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La Philosophie à Paris

HISTOIRE / La Commune du Creusot (24 mars – 3 avril 1871)

HISTOIRE / La Commune du Creusot  (24 mars – 3 avril 1871)

À la fin du mois de mars 1871, la commune du Creusot, située en Saône-et-Loire, est un centre industriel majeur et un haut lieu de la lutte sociale en France. La ville est alors dominée par l’industrie métallurgique, principalement sous l’impulsion des usines Schneider, qui emploient une grande partie de la population ouvrière. Ce contexte industriel fait du Creusot un foyer privilégié de revendications ouvrières et de contestations politiques, notamment durant la période troublée qui suit la chute du Second Empire et la proclamation de la Troisième République.

Au début des années 1870, Le Creusot, en Saône-et-Loire, est l’un des plus grands centres industriels de France. Dominée par les usines Schneider, spécialisées dans la métallurgie lourde, la ville est un véritable bastion du capitalisme paternaliste, avec des milliers d’ouvriers travaillant dans des conditions dures et strictement encadrées. La guerre de 1870, la capitulation de Sedan, la chute de l’Empire, puis la victoire des monarchistes aux élections de février 1871 nourrissent un fort malaise politique et social dans cette population ouvrière, influencée par les idées socialistes, proudhoniennes et internationalistes. Le climat est électrique.

Dans la foulée de la Commune de Paris déclarée le 18 mars 1871, la nouvelle atteint rapidement Le Creusot. Le 26 mars 1871, les ouvriers organisent une grande assemblée publique, influencée par les sections locales de la Première Internationale. Le soir même, une Commission municipale révolutionnaire est constituée. Elle proclame la Commune du Creusot. Ses revendications reprennent les principes communards : refus de la monarchie, République sociale, autogestion locale, amélioration des conditions de travail, suppression de la domination patronale dans les affaires communales. Les insurgés occupent la mairie, organisent des rondes populaires, et appellent les communes voisines à se joindre au mouvement. La garde nationale est mobilisée, mais sans affrontement direct.

Les figures marquantes du mouvement sont  Jean-Baptiste Dumay et Urbain Cabrol parmi de nombreux anonymes. car comme d'autres Communes républicaines et sociales de province, la mobilisation est avant tout collective et ouvrière. Des centaines d’ouvriers anonymes prennent part à la proclamation de la Commune, à l’occupation des bâtiments publics, à la rédaction de tracts et à la défense des revendications sociales.

Jean-Baptiste Dumay (1841–1926) – Militant ouvrier et représentant typique du mouvement socialiste naissant, Dumay est une figure centrale de la Commune du Creusot. Ouvrier des usines Schneider, autodidacte, il milite depuis plusieurs années pour les droits des travailleurs. Membre de la Première Internationale, il est élu dans la commission révolutionnaire. Après l’échec du mouvement, Dumay est emprisonné, puis relâché. Il poursuivra son engagement politique sous la Troisième République, devenant député socialiste en 1890. Il est l’un des rares communards de province à accéder à une carrière politique nationale.

Urbain Cabrol – Ouvrier militant et orateur charismatique, Cabrol est actif dans l’organisation des réunions publiques et des actions de la Commune. Il est arrêté après la répression, mais reste une figure locale du socialisme jusqu’à la fin du siècle.

Le 28 mars 1871, Arrive une prompte répression L’armée intervient sur ordre du préfet. Les forces de l’ordre reprennent la mairie sans combat sanglant. Le mouvement est démantelé, ses dirigeants arrêtés. Contrairement à Paris ou Marseille, la Commune du Creusot n’est pas réprimée dans le sang, mais plusieurs militants sont emprisonnés, condamnés ou licenciés. La famille Schneider, alliée au pouvoir versaillais, profite de l’occasion pour renforcer le contrôle social et disciplinaire dans l’usine et la ville. Une politique de surveillance étroite est mise en place contre les ouvriers "politiquement suspects".

Bien que brève et sans violence, la Commune du Creusot est un moment emblématique. C'est la première tentative d’émancipation ouvrière dans un bastion industriel majeur avec rejet du capitalisme paternaliste et appel à une démocratie sociale locale et un modèle pour les futurs mouvements ouvriers et syndicalistes sous la Troisième République.

Jean-Baptiste Dumay, par sa trajectoire, incarne cette transition du militantisme ouvrier vers l’engagement politique durable, entre mémoire de la Commune et combat pour la République sociale.

La Commune du Creusot n’a duré que deux jours, sans barricades ni fusillades, mais elle fut hautement politique. Elle révèle combien le message de la Commune de Paris a touché le cœur ouvrier de la province, où l’aspiration à une autre République – sociale, égalitaire, autogérée – avait trouvé des échos puissants. Dans une ville dominée par le capital industriel, le peuple s’est brièvement levé pour se gouverner lui-même.
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