AFRIQUE / Soudan du Sud ou Sudsoudan
Présentation du pays
Données générales
Nom officiel : République du Soudan du Sud
Nature du régime : présidentiel
Organisation de l’Etat : République fédérale
Langue officielle : anglais
Langues courantes : anglais, arabe (jubarabic), langues locales (dinka, nuer, shilluk, zande, bari)
Monnaie : livre sud-soudanaise (SSP)
Fête nationale : 9 juillet
Données géographiques
Superficie : 644 329 km²
Capitale : Djouba
Villes principales : Wau, Malakal
10 Etats fédérés et 3 régions administratives spéciales (Abyei, Ruweng et Pibor)
Le Soudan du Sud est traversé par le Nil Blanc. La végétation aquatique sur le fleuve crée une des plus vastes zones marécageuses au monde dans le centre, le Sudd.
Le climat alterne entre saison sèche l’hiver et saison des pluies l’été.
Données démographiques
Population : 11,06 millions d’habitants (2019, Banque mondiale)
Croissance démographique : +0,7 % (2019)
Espérance de vie : 57 ans (2019)
Taux d’alphabétisation : 34 % (2018)
Religion(s) : majorité chrétienne, minorités musulmanes et animistes.
Indice de développement humain (2018) : 0,413 – 186e au classement mondial.
Éléments d’actualité
Politique intérieure
Plus jeune pays au monde depuis son indépendance, proclamée le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud a sombré dans une guerre civile en décembre 2013 lorsque le Président Salva Kiir a accusé son ancien vice-Président Riek Machar d’avoir tenté un coup d’état. Cet évènement a déclenché un conflit politique sur fond de lutte entre les deux principaux groupes ethniques du pays, les Dinka et les Nuer. Malgré un accord de paix signé en août 2015 (ARCSS), le conflit a repris en juillet 2016 à Djouba, trois mois après le retour de Riek Machar dans la capitale.
Le 12 septembre 2018, les belligérants ont signé la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, l’ARCSS-R, sous l’égide de l’IGAD (autorité intergouvernementale pour le développement) et avec les parrainages du Soudan et de l’Ouganda. Il prévoyait une période de pré-transition de huit mois, suivie d’une période de transition de trois ans.
Après deux prolongations de la période de pré-transition, les parties sud-soudanaises sont parvenues à former le Gouvernement d’union nationale de transition (TGoNU) le 22 février 2020. Riek Machar a ainsi retrouvé son poste de Premier vice-Président. Le cabinet ministériel a été formé le 12 mars 2020, exactement dix-huit mois après la signature de l’Accord de paix revitalisé. Les parties sont également convenues de revenir aux 10 Etats fédérés qui existaient à l’indépendance, en y ajoutant trois zones administratives spéciales (Abyei, Ruweng, Pibor). La formation de ce gouvernement a ouvert la période de transition de trois ans, qui doit idéalement conduire le Soudan du Sud à des élections en 2023.
L’éruption de la Covid-19 dans le pays, qui a coïncidé avec la prise de fonction des nouveaux ministres, a fortement ralenti le processus de paix au Soudan du Sud. La mise en place des institutions de transition s’est poursuivie mais avec retard. En juin, neuf des dix gouverneurs des Etats fédérés ont été nommés (seul l’Etat du Nil Supérieur n’a pas encore de gouverneur). La dissolution du parlement, qui doit permettre de nommer le nouveau parlement pour la période de transition, n’a toujours pas été décidée.
De nombreux points de l’accord de paix sont restés en suspens au cours des derniers mois. La réunification des forces armées pour constituer une armée nationale de 83 000 hommes n’est toujours pas achevée. La crise sanitaire a provoqué un délitement de certains arrangements sécuritaires, avec la désertion de soldats dans certains sites de cantonnement.
La situation sécuritaire s’est améliorée depuis la signature de l’Accord de paix. Les différents mouvements armés respectent dans l’ensemble le cessez-le-feu. Les groupes armés qui n’ont pas signé l’accord de 2018, regroupés au sein de la SSOMA (South Sudan Opposition Movements Alliance), ont également rejoint ce cessez-le-feu en début d’année. Malgré ce progrès, des affrontements continuent depuis plusieurs mois qui opposent l’armée soudanaise (SSPDF - South Sudan People’s Defence Forces) et le SPLM-IO (Sudan People’s Liberation Movement-in-Opposition) de Riek Machar à certains groupes non-signataires dans le sud du pays. Une médiation menée sous l’égide de Sant’Egidio doit reprendre à Rome entre le gouvernement et ces mouvements non-signataires.
Surtout, le Soudan du Sud a connu des niveaux de violences intercommunautaires et pastorales de très grande ampleur entre fin-janvier et juillet 2020. Ces affrontements ont ravagé de nombreuses régions qui sont déjà les plus touchées par la crise humanitaire, en particulier le Jonglei, les Etats de Warrab et des Lacs. Le fort degré de violence enregistré a provoqué un très lourd bilan humain (plus de 3 000 morts en une semaine en mai).
Politique étrangère
Relations avec le Soudan : La relation du Sud avec le Soudan a été marquée par deux guerres civiles avant l’indépendance. Malgré la signature d’une série d’accords en 2012, qui prévoient des mesures de sécurisation de la frontière et un accord de partage pétrolier, plusieurs points demeurent en suspens, notamment la région disputée d’Abyei à cheval entre les deux pays (dont le sous-sol est riche en hydrocarbures).
Les autorités soudanaises ont pris l’initiative avec l’Ouganda d’assurer une médiation entre les parties sud-soudanaises sous l’égide de l’IGAD, conduisant à l’Accord du 12 septembre 2018. Les deux Soudans ont poursuivis leur rapprochement avec la transition politique à Khartoum. Le Président Salva Kiir s’est rendu à la signature du document constitutionnel à Khartoum le 17 août 2019, tandis que le Premier ministre Hamdok a effectué son premier déplacement à l’étranger à Djouba. La capitale sud-soudanaise a hébergé depuis octobre 2019 les négociations de paix entre les autorités soudanaises et les mouvements rebelles du Darfour, du Sud-Kordofan et du Nil Bleu, sous la médiation du Soudan du Sud. Elles ont abouti au paraphe d’un accord de paix entre la plupart des mouvements armés et le gouvernement soudanais le 31 août 2020. Enfin, le Soudan occupe désormais la tête de l’IGAD depuis fin-2019, qui est garante du processus de paix au Soudan du Sud.
Relations avec l’Ouganda : Depuis son arrivée au pouvoir en Ouganda, le Président Yoweri Museveni a apporté son soutien au SPLM de John Garang et est ensuite resté un proche soutien du Président Kiir. Après l’éclatement du conflit en décembre 2013, les forces ougandaises sont intervenues pour protéger Djouba et reprendre Bor. Elles se sont progressivement retirées à partir de 2015.
L’implication soudano-ougandaise en 2018 a permis d’arriver à la signature de l’ARCSS-R, dont Khartoum et Kampala sont garants. Le Soudan du Sud constitue le premier débouché commercial de l’Ouganda (20 % des exportations ougandaises). La route vers Kampala est un axe vital pour l’approvisionnement sud-soudanais. Par ailleurs, les deux pays sont liés par un accord de défense. Conséquence des années de guerre civile, plus de 880 000 Sud-soudanais sont encore réfugiés au nord de l’Ouganda.
Relations avec l’Ethiopie : L’Ethiopie s’est engagée comme présidente de l’IGAD pour proposer sa médiation entre les parties sud-soudanaises au début du conflit. Une force militaire conjointe a été mise en place en août 2018 à la frontière des deux pays. De très nombreux soldats éthiopiens sont engagés dans les deux opérations de maintien de la paix au Soudan du Sud : 2 000 au sein de la MINUSS (Mission des Nations unies au Soudan du Sud), ainsi que la quasi-totalité des soldats de la FISNUA (Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei). Pour autant, si l’ARCSS-R (accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud) a été paraphé à Addis-Abeba, l’Ethiopie a laissé la main au Soudan et à l’Ouganda sur le dossier sud-soudanais.
Relations avec les Etats-Unis : Washington a joué un rôle déterminant en faveur de l’indépendance du pays. Acteur clef au sein de la Troïka (avec Londres et Oslo), la création du Soudan du Sud a été portée au crédit de la diplomatie américaine. Le Soudan du Sud est le premier récipiendaire de l’aide américaine en Afrique. La guerre civile a entaché les relations entre les deux pays.
Autres partenaires : le Soudan du Sud entretient de bonnes relations avec le Kenya, en dépit d’une rivalité frontalière autour de la souveraineté du triangle d’Ilemi qui est administré par Nairobi. Riverain du Nil, le Soudan du Sud entretient aussi des relations nourries mais complexes avec l’Egypte.
Enfin, ses liens avec la Chine sont étroits (déploiement de soldats chinois au sein de la MINUSS) et les relations avec les autres membres de la Troïka (Norvège, Grande-Bretagne) sont fortes quoique difficiles.
Institutions multilatérales : le 14 juillet 2011, le Soudan du Sud a été admis aux Nations Unies, devenant le 193e Etat membre (voir infra pour l’engagement de l’ONU dans le pays). La même année, il a intégré l’Union Africaine le 15 août et l’IGAD le 25 novembre. Le Soudan du Sud a également adhéré à l’Initiative du Bassin du Nil en août 2013.
En avril 2012, le Soudan du Sud a adhéré au Fond Monétaire International (FMI) et à la Banque Mondiale. Un fonds multi-bailleurs de 11 M USD sur une période de quatre ans a été mis en place au sein du FMI, pour le renforcement des institutions macroéconomiques du Soudan du Sud (administration fiscale et douanière, gestion des finances publiques, banque centrale, politique de change).
La présence des Nations unies au Soudan du Sud est extrêmement étendue et s’étend à tous les domaines d’intervention possibles. Une opération de maintien de la paix est déployée depuis la naissance du pays, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), établie par la résolution 1996 du 8 juillet 2011. Son mandat a été prorogé pour un an jusqu’au 15 mars 2021 par la résolution 2514 (12 mars 2020) – adoptée à l’unanimité. Elle fixe un plafond de troupes de 17 000 militaires et 2 101 policiers. C’est aujourd’hui la plus chère des missions de maintien de la paix – 1,27 Mds USD - et la première en terme d’effectifs (la mission compte actuellement 16.800 militaires et policiers). Elle est dirigée par le néo-zélandais David Shearer, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies.
Cinq programmes et 15 agences des Nations unies sont présentes sur te terrain dans tous les secteurs de l’urgence humanitaire, de la résilience et du développement ; beaucoup y conduisent l’un de leur plus important programme pays.
Par ailleurs, une seconde opération de maintien de la paix est déployée dans l’enclave disputée avec le Soudan d’Abyei : la Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abyei (FISNUA). Son mandat a été prorogé le 14 mai 2020 pour six mois par la résolution 2519.
Depuis juillet 2018, le Soudan du Sud fait l’objet d’un embargo sur les armes (R 2428). Un régime de sanctions individuelles est également en place depuis 2015 (R 2206), qui concerne huit individus à ce jour. Le régime de sanctions a été renouvelé pour un an le 29 mai 2020 (R 2521) pour un an.
Situation économique
Reposant sur des bases extrêmement fragiles à l’indépendance, entre ultra-dépendance pétrolière et des infrastructures quasi-inexistantes (moins de 200 km de routes goudronnées), l’économie sud-soudanaise a particulièrement souffert des années de guerre civile. L’économie sud-soudanaise est conditionnée à la vitalité du secteur pétrolier, particulièrement fluctuant et vulnérable aux chocs. En 2012, le pétrole représentait plus de 95% des revenus de l’Etat. La destruction et la fermeture des puits de l’Unité conjuguées à la chute des cours internationaux ont fortement fragilisé l’économie nationale. Le PIB est passé de 20,6 Mds USD en 2014 à 16,2 Mds USD en 2018.
Après quatre années consécutives de récession, l’économie sud-soudanaise est repartie à la hausse en 2019, avec une croissance à 3,4 % portée par la reprise des exploitations pétrolières dans les champs de l’Unité et, dans une moindre mesure, dans le Nil supérieur. La production atteignait environ 180 000 barils/jour fin 2019 contre 120 000 barils/jour en 2017/2018. Le secteur souffre néanmoins de n’avoir pas connu d’investissement depuis l’indépendance. L’accord de 2012 avec le Soudan prévoit que Djouba paye environ 24 USD par baril à Khartoum dont 9,10 USD au titre du transport par le pipeline. Cet accord devra cesser de s’appliquer en 2022, libérant à ce moment-là des ressources pour le Soudan du Sud.
L’économie sud-soudanaise est dépendante de ses importations. Avec environ 4 millions de personnes déplacées (plus du tiers de la population), et la destruction de la plupart des circuits de production alimentaire, plus de la moitié de la consommation alimentaire nationale est importée. En outre, le pays est sujet à de vives pressions inflationnistes due à la dépréciation de la livre sud-soudanaise (les prix ont triplé en 2017 et doublé en 2018 avant un léger reflux en 2019).
La pandémie de la Covid-19 a fortement détériorée la situation économique. Avec la chute du cours du brut, la production pétrolière a été réduite à environ 130 000 barils par jour. La livre sud-soudanaise continue de se déprécier par rapport au dollar américain et les prix des produits alimentaires ont augmenté de près de 40 % depuis le début de la crise sanitaire.
Mise à jour : 24.09.20
Sources ;Le Monde ; Ministètre des Affaires étrangères, France