lors on touche à l’hybris, à la démesure, puisque ce qui entre en rapport est de l’ordre d’un discours dominant qui ramène tout à « lui-même ». Emulsion : « préparation d’un liquide par division d’un liquide en globules microscopiques (de l’ordre du micron) au sein d’un autre liquide avec lequel il n’est pas miscible : le lait est un émulsion de graisse dans l’eau » (c’est ce qui le rend si peu digeste, et encore plus si vous le mélanger au café). Un émulsif ou émulsifiant, « se dit d’un agent capable de faciliter et parfois de stabiliser une émulsion ». Le « hasard » veut qu’on retrouve dans cette définition le terme stabiliser.

 

 

Quelle est cette pensée dont Foucault disait qu'elle était déjà présente mais de manière éparse et disséminée. De cette pensée complexe du Dehors ou du Surpli (suivant les dénominations que lu donne Foucault ou Deleuze), Heidegger en parle en ces termes, dans une conférence que vous retrouverez sur paris4philo.over-blog.org :

 

Nul ne sait quel sera le destin de la pensée. En 1964, dans une conférence je n'ai pas prononcée moi-même mais dont le texte a été lu en traduction française, j'ai parlé de la fin de la philosophie et de la tâche de la pensée". J'y ai fait une distinction entre philosophie c'est-à-dire la métaphysique, et la pensée telle que je l'entends. Cette pensée est, fondamentalement, quant à la chose même, beaucoup plus simple que la philosophie, mais, en conséquence, beaucoup plus difficile à accomplir, et elle  exige un nouveau soin apporté au langage, et non une invention de termes nouveaux, comme je l'avais pensé jadis; bien plutôt un retour à la teneur originale de la langue qui nous est propre mais qui est en proie à un dépérissement continuel. Un penseur à venir, qui sera peut-être placé devant la tâche d'assumer effectivement cette pensée que j'essaie seulement de préparer, devra s'accommoder d'un mot qu'écrivit un jour Heinrich von Kleist et qui dit ... : "je m'efface devant quelqu'un qui n'est pas encore là, et m'incline un millénaire à l'avance devant son esprit."

 

La pensée complexe peut être dite émulsive pour faire chic et sophistiqué comme Lacan. Cela ne veut pas dire que celui qui pratique cette pensée est en émulsion avec la réalité, mais que cette pensée assume la complexité que forme le travail, le langage et la vie et par là dissout toutes les contradictions qui elles en reste au niveau du discours, mais en vérité rejette la réalité et nie la vie. Le penseur qui la pratique est en rapport direct avec la réalité comme le dialecticien, le penseur académique, se protège au sein d'une institution. Bref, la pensée "émulsive", pour le dire avec humour, n'émousse pas comme Lacan mais produit une image complexe du monde qui fait tenir ensemble ce qui n'a pas de rapport, ce qui n'est même pas de l'ordre de la contradiction, c'est pour vous combien cela touche à ce que les philosophes académique méprisait sous le terme de non-être, ce qui n'était pas digne dêtre comme la boue ou les cheveux, comme les opprimés et les moins que rien qui peuvent devenir tellement de choses quand on sait transfigurer ou retourner toute situation mal engagée.

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V
Bonjour,Dans un de mes rapports avec une amie, qui est psychologue et sexologue, nous parlions justement de l'enfermement de la philosophie et de la caste ou la tienne les élites, et votre rapport à l'émulsion, me faire revenir à notre conclusion, sur le fait que la philosophie actuelle n'avancait plus, et nous avions conclus que philosopher de nos jours, bien souvent, était justement une émulsion, mais pas collective, ou pour l'avancée de la pensée, mais son contraire, une masturbation de la pensée entrainant une émulsion toute personnelle.Sauf, votre respect, rien de personnel, nous nous connaissons pas, mais plus sur la critique d'une époque, ou l'individualisme prime.
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A
<br /> Tout philosophie se pratique entre amis, jamais très loin d'un milieu. Mais c'est toute l'ambiguité par rapport à la sagesse qui se détache du discours commun (koinos nest pas sophos).<br /> <br /> L'exercice de la pensée contrairement à la réflexion est rare. Mais il existe quelques foyer à Paris ou ailleurs. Il ne s'agit donc pas de généraliser son propre cas. Quant au disocurs sur l'être<br /> (sur ce qui est déterminé) il faut savoir en sortir, c'est toute l'ambiguité de la pensée en exercice, suaf si l'on comprend qu'elle est pensée du dehors et qu'elle n'a pas besoin de la vértié pour<br /> se cautionner socialement. Il faut donc non seulement abandonner le concpet d'Etre mais aussi les dogmes (comme le principe de raison suffisante ou du tiers exclu qui ont réduit la richesse des<br /> manires de penser).<br /> <br /> <br />