La Philosophie à Paris

REPONSE A JULIEN DUTANT / "Je ne sais pas..."

10 Octobre 2010, 13:54pm

Publié par Anthony Le Cazals

 

Précisions : les phrases étaient « je sais que je ne sais rien », repris pour le fustiger... puis maladresse dans mon expression « je n'ai pas connaissance de ma connaissance », et je terminai pas cette simple phrase « j[e n]'en ai pas la connaissance ». Bref, tu as un goût retors pour faire trébucher les gens là où il ne faut prêter gare, pour faire trébucher les gens comme toi-même tu as cette peur de l'erreur qui ne produit aucune invention. Les faire advenir se fait différemment, cher Julien. La question est celle de l'enfantement.


 

C'est l'esprit bien tarabiscoté que tu as fait, par insupportation, tout un post là-dessus. Il y a bien dans ta théorie de la connaissance une morale et cette morale est grégaire ou débile. Ce n'est pas de la psychologie de comptoir, mais que comme tout théoricien tu ne sais ce qu'est un métier et son dépassement par l'art. Ta théorie de la connaissance ne connaît même pas ses initiateurs pour qui, je le répète, "on ne connait des choses que ce qui l'on veut bien y mettre soi-même", traduction voontairement imprécise pour que tu te creuse la tête. L'infaillibilisme est lui-même une erreur idéaliste puisqu'il retire de la connaissance le sens historique et la puissance. Je précise qu'au passage la science n'a pas toujours fonctionner sur le mode de la connaissance, en tant qu'épistémè elle fonctionnait sur le mode de l'être.


 

Sinon, je n'y réfléchis guère, je te redis simplement que je n'en ai pas la connaissance car celle-ci passe pour moi par la capacité, la puissance, la dynamis, la potentia et non une symbolique absconse qui vise l'infaillibilisme. Oh là là, la peur de l'erreur pourtant toute fixation de la science cumulative et substitutive est elle même une erreur, sauf à révéler la beauté des rapports et des non-rapports.


 

D'où tes reproches propres au "débilisme"... oups à l'infaillibilisme. Esprit scrupuleux. Les discussions de comptoirs me semble davantage propres à certains sites de philosophie analytique, désolé (hihi) si ma psychologie s'étonne toujours qu'il y ait de la médiocrité.


 

Je voulais te remercier par ma grande obséquiosité, car tu m'as fait progresser au contraire, mais ayons le courage de la précision, il s'agit non pas de toi mais de notre conflit, c'est ta définition de la connaissance qui me révulsait tant elle en extirpait la puissance, là où tes initiateurs l'admettaient. On ne peut pas réclamer à un "esprit fort" mais lent dans sa dynamis qu'il enlève ses œillères donc je t'en demande pas trop. Mr Sérieux, Mr Scrupuleux. Chacun aura corrigé sans en faire tout un plat, c'est un peu comme le lien mort que tu mets :))) C'est google qui, avec ses algorithmes, réfléchit à ma place, pour ma part je ne fais qu'énoncer ce que je recoupe, ce qui s'appelle penser, ce n'est pas un "je pense" ni un "subjectivisme" ni même un "relativisme". Il y manque toutefois une dimension mais tu es trop pris dans tes réflexions pour l'entrevoir, c'est le propre de ce qui ne prennent pas de risque et qui ne se pose pas de question sur qui les finance, c'est-à-dire ceux qui pense à ta place ton avenir quand toi tu réfléchis ta peur de tes propres erreurs selon l'adage qui veut que sans critique la main qui donne est toujours au dessus de la main qui reçoit. Penser, c'est ce que proprement un dialogue empêche, la mondanité prévalant sur la vérité et par là masquant ce qui a de l'importance, c'est-à-dire ce qui n'est pas propre à la connaissance mais au champ de la délibération (Détienne, 1967). La question devenant peut-on délibérer avec un esprit scrupuleux ?


 

Je fait ce petit ajout sans laisser de côté le manque d'enfantement de l'esprit scrupuleux. La formulation était tout à fait exacte quoique naïve, c'est comme pour un enfant ne pas avoir conscience de sa force destructrice ou de sa méchanceté, preuve que l'on est pas encore dompté. Je n'avais pas connaissance de ma [forme de] connaissance, ce que tu as retourné d'une drôle de manière par « je ne peux pas savoir que je sais », commettant une erreur réductionniste entre le savoir et la connaissance. Par exemple les tableaux, ses dessins par dessus tout de Vinci ou les reproductions de la Nature qu'affectionnait Goethe, en naturaliste, sont de l'ordre d'une connaissance mais point d'un savoir explicite et énoncé. Donc dire je ne sais pas... ou je ne connais pas ma connaissance, son type plus précisément, est de l'ordre d'une pudeur qui a sa force spécifique (les enfants l'utilisent pour se prévaloir de la prédation des adultes) et non d'un esprit abstrait qui juge trop hâtivement. Je me demande comment tu te coportera avec ta petite fille métisse le jour où tu lui apprendra à faire du vélo, tu l'enoncera ou la reprendra chaque fois qu'elle tombe. C'est bien sur le plan pédagogique que je t'interpelle. La question devient un esprit scrupuleux peut-il enfanter ?

 

 

 

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