AFFECTIF ET PARSONNALITE / Alors s’affirme la personnalité.
L’affermissement de la personnalité c'est passer d'un langage de l'intime (logos endiatitos) encore plein de précautions
et d’hésitations au discours de l’incisif de l'affirmation (logos apophanticos). Affirmer sa personnalité c'est passer par les extrêmes, où personne ne va, plutôt que le milieu, où tous
s'enlisent. La personnalité n'a rien à voir avec l'autorité ou la subjectivité (qui est intersubjectivité, communication dans le cas des milieux). La théorie des milieux est la marque d'une
désagrégation de la personnalité. Mais le milieu rend parfois possible que la personnalité en émerge, s'autonomise par rapport à la morale du spectacle (comprenez les sphères hétéronomes de la
reconnaissance et de la représentation). Toute morale joue de la récompense et de la punition et ainsi oriente - à travers les actions - sa propre perpétuation. Mais reste une subversion
personnelle mais pas exactement individuelle car née de l'éducation. Une fois acquise et affermie la personnalité, on peut alors se dépersonnaliser, contaminer de valeurs actives la
« masse » qui n'agit pas. Les prêtres en demeurent, eux, aux paroles, aux déclarations mais n'enclenchent pas eux-mêmes leurs propres actions. L’activité, c'est tout ce à quoi le prêche
incantatoire du prêtre ne veut nous faire parvenir. Il s'appuie sur les malheurs qui nous attristent pour mieux asseoir d'autant son autorité « émancipatrice » de la chair et de la
douleur. Ah cette vallée de larmes où nous serions tenus de survivre. « Ce moi profond quasi enseveli, quasi réduit au silence par l’obligation constance d’écouter d’autres
« mois ». Et lire, est-ce autre chose ? Ce moi donc se réveilla lentement, timidement douloureusement mais à la fin il retrouvera la parole » NzEH, Humain trop humain, 4. Nietzsche
le redit ailleurs : « aux époques de travail intensif, on ne voit pas de livre chez moi : je me garderai bien de laisser quelqu’un me parler ou même penser auprès de moi »
NzEH, pourquoi suis-je si avisé, 3 ce n’est que soi-même que l’on projette sur celui qui est face à vous, sur celui avec qui vous voulez nouer une relation affective — et non affectueuse —
faite de simulation et d’échange d’affects, devenir l’un par l’autre, l’un avec l’autre malgré tout par contagion du milieu. Ce à quoi tend à résister notre nature intime, notre no man’s land,
car il ne s’agit pas en rejetant les réciprocités du corps et de l’âme, de la matière et de l’esprit, d’hypostasier ou de sublimer le corps, de tomber dans l’excès inverse à l’idéalisme, mais
tout simplement de ne pas tomber dans le mépris de soi. Le soi, le selbst, le self, cette dimension déjà mise en avant par Emerson et reprise par les pragmatiques américains comme James ou Dewey
et dont l’une des plus grandes apologies reste le passage d’Ainsi parlait Zarathoustra sur les contempteurs du corps, passage où Nietzsche va précisément à l’encontre du moi, déblaie la
profondeur du moi. Peut-être alors la personnalité s’affirme-t-elle avant tout à travers soi et non les logorrhées de résistance d’un moi.
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