LEXIQUE d'Immanuel Kant
Absolu (Absolut) : On emploie de nos jours le mot absolu simplement comme quelque chose qui est considéré en soi et qui a par conséquent une valeur intrinsèque. "Je me servirai donc du mot absolu dans ce sens plus étendu et je l'opposerai à ce qui n’a a de valeur que relativement et sous un rapport particulier ; car le relatif est restreint à ces conditions, tandis que l'absolu est valable sans restrictions" (KtCRP, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre I, Sec 2, p269).
Action (Handlung) : L'action signifie déjà le rapport du sujet de la causalité à l'effet (KtCRP, PUF, p192). De l'action libre : Quand nous jugeons des actions libres, nous ne pouvons que remonter jusqu'à la cause intelligible, mais pas au-delà, nous pouvons reconnaître que cette cause est libre, c'est-à-dire déterminée indépendamment de la sensibilité et que, de cette manière, elle peut être la condition inconditionnée au point de vue sensible des phénomènes (KtCRP, PUF, p. 407).
Affinité (Affinität, Verwandtschaft). Affinité du divers : C'est le principe de la possibilité de l'association du divers (KtCRP, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, p127 1° éd.). Affinité transcendantale : C'est lorsque tous les phénomènes sont universellement liés suivant des lois nécessaires (KtCRP, Logique transcendantale, Analytique transcendantale, Livre I, ch 2, p128 1° éd.).
A priori/a postériori. Est a priori ce qui est antérieur à l'expérience et qui est donc indépendant de celle-ci (les catégories et concepts purs de l'entendement, les formes de la sensibilité, c'està-dire l'espace et le temps) mais constitue la condition de notre appréhension de l'expérience ou indépendant. de l’expérience. Est a posteriori ce qui découle de l'expérience, en dépend et ne peut pas être établi autrement qu'à partir d'elle. L'apriori est formel et pur, l'a posteriori relève de l'expérience. L'universel et le nécessaire sont la marque des concepts a priori..
Bien (Souverain... höchstes Gut). L'idée d'une intelligence, où la volonté, la plus parfaite moralement, jouissant de la souveraine félicité, est la cause de tout bonheur dans le monde, en tant que ce bonheur est en rapport étroit avec la moralité (c'est-à-dire, avec ce qui rend digne d'être heureux), cette idée, je l'appelle l'idéal du souverain bien.
Catégories: : Concepts fondamentaux et a priori grâce auxquels l’entendement ordonne et synthétise les représentations ou intuitions présentes en notre sensibilité. Ce sont en fait les structures ou formes a priori de notre entendement. Il existerait quatre concepts fondamentaux à partir desquels il serait possible de déduire douze catégories:
1. Quantité:
Unité. Pluralité. Totalité.
2. Qualité:
Réalité. Négation. Limitation.
3. Relation:
Substance et Accident. Causalité et Dépendance. Action réciproque.
4. Modalité:
Possibilité - Impossibilité. Existence - Non-existence. Nécessité - Contingence.
Les catégories de l’entendement correspondent en fait aux différents jugements que nous pouvons produire.
Causalité (Kausalität) : la condition de ce qui arrive s'appelle cause (KtCRP, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, ch 2, Sec 1, p334). On ne peut concevoir que deux espèces de causalité par rapport à ce qui arrive, la causalité suivant la nature ou la causalité par liberté. De la causalité par liberté : la causalité inconditionnée de la cause dans le phénomène reçoit le nom de liberté (KtCRP, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, ch 2, Sec 1, p334). De la causalité naturelle : la causalité conditionnée s'appelle cause naturelle en un sens plus restreint (KtCRP, Logique transcendantale, Dialectique transcendantale, Livre II, ch 2, Sec 1, p334).
Chose en soi : La chose en soi désigne le réel tel qu'il est en lui-même, indépendamment de toute connaissance qu'on en a. Le phénomène désigne le réel tel qu'il est connu, tel qu'il est pour nous, c'est-à-dire tel qu'il se manifeste au sujet connaissant : à la sensibilité qui appréhende le réel dans les formes a priori de l'espace et du temps, et à l'entendement qui place les intuitions ainsi formées sous les catégories et les concepts purs. La chose en soi nous est inconnaissable ; nous pouvons seulement dire ce qu'elle n'est pas, qu'elle restreint les prétentions de la connaissance sensible et qu'elle doit être nécessairement supposée au fondement des phénomènes. la chose en soi c'est le pur noumène, c'est à dire que c'est ce qui ne peut être que pensé, par différence avec le phénomène. On garde donc là quelque chose de la distinction essence-apparence : la chose en soi peut être pensée, elle est donc noumène, mais elle ne peut pas être connue. La chose en soi est un concept limitatif, c'est-à-dire que !kant vide à mesure qu'il avance dans sa critique. voir phénomène.
Concept * : Du latin « concipere », concevoir, le concept est une représentation abstraite et générale, qui réunit des caractéristiques propres à une classe d'objets. Il est une forme, ou règle d'unification du divers, issue de l'entendement qui a besoin d'être appliquée ô une matière pour constituer une connaissance effective ; cette matière lui est fournie par la sensibilité au moyen des intuitions. Le concept peut être pur, il appartienf alors à l'entendement et s'appelle une catégorie s'il est premier (et non dérivé d'autres concepts purs) ;il peut aussi être empirique, c'est-à-dire tiré de l'expérience à partir de l'application à celle-ci de certains concepts purs. / De la méthode de recherche des concepts purs de l'entendement : La philosophie transcendantale a l'avantage, mais aussi l'obligation de chercher ses concepts suivant un principe, parce qu'ils sortent purs et sans mélange de l'entendement comme d'une unité absolue et qu'ils doivent, par conséquent, être eux-mêmes enchaînés suivant un concept ou une idée. Or un tel enchaînement nous fournit une règle qui permet d'assigner a priori à chaque concept pur de l'entendement sa place et à leur somme l'intégralité (KtCRP, PUF, p. 86).
Connaissance (Erkenntnis) : « Toute notre connaissance commence par les sens, passe de là l'entendement et s'achève dans la raison » (p. 254). « Toute connaissance qui a un fondement a priori s'annonce par ce caractère qu'elle veut être tenue d'avance pour absolument nécessaire ; à plus forte raison en serait-il ainsi d'une détermination de toutes les connaissances pures a priori , détermination qui doit être l'unité de mesure et par suite même l'exemple de toute certitude (philosophique) apodictiqu. » (KtCRP, Préf. 1°, p. 8). Notre connaissance dérive dans l'esprit de deux sources fondamentales : l'intuition (sensible) et le concept. De sorte que ni des concepts, sans une intuition qui leur corresponde de quelque manière, ni une intuition sans concepts, ne peuvent donner une connaissance. On peut appeler la sensation la matière de la connaissance.
Le systématique de la connaissance, : « Si nous jetons un coup d’oeil sur l’ensemble des connaissances de notre entendement, nous trouvons que la part qu’y a propre ment la raison ou ce qu’elle cherche à constituer, c’est le systématique de la connaissance, c’est-à-dire son enchaînement en vertu d’un principe. Cette unité rationnelle suppose toujours une idée: celle de la forme d’un TOUT de la connaissance, qui précède la connaissance des parties, et qui contient les conditions nécessaires pour déterminer a priori à chaque partie sa place et son rapport avec les autres »
Conscience de soi : "la conscience de soi en général est donc la représentation de ce qui est la condition de toute unité tout en étant soi-même inconditionné" (KtCRP, PUF, p. 324 1°éd.).
Corps (Körper) : C'est un phénomène extérieur renfermé dans ses limites (KtCRP, PUF, p390).
Critique : La critique est l'examen des conditions de possibilité d'un usage légitime de notre pouvoir de connaître ; elle est la connaissance de soi de la raison. Elle doit instituer « un tribunal qui garantisse [la raison] dans ses prétentions légitimes et puisse en retour condamner toutes ses usurpations sans fondements, non pas d'une manière arbitraire, mais au nom de ses lois éternelles et immuables. » (KtCRP, PUF, p. 7.) Elle est à cet égard une propédeutique (ou exercice préliminaire) à la métaphysique en tant que recherche d'une connaissance pure a priori (KtCRP, PUF, p. 563). La critique n'est pas opposée à un procédé dogmatique de la raison dans sa connaissance pure en tant que science (c l’intuition pure de l’espace et du temps (formes a priori de notre sensibilité) (NB : Il n'y pas pas d'intuition intellectuelle ou spinoziste pour Kant). On peut dire de la sensibilité qu’elle a proprement parler la faculté de recevoir. En effet la sensibilité est « la capacité de recevoir (réceptivité) des représentations grâce à la manière dont nous sommes affectés par des objets. » (KtCRP, PUF, p. 53.) La représentation que fournit la sensibilité, qui se rapporte de manière immédiate aux objets, contrairement aux concepts qui s'y rapportent de manière médiate, estune intuition. L'intuition est déjà en elle-même une mise en forme du « pur divers » de la sensation par la sensibilité, au moyen des formes a priori de la sensibilité, l'espace et le temps, qui constituent l'« intuition pure » lorsqu'on les considère indépendamment de tout objet empirique. / La sensibilité est le principe de l'erreur : La sensibilité soumise à l'entendement et regardée comme l'objet auquel celui-ci applique sa fonction est la source des connaissances réelles, mais cette même sensibilité, en tant qu'elle influe sur l'acte même de l'entendement et le détermine à juger, est le principe de l'erreur (KtCRP, PUF, p. 252).
Spéculation * : La raison spéculative cherche à déterminer ce qui est, par opposition à ce qui doit être, et qui est objet de la raison pratique. En un sens plus restreint, la démarche spéculative est celle qui vise la connaissance d'objets qui sont hors de l'expérience.
Temps: Forme a priori de notre sensibilité, et condition de la perception interne.
Vérité (Wahrheit) : La définition nominale de la vérité est l'accord de la connaissance avec son objet (KtCRP, PUF, p. 80). "C'est dans l'accord avec les lois de l'entendement que consiste le formel de toute vérité" (KtCRP, PUF, p. 252). La vérité repose sur l'accord avec l'objet, et, par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tout entendement doivent être d'accord (KtCRP, PUF, p. 551). De la vérité transcendantale et empirique : Dans l'ensemble de toute l'expérience possible que résident toutes nos connaissances et dans tout le rapport général à cette expérience consiste la vérité transcendantale qui précède toute vérité empirique et la rend possible (KtCRP, PUF, p. 155). Si la vérité est l'accord de la connaissance avec son objet, il ne peut être question que des conditions formelles de la vérité empirique (KtCRP, PUF, p. 184). De la vérité et de l'erreur : Ni l'entendement, ni les sens par eux-mêmes ne sauraient se tromper, l'entendement ne le peut pas, parce que, s'il agit simplement d'après ses lois, l'effet (le jugement) doit nécessairement s'accorder avec ces lois et dans les sens, il n'y a pas de jugement ni vrai, ni faux. Or comme nous n'avons pas d'autres sources de connaissances que ces deux là, il s'ensuit que l'erreur n'est produite que par l'influence inaperçue de la sensibilité sur l'entendement, cette influence fait que les principes subjectifs du jugement se confondent avec les principes objectifs et les font dévier de leur destination.
Notes :
* Vocabulaire rédigé par O. Hansen-Love in Critique de la Raison Pure - Préface de la seconde édition, Editions Hatier