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AMERIQUE / Le Paraguay

2 Avril 2022, 19:17pm

Publié par Les étudiants de Paris 8

Présentation du pays

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Données générales

Nom officiel : République du Paraguay
Nature du régime : régime parlementaire
Chef de l’Etat et/ou du gouvernement : Mario Abdo Benítez (né le 10 novembre 1971)

Données géographiques

Superficie : 400 000 km²
Capitale : Assomption (500 000 habitants)
Villes principales : Ciudad del Este (400 000 habitants), San Lorenzo (200 000 habitants), Luque (170 000 habitants), Capiata (150 000 habitants), Lambaré (120 000 habitants)
Langues officielles et courantes : espagnol et guarani
Monnaie : Guarani (1 € = 7 226 Guaranis au 12/01/2020)
Fête nationale : 15 mai (jour de l’indépendance 15 mai 1811)

Données démographiques

Population (2018) : 7 M hab. (Banque mondiale)
Densité : 17 hab./km2
Croissance démographique (2018) : 1,3 % (Banque mondiale)
Espérance de vie (2017) : 73,2 ans (Banque mondiale)
Taux d’alphabétisation : 95 % (UNESCO)
Religion : catholique à 90 %
Indice de développement humain (PNUD, 2017) : 0,702 soit le 108e rang mondial

Éléments d’actualité

Politique intérieure

En 2008, l’arrivée au pouvoir d’une coalition de centre gauche menée par Fernando Lugo aura constitué un tournant dans l’histoire politique du Paraguay, après soixante ans d’hégémonie du Parti Colorado. En l’absence de règles précises de procédure, la destitution expéditive de ce dernier (22 juin 2012), votée quasi-unanimement par le Congrès, a cependant démontré que l’enracinement démocratique y était encore fragile. La tenue d’élections générales fin avril 2013 a permis de repartir sur de nouvelles bases avec l’élection d’Horacio Cartes, entrepreneur prospère n’ayant intégré le Parti Colorado qu’en 2009. Le gouvernement Cartes a fait du combat contre la pauvreté et les inégalités sa priorité (hausse des dépenses sociales et mise en place du programme Sembrando Oportunidades lancé fin décembre 2013).

Il a également lancé une politique de lutte contre la corruption visant à mettre un terme aux comportements irréguliers au sein des institutions de l’État et à favoriser la transparence de la gestion publique. Une loi de libre accès citoyen à l’information publique et pour la transparence gouvernementale, dite loi de transparence, a été adoptée en septembre 2014. Cette loi a donné accès à un nombre considérable d’informations et contribue fortement à la diminution des abus et de la corruption.

Pour autant, celle-ci demeure élevée au Paraguay (132e rang mondial sur 180 pays selon l’indice de perception de la corruption pour 2018 élaboré par l’ONG Transparency International).

La Constitution actuelle n’ouvre pas la possibilité d’un second mandat. La possibilité d’une éventuelle modification de la Constitution afin d’autoriser le président sortant Horacio Cartes à se représenter a été débattue. Le projet a finalement été abandonné à la suite d’une violente crise politique.

L’élection présidentielle du 22 avril 2018 a porté au pouvoir Mario Abdo Benítez du parti Colorado, lequel a obtenu 46,4 % des votes contre 42,7 % pour son adversaire, Efrain Alegre, président de l’alliance Ganar (centre-gauche). En raison de la division du parti Colorado entre le courant Honor Colorado « pro Cartes » et le courant Colorado Añetete « pro Abdo », le nouveau chef d’État ne dispose pas de majorité au sein du Congrès. Investi le 15 août 2018, Mario Abdo a fixé au pays quatre objectifs majeurs : la reconquête de sa souveraineté, l’éradication de la pauvreté, la stabilité économique et l’intégration régionale, et la protection de l’environnement. Des efforts particuliers ont été menés par le nouveau gouvernement en matière de lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et le narcotrafic. Un paquet de projets de lois pour lutter contre le blanchiment et le terrorisme a été déposé au Congrès par le gouvernement en novembre 2018. Des mesures ont été prises comme l’obligation pour les vendeurs et acheteurs de biens immobiliers de s’enregistrer sur une plateforme en ligne, gérée par le secrétariat à la prévention du blanchiment d’argent et de biens.

Politique étrangère

Le Paraguay est sorti de son isolement diplomatique à la chute d’Alfredo Stroessner, en 1989. Le pays a rapidement démontré sa volonté d’intégration régionale en créant en 1991 le Mercosur aux côtés de l’Uruguay, de l’Argentine et du Brésil. Il abrite le Tribunal permanent de Révision de cette organisation et est le principal bénéficiaire de son Fonds pour la convergence structurelle (FOCEM), créé en 2004 pour pallier les asymétries de développement entre les États-membres.

Ses relations bilatérales avec le Brésil sont essentielles (7 % de la population au Paraguay est brésilienne). Le Paraguay revend à ce pays 85 % de l’électricité qui lui revient dans la production du barrage binational d’Itaipu. La renégociation des prix en 2008 a permis au Paraguay de tripler ses recettes (360 M USD par an contre 120 M USD auparavant). L’accord, approuvé par les présidents Lula et Lugo, a permis également le financement par Brasilia de la construction d’une ligne de 500 kV pour permettre de relier Itaipu à la capitale paraguayenne, inaugurée en octobre 2013. Les tensions sont cependant récurrentes autour de la renégociation des prix de l’électricité. Par ailleurs, entre 300 000 et 500 000 exploitants brésiliens cultivent le soja dans l’Est du Paraguay, zone la plus fertile, sur des terrains précédemment occupés par des paysans « sans terre » en 2009 et 2010. Ces riches exploitants avaient été accueillis sous la dictature de Stroessner, et leurs titres de propriété sont contestés par les paysans « sans terre ».

Le Paraguay entretient avec l’Argentine de bonnes relations, malgré des moments de tension (au sujet notamment de la renégociation du traité de Yacyreta relatif au complexe hydroélectrique binational et de la construction éventuelle d’une usine de traitement d’uranium à proximité de la frontière). Avec l’arrivée de Mauricio Macri au pouvoir en Argentine et le paiement, par la banque centrale argentine, d’une partie de sa dette pour la cession d’énergie produite par le barrage de Yacyreta, les relations se sont améliorées et un dialogue régulier s’est engagé entre les deux pays sur les principaux dossiers bilatéraux.

Depuis la guerre du Chaco (1932-1935), la qualité des liens avec la Bolivie s’est progressivement améliorée et les deux pays ont signé en avril 2009 un accord historique mettant fin à leur différend frontalier. L’octroi, en 2011, du statut de réfugié politique à quelques opposants au président Morales (dont Mario Cossio, ex-gouverneur de Tarija) avait été vivement dénoncé, sans toutefois porter atteinte aux relations bilatérales. La dernière rencontre entre les deux chefs d’État en juin 2019 a été l’occasion de réaffirmer la bonne relation bilatérale entre la Bolivie et le Paraguay et de signer une vingtaine d’accords bilatéraux. En avril 2016, le parlement paraguayen a adopté le protocole d’adhésion de la Bolivie au Mercosur, lequel a été promulgué par le pouvoir exécutif. Il doit être encore approuvé par le Brésil pour que cette adhésion entre en vigueur.

Le président colombien Santos a effectué une visite officielle au Paraguay en avril 2017, lors de laquelle il a salué la participation du Paraguay au processus de paix avec l’envoi, dans le cadre de la mission d’observation, de militaires et de policiers paraguayens. Un rapprochement entre l’Alliance du Pacifique et le Mercosur a été évoqué, et un accord de coopération dans le domaine de la défense a été signé.

Le Paraguay a rompu ses relations diplomatiques avec le Venezuela le 10 janvier 2019, jour de l’investiture de Nicolas Maduro. Le pays, qui fait partie du groupe de Lima, constitue un fervent soutien de Juan Guaido.

La coopération des États-Unis avec le Paraguay, qui s’est renforcée avec l’arrivée au pouvoir de Mario Abdo, est marquée par les questions de sécurité, et la lutte contre le trafic d’armes et de drogue, le blanchiment d’argent, et la contrefaçon. Enfin, le Paraguay demeure le seul pays d’Amérique du Sud à entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan malgré des liens commerciaux intenses avec la Chine.

Peu après sa prise de fonction, Mario Abdo Benítez s’est successivement rendu au Brésil, en Argentine et en Russie, à l’invitation des présidents Temer, Macri et Poutine. En ces trois occasions, Mario Abdo s’est entretenu avec les chefs d’État de ces pays, qui sont d’importants partenaires commerciaux du Paraguay.
Afin de favoriser les échanges commerciaux avec son pays, le président Cartes avait ratifié, en mars 2016, l’accord sur la facilitation des échanges établi lors de la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Bali en décembre 2013. Il a participé également le 3 juin 2016 au forum de l’OCDE organisé à Paris pour présenter la politique de lutte contre la pauvreté mise en œuvre par son gouvernement ainsi que les opportunités offertes aux investisseurs internationaux. En mars 2017, le Paraguay est devenu membre du Centre de développement de l’OCDE, sous présidence française.

Relations avec l’Union européenne

Dans le cadre de l’accord de coopération entre l’Union européenne (UE) et le Paraguay, signé en 1992, des rencontres annuelles ont lieu, en format commission (niveau hauts fonctionnaires) ou comité conjoint (niveau ministres) de coopération. Depuis septembre 2013, la présence de la délégation européenne a été renforcée avec la nomination d’un ambassadeur. L’UE est le 4e partenaire commercial du Paraguay, après le Brésil, la Chine et l’Argentine. Depuis 2012, un exercice de programmation conjointe avec les pays de l’UE présents localement (FR, RU, IT, ALL, ESP) est en cours d’évaluation.

L’UE est le premier bailleur de fonds du Paraguay. Le montant de sa coopération, le deuxième en volume après la Bolivie, s’élevait à 127 M€ sur la période 2007-2013 et est de 168 M € pour la période 2014-2020. Elle se concentre sur l’éducation primaire, secondaire et technique, l’intégration économique régionale et internationale et la lutte contre la pauvreté. Un Plan d’action démocratique, adopté en août 2016, prévoit le développement de projets en matière de transparence et de lutte contre la corruption, de processus électoraux, de droits de l’Homme et dans le domaine de la justice.

Le 28 juin 2019, la Commission européenne et les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) ont conclu un accord politique. Celui-ci ouvre la voie à la signature d’un accord d’association qui portera sur le dialogue politique, la coopération et le commerce. Cet accord couvrira 91 % du commerce entre les deux zones.

Situation économique

PIB (2018) : 40 Mds USD (BM)
PIB par habitant (2018) : 5 680 USD (BM)
Croissance (2018) : 3,6 % (BM)
Chômage (au sens du BIT) (2018) : 4,6 %
Inflation (2018) : 3,1 % (BM)
Solde budgétaire (FMI 2018) : -1,3 %
Balance commerciale (2016) : 27 M €
Principaux clients : Brésil, Argentine, Chili
Principaux fournisseurs : Chine, Brésil, Argentine
Part des principaux secteurs d’activités dans le PIB (DGT 2018) :

  • agriculture : 20 %
  • industrie : 30 %
  • services : 50 %

Exportations de la France vers le Paraguay (2018) : 62 M €
Importations françaises depuis le Paraguay (2018) : 30 M €

Le Paraguay, pays classé parmi les plus pauvres d’Amérique du Sud (PIB/hab. de 5 680 USD en 2018), a connu une croissance très modeste au cours des décennies 1980 et 1990, avec une récession annuelle de 2 % en moyenne entre 1998 et 2002. Le pays a ensuite bénéficié d’une période de croissance forte et régulière de 4,5 % en moyenne entre 2003 et 2017. Son taux de croissance s’est stabilisé autour des 4 % (3,6 % en 2018, 4,8 % en 2017 et 4,3 % en 2016) en dépit des difficultés économiques rencontrées par le Brésil et l’Argentine, importants partenaires commerciaux du Paraguay, et ce jusqu’en 2019, année de croissance quasi-nulle du fait des conditions climatiques (sécheresses et inondations) et de la baisse des cours des produits agricoles. En effet, l’activité économique du pays repose principalement sur l’agriculture (3e exportateur mondial de soja ; oléagineux) et l’élevage (5e exportateur mondial), dont les produits représentent la majeure partie des exportations. Elle s’appuie également sur la production d’électricité hydraulique des barrages binationaux d’Itaipú (Brésil) et Yacyreta (Argentine), dont le Paraguay exporte la plus grande partie vers le Brésil et l’Argentine.

Le gouvernement Cartes a fait de la stabilité budgétaire une priorité en faisant adopter une loi de responsabilité fiscale fixant un plafond de déficit à 1,5 % du PIB. Cet objectif est respecté depuis 2016 (-0,7 % du PIB en 2018). La stabilité financière passe également par un processus d’augmentation de la pression fiscale sur les entreprises (qui ne représente que 11 % du PIB, pourcentage le plus faible du continent). Le gouvernement mise également sur la loi de Partenariat public privé (PPP) votée fin 2013, en soulignant le faible risque que représente pour le secteur privé l’investissement dans des infrastructures et services publics indispensables et rentables.

Classé au 113e rang sur 190 dans le classement Doing Business de la Banque mondiale, et placé sur la liste grise des pays sous surveillance du Groupe d’action financière (GAFI) entre 2008 et 2012, le Paraguay a engagé plusieurs réformes pour lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Mise à jour : 23.01.20

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