HOMMAGE / Sérgio Ferro
Sérgio Ferro, né le 25 juillet 1938 à Curitiba, Paraná, est un peintre, architecte et professeur brésilien. Il a obtenu son diplôme en architecture à l’Université de São Paulo en 1962 et a poursuivi ses études de troisième cycle jusqu’en 1965. Il a appartenu au trio d'architectes,Ferro, Império et Lefèvre. Tous trois furent étudiants à la Faculté d’architecture et d’urbanisme (FAU) de l’Université de Sao Paulo (USP) au tournant des années 1950-1960. Amis d’enfance, Ferro et Lefèvre y entrent en 1957. Ils y rencontrent Flávio Império, alors déjà reconnu dans le milieu du théâtre d’avant-garde pour ses créations de costumes, de décors et ses mises en scène . Le trio, à la fois élève est connu pour avoir pariticpé au dévellopmment de l’« école pauliste » (Yves Bruand, Arquitetura contemporânea no Brasil, Sao Paulo, Perspectiva, 1981). Dès 1962-1963, tous trois deviennent aussi assistants à la FAU : Lefèvre y enseigne l’histoire de l’architecture contemporaine, Império la communication visuelle, Ferro l’histoire de l’art et l’esthétique. En 1972, Sérgio Ferro est condamné à l’exil par la dictature dans son pays et a passé trente ans en France, où il a poursuivi une œuvre à la fois singulière et plurielle. Ses peintures sont exposées dans des musées du monde entier, notamment au Brésil et en France. Il habite entre Sao Poalo et Grignan. il a enseigné à l’École d’architecture de Grenoble de 1982 à 1997.
Sergio Ferro revient sur ses années paulistes en ces termes : « Durant des années, Flavio, Rodrigo et moi avons occupé la chambre d’employées de maison rue Marquês de Paranaguà. Douze mètres carrés. […] Là vivaient plein d’étudiants et de professeurs de la FAU et de la faculté de la rue Maria Antonia13, gens de théâtre, peintres. Nos tables étaient collées – comme nos plans d’architecture, comme ce que nous nous imaginions, comme notre aversion pour la gauche de salon. Mais comment savoir qui, quand, avait le premier suggéré ce que l’autre déjà commençait à esquisser, corrigeant ce que le troisième n’avait pas fini d’imaginer ? ». De cette expérience, il va en tirer une esthétique des faibles moyens assumée : « C’est ainsi du minimum utile, du minimum constructif et du minimum didactique nécessaires que nous tirons, presque, les bases d’une nouvelle esthétique que nous pourrions appeler la “poétique de l’économie”, de l’absolument indispensable, de l’élimination de tout superflu, de l’“économie” de moyens pour la formulation d’un nouveau langage, pour nous, entièrement établi sur les bases de notre réalité historique. »
En tant qu’homme de la pratique engagée et collective, Ferro a initié, construit et consolidé les thèses présentées pour la première fois disponibles en français à travers sa monographie, intitulée “Dessin/Chantier”, propose une nouvelle façon de voir le monde et de comprendre comment se produit la valeur. Il remet en question la trilogie vitruvienne traditionnelle de solidité, d’utilité et de beauté (soliditas, utilitas, vénustas). C'est un ouvrage dérangeant par sa critique radicale des conditions de production de l’architecture en même temps que pensée originale pour une pratique émancipatrice du métier.
Sérgio Ferro exprime un dédain pour les “belles âmes” et une envie inconsolable, irréparable et poursuivie de beauté en architecture. Il propose l’architecture comme l’art suprême du génie collectif. Sa vision de l’architecture va au-delà de la simple construction de bâtiments pour englober une compréhension plus profonde de la valeur et de la beauté.
Peintre, architecte et professeur, Sérgio Ferro, brésilien condamné à l''exil par la dictature sévissant dans son pays, aura durant trente années, en France, poursuivi une œuvre à la fois singulière et plurielle. C''est en homme de la pratique engagée et collective, que l''auteur a initié, construit et consolidé les thèses ici présentées pour la première fois disponibles en français .../...Ainsi, Dessin/Chantier, c'est voir autrement le monde et saisir comment se produit la valeur, c'est en finir avec la bien-évidence de la trilogie vitruvienne (soliditas, utilitas, vénustas). C'est le dédain des belles âmes, c''est l''envie inconsolable, irréparable et poursuivie, l''envie de beauté en architecture, l''architecture proposée ici comme l''art suprême du génie collectif.