REPONSE A JEROME CORREIA / La philosophie de nos jours
la philosophie était très porteuse entre 2002 et 2006 (il suffit de regarder sur google trend). Est-ce l'enflure d'Onfray (le processus, j'entends, comme le crapaud qui veut devenir aussi gros que le boeuf) qui est à l'origine de ce mouvement de désintérêt et qui crée paradoxalement une bonne conscience à ne pas creuser. ... on dira entre 1992 et 2006 en France on pouvait se suicider pour la philosophie (Sarah Kofman, Guy Debord,Gilles Deleuze, François Zourabichvili et quelques autres). Je ne ferai pas trop de commentaires ou conclusions, sinon que l'effondrement de l'URSS a supprimé la bonne conscience des possibles. L'enjeu s'est déplacé du cosmopolitisme (tu et insu) à la question des origines que les politiques ont fait refleurir début 80 (je pense à contrario au débat entre Félix Guattari et Antoine Spire où le premier rembarre le second sur cette question en écartant celle-ci).
L'autochtonie qui est liée au côté bon-vivant est peut-être antagoniste (les cyrénaiques - qui sont des socratique - ne sont pas de nos vivant mais des voluptueux inquiets comme le notait Epicure - c'est même pourquoi Onfray est si étranger à Nietzsche puisqu'il n'est pas épicurien).
Pour ma part, je vois que notre époque est davantage ouverte à Eric Zemmour qu'à la philosophie, il y a toujours un danger à vivre d'un héritage sans le renouveler. Le 23 octobre on pouvait voir combien Michel Onfray (celui qui se dit "essayer d'être philosophe") était perméable aux idées du premier, parlant de guerre civile). C'est cela quand il n'y a plus de joute oratoire ou de débat public lequel se fait par réponse différée (comme les prises de paroles au Sénat pour faire écho à certains de vos posts). Le débat télévisé n'est pas un débat public (lequel se tient dans l'agora et le forum) et non dans le clinquant (par exemple le débat sur la peine de mort qui a bien duré cent ans en France).
C'est à vous d'accepter deux choses : la première est d'endurer, la seconde d'accepter la perte. Là se jouera votre persévérance, car ce rendez-vous ne me paraît être que partie remise...
pardon si vous me voyiez insister sur un philosophe médiatique (je ne me permets pas de mettre les guillemets), mais à notre époque je ne vois que Patrice Loraux comme philosophe, peut-être Richir - mais il y a beaucoup d'amis* des philosophes par ailleurs et pas seulement dans les insitutions. Badiou prend trop à l'antiphilosophie (sa réflexion sur le propre, son parcours à l'envers, toutes ses idées baroques et originales - à l'exception de ses titre pris à Mallarmé - sont tirées de Lacan, c'est-à-dire du tournant langagier qui vient après le tournant psycho-pathologique qui sort de l'éthologie initiale qui rendait scientifique ce discours, c'est-à-dire empruntable tel un sentier, un talweg, un sillon (Fürhung et Gefolgschaft dirait-on en allemand). Lacoue-Larthe semble avoir indiquer la position juste pour la reprise philosophique, ce que ne pourrait lui contredire un ami* des philosophes comme Hans-Johann Glock.
*J'entends par là une amitié de fréquentation. Les philosophes se testent, joutent parfois, mais s'appellent amis. La philosophie est ce mix de sérieux et de légèreté qui peut-être si aisément prise en otage à la différence de la sagesse de vie - Lebensweisheit - que beaucoup veulent opposer au savoir-vivre mis en avant dans les publicités ou au bien-être vanté par le développement personnel. Qu'on l'appelle logos ou propos, quelque chose reste qui va au-delà de la simple mise en rapport en ce qu'il absorbe aussi des enjeux liés aux problèmes - ce qui est jeté devant soi, ce qui vient dans les pattes, tôt ou tard.
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