CIRTIQUE / Sur le farfelu discours sur la crise de la masculinité
« On revient sur la question de mon bouquin sur la crise de la masculinité et là je le fait vraiment court. J'essaye de démontrer en fait qu'il y a ce discours de la crise de la masculinité, qu'on entend souvent et qu'on entend partout, qui est porté par des porte-paroles comme Zemmour bien évidemment. Il avait publié un livre qui s'appelait le premier sexe en 2006 qui est exactement là- dessus. Alain Soral avait publié vers la féminisation il y en a d'autres aux États-Unis, en Angleterre, au Canada etc. Mais la thèse que j'essaie de défendre dans ce livre, c'est que la crise de masculinité c'est un discours, ce n'est pas un fait social. Un discours est un fait social évidemment mais c'est vraiment un discours vide sans fait social circonscrit, c'est de la rhétorique. Et pourquoi je dis ça parce que à travers des études historiques, j'ai constaté qu'en fait en occident depuis au moins 500 ans des hommes vont dire qu'il ya une crise de masculinité. Au XVIème siècle, c'est vrai dans la cour d'Angleterre et la cour de France. Les rois eux-mêmes des deux côtés de la Manche, les autorités ecclésiastiques, des auteurs de poèmes et de pièces de théâtre parlent de crise de la masculinité. On a ça pendant la révolution française. On a ça au XIXe siècle aux états-unis, en Angleterre, en France, en Allemagne et ailleurs. On a ça entre les deux guerres. On a ça pendant la guerre froide. Aujourd'hui. en fait, j'ai trouvé des études sur la crise de la masculinité à peu près partout : au Bangladesh, en Corée, au Japon, en Russie. En Russie, on veut pas me faire croire que les féministes contrôlent la Russie : les Pussy Riots auraient pris le contrôle du kremlin ce n'est pas sérieux. Au Mexique, au Maghreb, en France évidemment, aux états-unis etc. ... Donc ce discours est tellement permanent, il est tellement universel, que selon moi il ne peut pas être autre chose que de la rhétorique, de la propagande une sorte de deux déclarations de panique face à n'importe quelle femme qui ne tient pas son la place qu'on veut qu'elle tienne et une sorte d'appel à l'aide aux hommes qui disent : "ah nous sommes perdus nous n'avons plus de repères, nous n'avons plus de modèles, nous sentons menacés par ces femmes qui ne respectent pas le rôle que nous leur avons assigné et donc il faut une certaine manière contre-attaquer". Pour moi le discours de la crise de masculinité est profondément un discours antiféministe. »
Francis Dupuis-Déri sur Thinkerview