La Philosophie à Paris

LE COIN DU LEXICOGRAPHE / Muthos et Logos

13 Avril 2008, 21:00pm

Publié par Samy

Platon voit, dans le phèdre, la limite qui existe entre le muthos et le logos. Il conçoit la nécessité d'interroger cette double origine qui fait que la philosophie est dans le recherche du dénouement romanesque. Il s'attache à mettre en récit les vérités divines à la compréhension humaine, et à l'utilité de reconnaître le rôle de la philosophie non comme science du vrai, mais comme savoir de l'oubli. La philosophie exulte dans l'oubli, imposé par l'écriture, le logos se déploie dans l'architecture de la grammaire, car elle permet de rapporter ce qui est énoncer comme vrai à ce qui est tenu pour vrai. Notez le redéploiement de la langue écrite à partir de la philosophie fut un cas plus récent, (confère la logique de Port-Royal d'Arnault et les Méditations métaphysiques de Descartes); le muthos se pose en retrait, dans cet oubli, elle est la parole du  vagabond, qui n'a aucun étalon auquel se rapporter pour mesurer ce qu'elle est (d'où peut-être la méfiance de Platon au sujet de la poésie). La philosophie se délivre  fictivement car elle revient à concevoir la parole à celui qui n'a pas de lieu ; d'un point de vue politique, une langue n'a d'existence que lorsque elle tient une communauté sur un espace contrôlé, celui qui n'a que sa parole est identique au mythe du juif errant (paradoxalement le judaïsme avec l'islam sont les religions du Livre mais cela est une autre histoire) ; la parole n'a que l'origine de celui qui la prononce, qu'elle soit récitée ou proférer, sa parole n'a aucune utilité car sa quantité est négligeable, il "a" et "est" sa parole rien de plus.

Du centre à la périphérie, et de la périphérie au centre, tel est la leçon que je retiens de la philosophie avant qu'elle ne connaisse les affres de l'étatisation, soumise à n'être qu'un discours délivré dans des lieux où "nul n'entre s'il n'est mathématisé". Il est vrai que les conditions d'énonciation se tiennent dans la possibilité d'organiser un discours autour de la question de la vérité, vérité qui a pour fin toutes bonnes histoires, vérité qui a pour but de délivrer ou d'aliéner les individus de cette histoire. Vérité qui n'a pour tâche que d'être utile en se mesurant à la logique de la quantité subsumer en qualité.
Je m'égare dans mes références, mais ce qui est intéressant dans la philosophie, si je reprends un mot bien connu, c'est sa part maudite, ses liens avec la littérature qui commence  avec Platon lui-même, lorsque il montre l'impossibilité d'énoncer la vérité sans recours au récit, comme si l'esprit humain n'était aucunement préparer à comprendre l'abstraction de l'être. C'est aussi le cas de philosophie plus moderne, comme celle de Hegel, qui porte le génie de cette intuition entre le logos et le muthos, en intégrant au devenir de l'être le déroulement du récit historique. Si vous portez regard à toutes philosophies, vous verrez la part de la littérature. A mon avis, mais cela n'est qu'une simple intuition, ce qui pose la condition de la vérité comme lier à la condition de l'utilité, c'est bien que la philosophie se dédouble dans son régime avec la fonction narrative:"il est nécessaire de raconter de bonnes histoires". L'art romanesque (qui est une partie de la littérature) se terre dans les philosophies. Il s'agit de mettre en place une fiction, une fiction utile.
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