SEMINAIRE PRADO / La relation enseignante
Chers amis,
Je vous informe que, suite à une longue consultation, la prochaine séance de nos rencontres autour de « la relation enseignante » se tiendra demain, le vendredi 22 mai, à 18 h 00, à Paris VIII, salle A 028 (à côté du secrétariat de philo).
La délibération ne fut pas simple (les conditions de travail sont en ce moment quasiment héroïques, faut-il le souligner — ce qui explique le retard relatif du présent courrier), et je compte donc sur la compréhension de chacune et de chacun. L’université sera en principe vide (il y aura eu la manifestation l’après-midi) et j’espère que ce sera l’occasion pour certain-e-s de surmonter une sorte de « résistance » à revenir à Paris VIII (« résistance » qui appelle elle-même un travail, du reste). Nous pourrons décider alors, ensemble, du lieu des prochaines séances (par exemple dans un parc, comme il a été suggéré).
J’aimerais également, à cette occasion, m’expliquer aussi clairement que possible sur la suite de ces séances — étant donné notamment que je suis sollicité en ce moment par d’autres étudiants qui ne peuvent pas se rendre à nos séances du jeudi.
Je voudrais insister spécialement sur ceci : que ce qui me semble décisif dans ce genre d’expérience (celle des séances du jeudi) est que quelque chose se passe, que quelque chose ait lieu, un événement, aussi « petit » soit-il, une occurrence qui m’apporte quelque chose.
C’est-à-dire : que je, nous, puissions apprendre quelque chose (c’est essentiellement ce que je voulais signifier, dans mon premier mail, par « sauver le semestre »).
Rappelons-nous la phrase cité la dernière fois, qui résume parfaitement tout cela :
« Enseigner ne veut rien dire d’autre que laisser les autres apprendre, c’est-à-dire se porter mutuellement à apprendre. » « Apprendre est plus difficile qu’enseigner ; car seul celui qui peut vraiment apprendre (…) est capable d’enseigner. » (Heidegger, Die Frage nach dem Ding [1962], p. 56 ; tr. fr. Qu’est-ce qu’une chose ?, 1971, p. 85.)
Or, apprendre suppose un travail (ce que l’on appelle aussi ascèse), qui est un travail de transformation des discours, des textes, et en même temps de transformation de soi (d’altération par rapport au profil culturel qu’on aura voulu nous imprimer).
S’il n’y a pas un tel travail, si l’on se contente d’aller (de parler) comme ça, « librement » (comme l’on dit niaisement), on ne va donner que ce qu’on aura ingurgité (sans examen) depuis toujours, on ne va rien expérimenter, mais on se condamnera à la redite, au déjà-connu, à l’opinion : ressassement des platitudes, bavardage.
(C’est à mon sens très exactement le cas du texte qui a été diffusé sur cette liste, intitulé « Conditions pour l’égalité des egos », qui se méprend lourdement, entre autres choses, sur la référence faite au livre La Condition postmoderne. J’aimerais le montrer brièvement, mais très précisément, la prochaine fois. Voilà pourquoi il serait très bien et très sain, pour la discussion, que ses auteurs soient là.)
La prochaine fois nous reviendrons également sur les projets d’intervention au séminaire qui ont été proposés (Adrien, Jake, Emiliano… j’aimerais aussi que Lucie, Juan Manuel, entre autres, parlent de leurs écrits…).
Bien à vous,
À demain,
Plínio Prado
Je vous informe que, suite à une longue consultation, la prochaine séance de nos rencontres autour de « la relation enseignante » se tiendra demain, le vendredi 22 mai, à 18 h 00, à Paris VIII, salle A 028 (à côté du secrétariat de philo).
La délibération ne fut pas simple (les conditions de travail sont en ce moment quasiment héroïques, faut-il le souligner — ce qui explique le retard relatif du présent courrier), et je compte donc sur la compréhension de chacune et de chacun. L’université sera en principe vide (il y aura eu la manifestation l’après-midi) et j’espère que ce sera l’occasion pour certain-e-s de surmonter une sorte de « résistance » à revenir à Paris VIII (« résistance » qui appelle elle-même un travail, du reste). Nous pourrons décider alors, ensemble, du lieu des prochaines séances (par exemple dans un parc, comme il a été suggéré).
J’aimerais également, à cette occasion, m’expliquer aussi clairement que possible sur la suite de ces séances — étant donné notamment que je suis sollicité en ce moment par d’autres étudiants qui ne peuvent pas se rendre à nos séances du jeudi.
Je voudrais insister spécialement sur ceci : que ce qui me semble décisif dans ce genre d’expérience (celle des séances du jeudi) est que quelque chose se passe, que quelque chose ait lieu, un événement, aussi « petit » soit-il, une occurrence qui m’apporte quelque chose.
C’est-à-dire : que je, nous, puissions apprendre quelque chose (c’est essentiellement ce que je voulais signifier, dans mon premier mail, par « sauver le semestre »).
Rappelons-nous la phrase cité la dernière fois, qui résume parfaitement tout cela :
« Enseigner ne veut rien dire d’autre que laisser les autres apprendre, c’est-à-dire se porter mutuellement à apprendre. » « Apprendre est plus difficile qu’enseigner ; car seul celui qui peut vraiment apprendre (…) est capable d’enseigner. » (Heidegger, Die Frage nach dem Ding [1962], p. 56 ; tr. fr. Qu’est-ce qu’une chose ?, 1971, p. 85.)
Or, apprendre suppose un travail (ce que l’on appelle aussi ascèse), qui est un travail de transformation des discours, des textes, et en même temps de transformation de soi (d’altération par rapport au profil culturel qu’on aura voulu nous imprimer).
S’il n’y a pas un tel travail, si l’on se contente d’aller (de parler) comme ça, « librement » (comme l’on dit niaisement), on ne va donner que ce qu’on aura ingurgité (sans examen) depuis toujours, on ne va rien expérimenter, mais on se condamnera à la redite, au déjà-connu, à l’opinion : ressassement des platitudes, bavardage.
(C’est à mon sens très exactement le cas du texte qui a été diffusé sur cette liste, intitulé « Conditions pour l’égalité des egos », qui se méprend lourdement, entre autres choses, sur la référence faite au livre La Condition postmoderne. J’aimerais le montrer brièvement, mais très précisément, la prochaine fois. Voilà pourquoi il serait très bien et très sain, pour la discussion, que ses auteurs soient là.)
La prochaine fois nous reviendrons également sur les projets d’intervention au séminaire qui ont été proposés (Adrien, Jake, Emiliano… j’aimerais aussi que Lucie, Juan Manuel, entre autres, parlent de leurs écrits…).
Bien à vous,
À demain,
Plínio Prado
Commenter cet article