La Philosophie à Paris

PHILOSOPHIE / Qu’est-ce que la philosophie ? selon Peter Sloterdijk

7 Septembre 2010, 09:00am

Publié par Anthony Le Cazals

 

Dans la série Qu'est-ce qu'un philosophe ?, Peter Sloterdijk ne définit pas ici le philosophe mais l'attitude de la. philosophie qui s'origine dans le jugement relatif à une défaite Ce qui correspond à la tradition dogmatique du philosophe qui a valu de Platon jusqu’à Schopenhauer. 

« Pour philosopher, il faut avoir perdu une bataille. On ne peut jamais être à la fois vainqueur et philosophe, car la philosophie est avant toute chose une réaction mentale que j’appelle  « romantisme du perdant ».  le « romantisme du perdant » dont i s’agit ici est celui qui naît de la certitude que la vie de la Cité ne pourra plus jamais mobiliser nos ambitions les plus intimes. Pour comprendre cela, il faut se rappeler que, historiquement, la philosophie est fille de la défaite. La scène à laquelle nous participons a déjà été jouée. Elle répète le drame qui a présidé à la naissance de la philosophie à Athènes il y a 2500 ans. C’est en réponse à l’effondrement du modèle démocratique athénien à la suite de la guerre de trente ans avec Sparte (~431/~404) que Platon décide de créer l’Académie. A l’issue de cette guerre tous les êtres nobles de la cité avaient péri au combat [sauf Socrate mais i n’était pas noble et plutôt lâche voir sa définition de la parrhèsia]. Seule la méchante canaille post-démocratique avait survécu. Il n’y avait plus personne pour tenir les promesses de la bonne cité défunte. Pour la première fois depuis très longtemps, les mots « solidarité » et « fidélité » étaient vidés de leur sens. Fort de cette expérience tragique de la politique, Platon a voulu élaboré un nouveau lien social reposant cette fois sur une solidarité avec le Tout et non plus sur une solidarité concitoyenne. « La Cité peut-être décevante la Totalité jamais », c’est cela l’évangile de la première philosophie.


Petit comentaire : on peut faire remonter la naissance de la philosophie bien avant Athènes, ce que fait Platon lui-même. Autres précisions que j’ai déjà développées ailleurs l’effondrement démocratique athénien ne provient pas des guerres avec Spartes mais davantage de la conjonction de la fièvre phtisique de -430 qui emporta entre autres Périclès en -429 et de l’échec de l’expédition de Sicile de -415 qui s’il est un épisode de la guerre entre la ligue de Délos et Sparte (-431 à -404), marque surtout l’envie de conquête de la grande Grèce (Sicile) qui est différent de la colonisation par cité, cet embourbement colonial produisit la perte de 20.000 vaillants « démocrates », d’où les réactions oligarchiques de 411 et 403..


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